Les diverses situations volcaniques un peu partout dans le monde sont assez stables, mais je vais faire un rapide point sur quelques unes d'entre elles.
Ibu, Indonésie, 1325 m
En mars dernier avions laissé l'activité au Ibu après la mise en place d'une nouvelle coulée de lave en direction du sud. Cette éruption, débutée en 1998, se poursuit toujours et n'a pas changé ni de style ni d'intensité depuis mars dernier.
Le cratère sommital de l'édifice continue de se remplir lentement d'une accumulation de lave visqueuse. Elle forme, au niveau de son point de sortie (point d'éruption) un monticule, où se produit l'activité explosive (libération brutale de gaz) mais une partie de la roche en fusion perce aussi la surface de la Terre au pied du monticule et s'étale extrêmement lentement (coulée de lave). Entre fin 2018 et début 2019, c'est en direction du sud que la lave s'était étalée, mais depuis mars 2019 c'est en direction du nord.
Cette nouvelle phase a débuté, à ce qu'il semble, courant mai 2019. La lave visqueuse est sortie en trois endroits (notés, après une longue et pénible réflexion "1", "2" et "3" sur l'image ci-dessous à gauche) formant deux petit champs de lave. Celui produit par l'évent "3" est resté très peu étendu, et ceux produits par les évents "1" et "2", d'abords très épais, courts et larges, blottis l'un contre l'autre, sont restés alimentés et ont évolué par la suite.
En particulier celui produit par l'évent "1", qui s'est allongé à partir de juin jusqu'en juillet, en une langue de lave, toujours épaisse (haute viscosité oblige) mais allongée en direction du nord, sur environ 600 m. Depuis juillet cette langue, toujours assez chaude actuellement pour être (très faiblement) perçue par la bande 12 (dans le proche infrarouge) de SENTINEL 2, ne semble plus évoluer: l'épisode d'effusion semble donc être à l'arrêt depuis plus d'un mois maintenant.
L'éruption reste donc toujours plutôt stable pour le moment, et il ne sera pas étonnant de voir d'autres coulées faire leur apparition dans les semaines-mois qui arrivent.
Mise à jour, 18 septembre 2019, 07h43
Le nouveau champ de lave dont j'ai décrit la progressive formation ci-dessus, reste alimenté, contrairement à ce que m'avaient laissé pensé les images précédentes. Le bout de la "langue" que l'on voit sur l'image de droite ci-dessus, prise le 03 septembre, s'est en effet divisé en deux lobes, qui sont engagés dans la pente externe du stratocône.
Le débit reste très faible.
Mise à jour, 18 septembre 2019, 07h43
Le nouveau champ de lave dont j'ai décrit la progressive formation ci-dessus, reste alimenté, contrairement à ce que m'avaient laissé pensé les images précédentes. Le bout de la "langue" que l'on voit sur l'image de droite ci-dessus, prise le 03 septembre, s'est en effet divisé en deux lobes, qui sont engagés dans la pente externe du stratocône.
La coulée de lave a poursuivit sa lente progression vers le nord. Image: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus |
Source: SENTINEL 2- ESA/Copernicus
Karangetang, Indonésie, 1797 m
Là encore l'éruption, qui a débuté fin 2018 au niveau du cratère nord, mais est entrée dans une nouvelle phase en juillet 2019 avec l'activité éruptive dans le cratère sud, se poursuit. Cette activité reste marquée pour l'essentielle par un émission, à faible débit, de lave sur le haut versant ouest de l'édifice. Toutefois les images satellites montrent que la courte coulée dont je parlais le 22 août dernier, s'est momentanément vue plus alimentée ce qui, mécaniquement, à augmenté sa longueur.
Ainsi, sur l'image prise le 27 août, on peut constater sa progression sur une longueur d'environ 1700 m, portant ainsi son front à seulement 1300 environ des premières habitations. Heureusement le débit a visiblement un peu diminué, et le front de la coulée a cessé sa progression.
Là encore l'éruption, qui a débuté fin 2018 au niveau du cratère nord, mais est entrée dans une nouvelle phase en juillet 2019 avec l'activité éruptive dans le cratère sud, se poursuit. Cette activité reste marquée pour l'essentielle par un émission, à faible débit, de lave sur le haut versant ouest de l'édifice. Toutefois les images satellites montrent que la courte coulée dont je parlais le 22 août dernier, s'est momentanément vue plus alimentée ce qui, mécaniquement, à augmenté sa longueur.
