22 octobre 2018

Jombolok et les ancêtres de Gengis Khan

Si il y a un nom qui, en Asie, et en particulier en Asie Centrale, résonne toujours très fort aujourd'hui c'est bien celui de Gengis Khan. Fondateur de l'Empire Mongole, stratège de haut rang, conquérant sans beaucoup d'égaux dans l'histoire, il est décrit aussi bien comme un homme respectable que comme une personne sans pitié, sanguinaire.
Bref: un personnage historique plus que fascinant évidemment.
Il est né (en 1155 ou 1162) près du Burkhan Khaldun, montagne où il s'est peut-être aussi fait inhumer à sa mort (1227), et qui est située dans le haut bassin versant de la rivière Onon, non loin d'Oulan Bator.

Ses ancêtres s'étaient installés 400 plus tôt environ dans ce secteur après avoir quitté une autre zone appelée Ergune-Kun ("la pente raide"). Une légende raconte en effet que les fondateurs du clan dont fait partie Gengis Khan sont deux familles survivantes à des massacres perpétrés lors d'invasions turques, et venues se réfugier à Ergune-Kun. Mais, ayant trouvé refuge, ils ont prospéré à un point tel que la place est venue à manquer.

Mais il n'était pas facile de sortir d'Ergune-Kun à cause de la topographie escarpée et ils ont donc eu l'idée de regrouper de grandes quantités de charbon et de récupérer la peau de 70 boeufs et chevaux afin d'en faire de grands soufflets.

Ils ont alors allumé de gigantesques feux, tellement chauds qu'il ont réussi à faire fondre la roche. Un passage a ainsi été ouvert qui leur a permis de quitter Ergune-Kun, pour s'installer vers la rivière Onon.

Cette légende, qui est l'un des événements fondateurs de l'histoire du clan qui donna naissance à Gengis Khan, trouve peut-être une explication inattendue, je vais y venir. Le personnage qui a dirigé cet exode était Borte Chino, un ancêtre de Gengis Khan, dont la date de naissance est estimée vers 758 de notre ère. Son fils, Bat Tsagaan Khan, est né en 786 de notre ère, et il est visiblement né en dehors d'Ergune-Kun, donc après l'exode.

Cet exode a donc vraisemblablement eu lieu entre 758 et 786 de notre ère.

Mais pourquoi vous parle-je de Gengis Khan et de ces ancêtres?
La localisation de l'endroit appelé Ergune-Kun dans la légende n'est pas facile à préciser mais sur la base d'analyses de la toponymie, des spécialistes suggèrent que le nom Ergune-Kun semble dérivé d'"Erkhuu-Nekhun". Erkhuu désigne la rivière Irkut qui personnalise "le mâle" et Nekhun qui personnalise "la femelle", désignée aussi sous le nom "Akha", qui a dérivé pour donner "Oka", autre rivière*, proche de celle d'Irkut.

Ainsi "Ergune-Kun" semble correspondre au bassin d'Irkut-Oka, deux rivières importantes situées à proximité du Lac Baïkal, à l'ouest de la ville d'Irkutsk. Une zone où la topographie très accidentée correspond aussi à la description de la légende rapidement reprise plus haut. Ce n'est pas le cas d'autres localisations, proposées aussi sur la base de l'analyse de la toponymie et qui, souvent, sont bien plus éloignées de la rivière Onon.

Dans le secteur du bassin d'Irkut-Oka, dans les montagnes Sayan de l'Est, à l'ouest du Lac Baïkal, se trouve une zone volcanique appelée Jom Bolok, ou Jombolok. Elle est constituée de cônes de scories (certains magnifiques) associés à des coulées de lave, parfois très importantes. Elles se sont mises en place dans les fonds de vallées de cette zone à la topographie tourmentée, et notamment en partie dans le lit de la rivière Oka.

Localisation de Jombolok, près de la frontière Russo-Mongole, à l'ouest du Lac Baïkal. Image: Google Earth


Des études menées ces derrières années par des géologues et volcanologues Russes ont permis de préciser les datations, et les modalités de mise en place de ces coulées de lave. Et leurs conclusions sont vraiment intéressantes, et même surprenantes.

Après la partie histoire, voilà donc la partie géologie-volcanologie du post!

Les éruptions les plus anciennes dans ce secteur de Jombolok remontent à environ 13 000 ans et les volcanologues ont distingué 4 phases distinctes dans la constitution de cette zone volcanique toute jeune**.

Une première phase au  cours de laquelle les cônes Stariy et Treshina se sont formés, avec des coulées de lave.
Une seconde phase au cours de laquelle les cônes Peretolchin, Atkinson et Ostanets se sont formés. C'est la phase d'activité la plus intense, avec un champ de lave très important (on y reviendra). Il a remplit une partie de la vallée Jombolok ainsi qu'une partie du lit de la rivière Oka. La mise en place des coulées de cette phase a joué un rôle dans la suite de cette histoire (un peu de patience).
Une troisième phase au cours de laquelle le cône Kropotkin (le plus beau de tous, d'une morphologie parfaite) s'est édifié, là encore avec des coulées.

