Piton de la Fournaise, France, 2632 m
L'éruption qui a débuté le 18 février, puis a redébuté le 19, se poursuit actuellement. Si l'on regarde globalement la situation, elle n'a pas particulièrement évolué: il s'agit toujours d'une éruption essentiellement effusive et faiblement explosive, tout à fait dans la lignée de la majorité des éruptions au Piton de la Fournaise.
Les volcanologues de l'OVPF, dans les différents bulletins qu'ils publient quotidiennement, indiquent que le débit de l'effusion, qui ne dépassait pas 8 m3/s les 20 et 21 février, a augmenté par la suite pour varier entre 13 et 16 m3/s jusqu'au 28 février. Cette effusion n'a pas alimenté une coulée unique, mais une première coulée (un premier front), dont la partie amont a ensuite changé de direction, produisant un second front à proximité du premier, puis un troisième à proximité des deux autres etc.. Finalement ces fronts successifs forment progressivement un champ de lave étalé, mais qui ne descend jamais très bas dans les Grandes Pentes.
Sur la carte des coulées ci-dessous, partagée par l'OVPF dans son bulletin du 23 février, on voit ainsi en jaune le front actif à ce moment-là, et le premier front (en vert) qui était alors inactif (en blanc: le champ de lave du 18 janvier: assez large pour seulement quelques heures d'éruption).
Les champs de lave des 18 et 19-23 janvier. Image: OVPF/IPGP |
Cette activité, bien que classique, se déroule dans un secteur où les coulées sont visibles depuis la route côtière qui passe au pied des Grandes Pentes (zone dite du "Grand Brûlé) ce qui permet à de nombreuses personnes, insulaires ou touristes, de profiter du spectacle sans avoir à monter au sommet. Mais seules les coulées sont visibles: le point d'émission ne l'est pas. Le front des coulées était localisé par l'OVPF à environ 1200 m d'altitude mais il semble que ce front ne soit quasiment plus alimenté et soit en cours de remplacement par un nouveau.
Et pour celles et ceux qui ont pu aller y jeter un oeil, le spectacle est très beau, surtout en surplombant les Grandes Pentes, avec vue imprenable sur l'Océan (ça doit pas être moche, comme ambiance).
Et pour celles et ceux qui ont pu aller y jeter un oeil, le spectacle est très beau, surtout en surplombant les Grandes Pentes, avec vue imprenable sur l'Océan (ça doit pas être moche, comme ambiance).
Le trémor, qui a connu un "pic à la baisse" le 27 est revenu à un niveau relativement élevé mais stable dès le 28 février: l'éruption garde son rythme.
Sources: OVPF; Ben Celui Ci
Ibu, Indonésie, 1325 m
Pour mémoire, courant 2017 deux coulées de lave visqueuse, à progression lente, ont commencé à se former. Elles ont mis plusieurs mois (jusqu'en juillet 2018) à parcourir environ 1000 m en direction du nord, puis un nouvel évent a commencé de fonctionner juste à l'ouest de l'évent principal, qui trône à peu près au centre du cratère sommital. De ce nouvel évent une nouvelle coulée de lave visqueuse a commencé à se former. Et depuis?
Et bien, sans surprise, cette nouvelle coulée a continué de progresser tranquillement, sans faire de bruit, à son rythme (en fait: au rythme autorisé par la viscosité, la pente et la rugosité du substrat). Sa trajectoire l'a amenée à continuer vers le sud, jusqu'à rencontrer, à un moment que je n'ai pas pu identifier pour cause de nuages fréquents, le bord du cratère intérieur où l'éruption se déroule depuis 1998.
Et bien, sans surprise, cette nouvelle coulée a continué de progresser tranquillement, sans faire de bruit, à son rythme (en fait: au rythme autorisé par la viscosité, la pente et la rugosité du substrat). Sa trajectoire l'a amenée à continuer vers le sud, jusqu'à rencontrer, à un moment que je n'ai pas pu identifier pour cause de nuages fréquents, le bord du cratère intérieur où l'éruption se déroule depuis 1998.
Cette lente effusion a, semble-t-il (interprétation qu'il faudrait confirmer ou infirmer dans l'idéal) produit une succession de coulées, un champ de lave qui a modifié de façon notable tout le quart sud-ouest du cratère intérieur, où une partie de cette lave a pu franchir le mur et passer sur la petite plate-forme située au pied du cratère extérieur. Alors bon, pas d'inquiétudes: le temps que le cratère extérieur se remplisse, avec le débit annuel moyen très faible depuis 1998 et l'échancrure au nord qui sert d'exutoire, on a le temps de voire venir donc ce n'est pas un souci. Mais il est intéressant de constater que ce remplissage se poursuit, et qu'une éruption qui a débuté il y a plus de 20 ans passe inaperçue hors du cercle des volcanologues-phyles.
Toutefois il ne faut pas croire que l'activité est uniquement effusive: des phases explosives, plutôt modestes, ont aussi lieu et forment quelques panaches de cendres.
Donc situation stable à priori.
