19 juillet 2019

Une forte activité (à priori) éruptive a débuté sur le volcan Ubinas

Depuis les changements des niveaux d'alerte fin juin il était clair qu'il fallait garder un oeil sur cet édifice situé non loin d'Arequipa, au Pérou. Et pour cause: tout indiquait que du magma était en train de tenter de se frayer un passage jusqu'à la surface de la Terre. Il semble (car c'est à confirmer bien qu'il y ait de forts soupçons objectivement) qu'il y soit parvenu en fin de nuit aujourd'hui (j'ai donc bien fait de laisser l'image live d'une des webcams dans le bandeau à droite de la page :) ).
Peu d'information sont parvenues pour le moment mais voilà celles que j'ai pu glaner à droite à gauche. Tout d'abord il semble, d'après les images des webcams, que cette phase intense a débuté vers 02h30 du matin (heure locale): on peut en effet voir sur le démarre d'une intense phase d'activité explosive qui a projeté un mélange de cendres et blocs à très haute température. Suffisamment chauds pour que leur incandescence soit détectée par le capteur de la webcam, située pourtant à plusieurs kilomètres, et qui ne semble pas très sensibles aux faibles luminosités*

Le départ de l'activité explosive a été assez intense. Image: OVI/INGEMMET

Il semble que ce démarrage ne soit pas passé inaperçu puisque la presse Péruvienen rapporte qu'elle a causé beaucoup de peur: le son de l'activité explosive a donc du être assez fort pour créer un effet de surprise important et de l'inquiétude. Un peu moins d'une demi-heure plus tard cette première phase explosive prenait fin, mais était suivie quelques minutes après (vers 02h55) d'une seconde phase explosive au moins aussi intense, à l'origine d'un panache haut d'environ 6000m, car son altitude a été estimée à 12 000m par le VAAC de Buenos Aires. 


Le panache de cendres, imposant, vu depuis le nord-ouest au levé du soleil. Image: Institut de Geophysique du Pérou

Le panache de cendres, vu depuis le sud au levé du soleil. Image: OVI/INGEMMET

Il n'aura pas fallu longtemps pour que le vent pousse les cendres vers l'est et qu'elles franchissent la frontière avec la Bolivie, située à environ 200 km de distance. En plein développement, le panache de cendres vu de l'espace est impressionnant et passe même au-dessus de La Paz: sur l'image ci-dessous, le panache s'étire sur plus de 420 km de long.

Importante extension du panache de cendres. Image MODIS/NASA

Les autorités ont rapidement entamé les procédure d'urgence pour plusieurs zones habitées concernées par cette activité (Ubinas, Escacha, Anascapa, Matalaque, San Miguel, Huarina, Tonohaya) en particulier l'impact lié aux fortes chutes de cendres. Des évacuations sont en cours visiblement.


Les chutes de cendres ont de multiples impacts sur la vie quotidienne. Image: Institut de Géophysique du Pérou

L'ambiance au levé du jour dans la petite ville d'Ubinas (5800m de distance du sommet) est impressionnante. Image: Institut de Géophysique du Pérou

Une des images envoyées par l'Institut de Géophysique du Pérou montre les quelques millimètres de fragments tombés du panache entassés sur le sol: la granulomètrie semble assez grossière (pas mal de lapillis visiblement) et les différents couleurs des fragments semble indiquer que l'activité projetais, en tout cas au cours des premières heures, des roches anciennes en plus de magma frais.

Un tapis de fragments de plusieurs couleurs, de tailles assez grosse (trop pour n'être que des cendres: c'est probablement un mélange cendres:lapillis). Image: Institut de Géophysique du Pérou


Difficile de parler pourtant d'activité phréatomagmatique: sans détails des fragments, comment caractériser une interaction avec de l'eau (il faudrait par exemple que les lapillis soit "accrétionnés")? Et la présence de fragments de roches altérées et anciennes peuvent s'expliquer d'autres manières: le fait que le magma sous pression doivent se frayer un passage à travers elle explique qu'elles soient pulvérisées et mélangées avec lui.

Donc pour le moment l'activité est éruptive: peu de doute vue l'intensité et la durée en plus (une activité phréatique ou hydrothermale est plus courte généralement, et moins intense aussi) mais n'est pas complètement caractérisée. L'analyse des dépôts sera, comme toujours, une importante source d'informations a postériori.

Sources: IGP; OVI/INGEMMET; MODIS/NASA; presse péruvienne

* donc l'incandescence devait être assez forte pour pouvoir être détectée par ce capteur, qui plus est à plusieurs kilomètres.

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