Les principaux points de sortie des éruptions des phases 1, 2 et 3. Image: A.V.Ivanov et al, 2011

Il est important ici de noter que l'ensemble des évents éruptifs cités se localisent tous dans le même secteur, en amont de vallées.

Une quatrième et dernière phase éruptive, marquée surtout par de l'effusion (coulée de lave) mais sans évent éruptif identifié.

L'extension des champs de lave de la zone de Jombolok est impressionnante. Image: Google Earth, le nord est à droite.


Les coulées de lave accumulées par les phases successives ont comblé le fond de la vallée sur, parfois, près de 150 m d'épaisseur. Toutefois, sur cet immense entrelacs de coulées successives, la surface occupée par les laves de la phase 4 apparait de manière très inhabituelle.

Les géologues reconnaissent cette phase 4 sur le terrain par le fait:
- que cette lave n'est pas occupée par une végétation dense alors que les coulées plus anciennes sont colonisées par des arbres.

- l'aspect général de cette lave respire la fraîcheur: bien sombre, une surface très accidentée, quasiment pas émoussée.
- cette lave recouvre aussi clairement à plusieurs endroits les laves des phases antérieures, plus végétalisées. Ceci est visible de plusieurs manières, et entre autres par la présence de petits Kipukas*** de 3 à 12 m² de surface.

Comment reconnaitre la lave de la phase 4 avec celles des phases 1 et2? Image:S.G.Arzhannikov et al, 2016

Sur la base de ces caractéristiques observées sur le terrain les volcanologues ont pu cartographier toutes les zones où cette lave de la phase 4se trouve. C'est là qu'ils ont constaté qu'elle n'apparait pas du tout sous la forme d'un  vaste champ de lave continu depuis sa source jusqu'à son extrémité, comme c'est le cas habituellement.
Non:  la lave de la phase 4 recouvre les laves antérieures seulement à certains endroits, espacés les uns des autres, déconnectés les uns des autres....des "tâches" quoi.

Cartographie des différentes coulées de la zone. En jaune, celle de la phase 4 qu'on ne trouve que très en amont vers les cônes des éruptions antérieures, et tout en aval. Image: S.G.Arzhannikov et al, 2016


La première idée qui vient à l'esprit est que ces différentes zones où la lave de la phase 4 est présente sont différents évents éruptifs: l'éruption aurait eu lieu simultanément en plusieurs points. Le problème est:

- qu'aucun évent n'a été trouvé là où la lave de la phase 4 est visible. Pas de fissure éruptive, pas de spatter-cone, rien. Il semble que la lave soit sortie du sol en toute tranquillité, à plusieurs endroits.

- que ces points d'émission de lave ne sont organisés par aucune structure. Or lorsqu'une éruption se produit en plusieurs point en même temps, les évents éruptifs sont alignés le long de structures, des failles généralement.

- que la cartographie de cette lave de la phase 4 montre qu'elle est présente surtout en aval de la vallée, mais très peu en amont.

La lave coule toujours de l'amont vers l'aval (jusqu'à preuve du contraire) donc il est logique de penser que le point de sortie de la phase 4 devrait être en amont, dans le secteur où se trouvent aussi les points de sorties des phases 1,2 et 3. Or, comme il a été précisé plus haut: aucun évent n'a été clairement identifié dans ce secteur comme point de sortie de la phase 4. Cette lave, a ensuite coulé jusqu'en aval, où elle est aussi observée mais entre les  deux sites, espacés de 65 km environ, aucune trace.

Bref: puisque l'hypothèse que ces "tâches de lave" éparpillées seraient arrivées là par magie a été écartée dès le départ****, il reste à trouver une explication cohérente avec les observations de terrain.

Les principales observations de terrain

1- Les "tâches de lave" de la phase 4 sont toujours allongées dans le sens de la pente, parallèles à l’alignement de la vallée.

2- Elles sont nombreuses à l’extrémité aval du champ de laves*****,  peu nombreuses en amont, là où se trouvent les cônes, et absente entre les deux, soit sur plusieurs dizaines de kilomètres de long tout de même.

3- L'épaisseur de coulées accumulées pendant les différentes phases dans la partie amont, là où se concentrent les différents cônes de la zone volcanique, est très importante, supérieure à 150m. Mais cette épaisseur de coulées accumulées décroit quand on va vers l'aval. Là on ne trouve plus que la coulée de la phase 2, ci et là "percée" de la lave de la phase 4. L'épaisseur n'est plus à cet endroit "que"  de 20 à 30 m environ.

4- Le long de certaines "tâches" de lave de la phase 4 ont été découverts des troncs morts, couchés et ensevelis dans la lave, coincés entre des blocs. Systématiquement ces troncs était situés dans des sortes de "rides" que formaient les blocs de lave le long des tâches. Ces arbres morts avaient poussé sur les laves anciennes, puis avaient été ensevelis (soit vivants, ce qui les auraient alors tués, soit déjà morts). Ces rides ont été interprétées comme la surface soulevée et déplacée des laves anciennes, soulèvement qui a eu lieu lorsque la lave de la phase 4 est sortie à travers les laves plus anciennes.

