28 octobre 2018

Le point sur l'activité des volcans Kuchinoerabujima (mis à jour), Barren Island, Semisopochnoi et Sangay

Bon, la situation volcanique est plutôt calme en ce moment, non pas qu'il n'y ait pas ou moins d'éruptions, mais les diverses situations sont plutôt stables. Cela n'empêche pas de faire un petit point tout de même sur quelques unes! Aller: c'est partit!
Barren Island, Inde, 354 m

L'éruption qui a débuté en septembre se poursuit actuellement et reste sur le même mode: une activité explosive faible à modérée, strombolienne, accompagnée d'une effusion. Cette éruption commence à être observée par les touristes qui visitent le secteur (souvent pour la plongée) et des images permettent d'avoir une idée un peu plus précise de cette éruption.



Dans un post précédent je vous faisais part d'une modification dans la direction prise par les coulées. La première coulée s'était mise en place sur le versant sud du cône actif au départ de l'éruption. Puis une autre coulée se mettait en place sur le versant nord-ouest début octobre. La lave a de nouveau coulé en direction du sud au cours des jours précédents, à proximité de la zone de la première coulée de cette  éruption, et le front de cette coulée est parvenue au bas du cône actif, contre le rempart de la caldera au milieu de laquelle il trône. Toutefois il n'est pas impossible que depuis 2-3 jours, la lave coule en direction de l'ouest, ce qui sera à confirmer ou infirmer.


Il s'agit toujours pour l'heure d'une activité éruptive classique, strombolienne, comme la plupart des éruptions observées là-bas.

Sources: Instagram; SENTINEL2-ESA/Copernicus

Kushinoerabujima, Japon, 657 m

Depuis le mois d'août l'activité du Kushinoerabujima, qui avait fait parler de lui en 2015,  est surveillée de près car le système volcanique montre les signes d'une instabilité plus grande. La crainte étant qu'une activité explosive similaire ou plus intense que celle de 2015 ne se déclenche, car l'île est habitée et de petite taille.

D'ailleurs au début de la crise, mi-août, le niveau d'alerte avait été élevée directement de 2 à 4, niveau d'alerte au cours duquel les insulaires doivent se préparer à évacuer. Toutefois l'activité interne de ce système volcanique avait eu tendance à se calmer un peu par la suite, et le niveau d'alerte avait été ramené à 3.
Toutefois, la vigilance reste élevée car le calme est visiblement loin d'être revenu.

Si plusieurs signaux, comme la déformation ou les mesures de températures par exemple, ne semblent pas montrer d'évolution, des émissions de cendres ont lieu régulièrement depuis le cratère actif, Shintakeyama.


Quelques émissions de cendres, peu fréquentes et faibles, les 27 et 28 octobre. Images: JMA
 
La situation est à suivre, car il n'est pas possible de savoir comment elle va évoluer (vers le calme ou la hausse).

Mise à jour, 28 octobre, 12h12

Les émissions de cendres se poursuivent aujourd'hui. Elles ne sont toujours pas ni très fréquentes ni très importantes, mais il y a en plusieurs chaque jour en ce moment. Un petit gif animé de toutes les images faites en 2 heures par la webcam du JMA. Et ça continue maintenant que la nuit est tombée sur l'archipel.

Les émissions de cendres se répètent au cours de cette journée. Images: JMA


Source: JMA

Sangay, Équateur, 5230 m

L'éruption qui a débuté vraisemblablement autour du 06 août dernier se poursuit et ne montre pas de signes particulier d'affaiblissement pour le moment. Toutefois il est difficile de savoir ce qu'il se passe car même l'IGEPN ne publie que très très peu de bulletins concernant cette activité.
Disons déjà qu'en ce qui concerne les émissions de chaleur qu'elle produit, il ne semble pas y avoir de diminution notable depuis le mois d'août, comme le montre le graphe du MIROVA.

Signaux thermiques produits sur le volcan Sangay. Image: MIROVA

Les données satellites sont rarement de très bonne qualité sur le secteur, non pas qu'elles soient d'une résolution médiocre, mais le climat équatorial produit de grandes quantités de nuages, donc les détails sont souvent masqués.


L'image SENTINEL 2 suffisamment dégagée la plus récente date du 24 octobre. Elle permet déjà de constater que la source principale du rayonnement thermique détecté par le MIROVA reste la coulée de lave. Toujours présente sur le versant est, elle atteignait le 24 octobre une longueur d'environ 1500 à 2000 m, mais il y a tout de même quelques nuages qui cachent les détails qui permettraient d'être plus précis. On peut noter aussi la présence d'un autre évent, plus à l'ouest, d'où est émis un rayonnement thermique non négligeable: il s'agit, vue sa position en fond de cratère, de l'évent d'où ont été (et où sont peut-être toujours) émises les cendres.

La coulée de lave est toujours alimentée ce 24 octobre 2018. Image: SENTINEL2-ESA/Copernicus

Enfin, la comparaison de l'image du 24 octobre avec une image plus ancienne indique que la morphologie du sommet a évolué: le cratère actif est plus petit , vraisemblablement parce que les émissions de cendres (et lapillis et probablement blocs et bombes aussi) se sont accumulées sur une épaisseur non négligeable autour de l'évent, ce qui se perçoit d'ailleurs, si vous regardez bien. J'ai mis un repère rouge pour indiquer le diamètre actuel du cratère actif, afin de pouvoir mieux percevoir la différence avec son diamètre l'an passé.

On voit aussi que tout le versant ouest (à gauche) de ce tas de cendres gris, commence à envahir ce qui semble être le cratère ouest.



En résumé il semble que l'activité explosive qui a commencé début août, a édifié un cône de cendres (et lapillis et blocs/bombes) qui occupe maintenant une bonne partie de la zone sommitale.

Source : SENTINEL 2 -ESA/Copernicus; MIROVA

Semisopochnoi, États-Unis, 800 m

La situation s'était calmée suite à la crise sismique et l'émission de cendres du 10 septembre dernier. Mais l'Alaska Volcano Observatory (AVO) a de nouveau élevé le niveau d'alerte le 26 octobre à l'orange après la détection, à 04h47 TU, d'un signal sismique vraisemblablement produit par une émission de cendres.
Sur les données du satellite Suomi NPP récoltées à 12h00 TU, seul un léger dégazage peut-être distingué, mais les cendres n'ont pas pu être observées, ce qui serait cohérent avec une activité très faible. Le point de départ du panache de gaz se localise dans le secteur du cône Cerberus, siège de l'émission de cendres en septembre.

Le panache de gaz détecté par satellite. Image: Suomi NPP (instrument VIIRS)

Pour l'heure on ne peut pas dire qu'une éruption ait démarré: rien n'indique que du magma soit émis. Mais la situation actuelle montre que le système volcanique reste instable, et son évolution mérite d'être surveillée, du fait de nombreux vols dans ce secteur du nord-Pacifique. D'ailleurs les relevés sismiques de l'AVO indiquent que de petites explosons se poursuivent.

Sources: AVO/USGS; Suomi NPP

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