Ainsi, sur l'image prise le 27 août, on peut constater sa progression sur une longueur d'environ 1700 m, portant ainsi son front à seulement 1300 environ des premières habitations. Heureusement le débit a visiblement un peu diminué, et le front de la coulée a cessé sa progression.
Pour l'heure cette activité éruptive, bien qu'elle soit proche de zones habitées, n'est pas assez intense pour poser un problème directe. Toutefois on voit bien que des variations de cette éruptions peuvent poser des soucis assez rapidement, en quelques jours seulement. La situation reste surveillée et le niveau d'alerte est maintenu au niveau 3/4 (depuis décembre 2018).
Source: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus
Ubinas, Pérou, 5672 m
Après les quelques jours d'activité explosive soutenue qui ont eu lieu en juillet dernier, le calme était revenu sur l'édifice, du moins visuellement.
Car au niveau des paramètres géophysiques, pour le coup, rien n'était calme, et surtout pas la sismicité, qui continuait de traduire une mis en pression des roches et leur craquement, mais aussi des circulations de fluides dans les fractures. Aussi il n'a pas été surprenant de voir se manifester à nouveau, les 03 et 04 septembre, des émissions de cendres. Elles n'ont pas été aussi soutenues que celle de juillet, mais elles sont la conséquence de l'instabilité du système volcanique sous l'effet de la mise en place d'un peu de magma.
Panache de cendres au matin du 04 septembre. Image: IGP |
Source: IGP
Yakedake, Japon, 2455 m
Et voilà un édifice qui fait un peu parler de lui au Japan Meteorological Agency ces derniers temps, avec une sismicité accrue (supérieure à l'habituelle) depuis fin juillet. Les volcanologues Japonais demandent de rester vigilants car des explosions peuvent survenir rapidement, la sismicité étant localisée, à priori, près du sommet. La situation pourrait ainsi être similaire à celle de l'Ontake (septembre 2014), volcan situé à seulement 35 km au sud (tout ce petit monde étant situé à environ 180 km à l'ouest de Tokyo)
Or tout comme pour Ontake, Yakedake est un site touristique et une explosion pourrait faire des victimes. Ce n'est pas le seul point commun avec Ontake puisque, là aussi, le système hydrothermal est bien développé, et se manifeste en partie à la surface de l'édifice par des fumerolles permanentes, et au moins une source chaude vers la base de l'édifice.
Par le passé, des explosions décrites comme phréatiques, mais ayant pu être phréatique ou hydrothermale, ont eu lieu à de nombreuses reprises comme en 630, 685, 1270, 1440, 1460, 1570, 1746, 1887, 1907 à 1913, 1915 à 1916, plusieurs fois dans les années 20, dans les années 30, 50, 60, 90...bref! vous voyez bien que le système volcanique est instable assez régulièrement.
Une image prise en octobre 1925 montre une des explosions phréatiques (ou peut-être hydrothermale) observées: assez impressionnant! Et tout à fait comparable au panache de l'Ontake.
Le panache de cendres d'une explosion décrite comme phréatique, le 12 octobre 1925. Image: Hida Takayama Town Museum archives and H.Nakamura |
Toutefois la dernière éruption stricto sensu, c'est-à-dire la sortie de magma à la surface de la Terre, a eu lieu il y a déjà 2300 ans environ. L'analyse des dépôts a permis aux volcanologues Japonais de constater que cette éruption avait été probablement déclenchée par l'arrivée d'un magma fluide, à haute température et basique (pauvre en silice dans le jargon géologique, composition de basalte) dans le réservoire "superficiel", avec des guillemets car il semble se trouver à environ 7000m de profondeur tout de même, qui était composé d'un magma plus acide (plus riche en silice, composition de dacite) et un peu moins chaud et plus visqueux.
L'éruption avait produit des écoulements pyroclastiques et des coulées de boue à l'époque.
Pour le moment on est loin du scénario d'une éruption telle que celle d'il y a 2300 ans, et la situation actuellement pourrait très bien ne déboucher sur rien de particulier. Mais ce qui est redouté à court-moyen terme, c'est surtout une explosion non éruptive (sans émission de magma), phréatique ou hydrothermale. Aussi le niveau d'alerte 1 a été mis en place par le JMA, et il est demandé d'éviter de faire l'ascension de l'édifice, et de porter un casque.
Source: JMA
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