Source : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus
Pacaya, Guatemala, 2552 m
Toutefois il ne faut pas croire que l'activité est uniquement effusive: des phases explosives, plutôt modestes, ont aussi lieu et forment quelques panaches de cendres.
Émission de cendres, comme cela arrive relativement souvent au cours de cette éruption essentiellement extrusive (=effusion de lave visqueuse). Image: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus |
Donc situation stable à priori.
Source : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus
Pacaya, Guatemala, 2552 m
Là aussi la situation reste globalement stable si on ne focalise notre attention que sur les phénomènes. Au sommet, une faible activité explosive, strombolienne, se poursuit et continue de modifier lentement la morphologie du cône Mac Kenney. Courant décembre, cette activité était jolie à voire, et il semble qu'elle n'ait pas particulièrement baissé d'intensité. Les bulletins de l'INSIVUMEH parlent de projections qui montent entre 5 et 15 m de hauteur, donc explosions très modestes, ce qui semble correspondre à la séquence ci-dessous, postée le 21 février (donc vraisemblablement tournée à la même époque, d'autres images (photo cette fois) datées du 17 février montrent quelque chose de similaire).
Quand à l'effusion qui a débuté en juin 2018, elle se poursuit sans interruption, mais le point de sortie a de nouveau migré ces dernières semaines. Peut-être vous souvenez-vous que fin 2018, un nouvel évent avait percé à mi hauteur (vers 2300 m d'altitude) le haut versant ouest-nord-ouest du Cône Mac Kenney? Déjà on peut voir cet évent et la coulée de lave associée sur les images Google Earth, de manière très nette: le chenal, la partie active et les front de coulée, qui forme deux lobes, vers 2200 m d'altitude. Je vous laisse découvrir ça sur Google Earth, voler au-dessus et regarder de près (très belle résolution de l'image satellite).
La lave a continué de fuiter à cet endroit jusque début janvier à peu près, mais une nouvelle coulée a commencé à prendre le relai juste sous le sommet, avec un front se dirigeant cette-fois vers le nord-est vers le 05 janvier.
Le chenal actif entre fin décembre et début janvier sur le versant ouest-nord-ouest) |
La lave a continué de fuiter à cet endroit jusque début janvier à peu près, mais une nouvelle coulée a commencé à prendre le relai juste sous le sommet, avec un front se dirigeant cette-fois vers le nord-est vers le 05 janvier.
Elle n'est pas restée alimentée longtemps puisque le 20 janvier la lave avait recommencé à couler à son emplacement antérieur à décembre 2018.
Bref on peut dire qu'entre fin décembre 2018 et mi-janvier 2019, la partie "effusion" a été un peu "désordonnée" avec plusieurs évents successifs qui se sont ouverts entre le haut versant nord-ouest et le haut versant nord-est. Et même si la cause de ce désordre passager n'est pas expliquée, il me semble important de garder cet épisode en tête: il pourrait être l'un des symptômes de la fragilité intrinsèque du Cône Mac Kenney, qui est construit dans une caldera d'avalanche: Pacaya est un édifice "souffrant" d'une certaine instabilité, et certaines zones fragilisées permettent au magma, sous pression, de se frayer plus aisément des passages.
Pour l'heure cette éruption reste classique, faible, jolie à voir et d'ailleurs les touristes s'en donnent à coeur joie
Pour l'heure cette éruption reste classique, faible, jolie à voir et d'ailleurs les touristes s'en donnent à coeur joie
Sources: INSIVUMEH; SENTINEL2-ESA/Copernicus; Youtube; Google Earth
Merapi, Indonésie, 2968 m
Pas grand chose à rajouter concernant l'activité éruptive, qui ne change pas d'intensité et reste essentiellement extrusive. On peut tout de même noter qu'au matin du 02 mars une série d'écoulement pyroclastiques, issus d'avalanches de blocs produit par de petits décrochement du dôme, a été observée. Le plus long de ces écoulement à atteint une distance de 2000 m, ce qui traduit le fait que la portion de dôme qui s'est décrochée devait être relativement importante.
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2000 m, ce n'est pas encore assez long pour affecter directement les populations qui vivent sur les basses pentes de l'édifice, mais ça commence à s'en rapprocher. Cet écoulement a été suivi de petites chutes de cendre sur les villages alentours. Cette éruption reste donc stable, mais pourrait malgré tout poser plus de problèmes dans les semaines qui viennent, si des portions encore plus volumineuses du dômes se décrochent.
Source: PVMBG
Source: PVMBG
Bonjour,
RépondreSupprimerpetite précision concernant le Piton de la Fournaise : le point d'émission est visible depuis le Piton Cascade ou Gros Piton (10min à pied depuis la RN2 entre Bois Blanc et Piton Sainte Rose). J'y étais mercredi soir et la fontaine était bien visible, surtout aux jumelles.
Arnaud
Bonjour,
RépondreSupprimerregain d'activité depuis hier avec l'ouverture de nouvelles fissures. Ce soir, il semble y avoir un panache de vapeur bien visible sur les différentes webcams : http://www.ipgp.fr/fr/ovpf/actualites-ovpf . Vu les lueurs, l'éruption a l'air d'être bien plus intense que précédemment.
Arnaud