5- Il n'y a pas d'évent associé clairement à la phase 4. Mais le point de sortie semble se situer dans la zone où se trouvent tous les autres cônes puisqu'on retrouve la lave de la phase 4 vers le cône Kropotkin (en amont) et à l’extrémité aval du champ de lave de la phase 2, et que la lave coule de l'amont vers l'aval.

Un joyeux bazar, et un bon exercice de réflexion pour des étudiants master 1 je pense. Mais bon je vais devoir tout de même révéler la solution proposée par les volcanologues Russes pour expliquer l'ensemble de ces observations.

Je vous précisais un peu plus haut que la lave de la phase 2 avait joué un rôle particulièrement important, et je vais donc vous en dire quelques mots tout de même. 

Éruptions de la phase 2

Cette phase est constituée de deux éruptions distincts: une première qui a édifié des cônes nommés Ostanets, vraisemblablement associés à des coulées. Seul leur sommet dépasse des coulées de la seconde éruption, qui a aussi édifié deux autres cônes, Peretolchin (très beau) et Atkinson, juste à côté du précédent.
Cette seconde éruption a libéré un volume important de lave qui s'est étalée sur 65 km de long!

Les coulées sont essentiellement de morphologie pahoehoe et l'épaisseur importante de ce champ de lave s'explique par la manière spécifique dont il se forme. Généralement un champ de lave pahoehoe est le résultat de la progression plutôt lente de lave fluide sur une surface plane. La surface de la coulée se refroidit légèrement et forme une "peau" plastique qui retient la lave liquide qui est en dessous, ce qui l'oblige à former des lobes. Ils gonflent mais rapidement la pression dans les lobes devient trop importante, la peau craque et la lave fuite pour former un autre lobe etc.
Rapidement des milliers de lobes progressent les uns à côté des autres, les uns par-dessus les autres et le champ de lave pahoehoe s'élargit. Mais il s'épaissit aussi en raison de l'arrivée permanente de lave sous la peau, comme le montrent les time-lapse ci-dessous. Au final l'épaisseur du champ de lave pahoehoe peut atteindre plusieurs mètres, et plus encore.


En parallèle la partie interne du champ de lave est alimentée par des tunnels qui acheminent la roche en fusion jusqu'au front où se forment les lobes. Une fois l'éruption achevée, la roche en fusion qui se trouve dans les tunnels continue de couler, ce qui purge les tunnels. Une phase éruptive en octobre 2015 au Piton de la Fournaise donne un exemple de la manière dont se développe un champ de ce type.



Un champ de lave pahoehoe se caractérise donc plutôt par une surface très bosselée et d'aspect lisse. Mais l'intérieur du champ de lave peut être un vrai gruyère, du fait de la purge des tunnels à la fin de l'éruption.

Explication proposée par les volcanologues

Pour les volcanologues Russes, lorsque l'éruption de la phase 4 a débuté, la lave a été prise en charge par le réseau de tunnels laissé par les éruptions des phases précédentes, probablement en particulier par le réseau de tunnels de la phase 2. Seul un point de sortie est visible à proximité du cône Kropotkin, tout en amont de la zone volcanique: c'est donc probablement dans ce secteur qu'à débuté l'éruption... Sauf que la roche en fusion de la phase 4 a immédiatement commencé à remplir les tunnels! A l'abri d'un refroidissement rapide elle a pu progresser assez longtemps en souterrain, ce qui lui a permis de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à l'abri des regards!

Difficile de dire si le débit était ou non important mais en tout cas il semble qu'à aucun moment la lave de la phase 4 n'ai vu le jour sur un parcours de près de 65 km!!! Soit sur toute la zone où l'épaisseur des coulées anciennes (et leurs tunnels) reste importante. Mais arrivée dans la partie aval, où l'épaisseur diminue et la place vient à manquer, la lave de la phase 4 a commencé à sourdre du sol, formant les tâches reconnues par les volcanologues Russes, comme si le sol se mettait à suer de la roche en fusion.

Dans ce secteur, la pression exercée par la lave sur les parois des tunnels anciens est très importante, ce qui provoque leur soulèvement et leur fracturation, formant les rides. Et comme les laves plus anciennes sont colonisées par quelques arbres, ceux qui se trouvent là où les rides se forment sont basculés par le soulèvement, puis ensevelis sous les blocs.


Formation des rides et ensevelissement des arbres lors de la mise en pression des tunnels de lave anciens lorsqu'ils ont été remplis par la lave de la phase 4. Image: S.G.Arzhannikov et al, 2016


Une éruption probablement assez importante mais qui n'aurait quasiment pas été visible est, pour moi en tout cas, une situation tout à fait extraordinaire.
Et il faut imaginer être au bout du champ de lave au moment des événements, à 65 km de distance de l'endroit où l'éruption se déroule. Voire progressivement des gaz sortir du sol dans le fond de la vallée, le sol se soulever à certains endroits, puis de la roche en fusion sortir, sans autres bruits que les craquements des tunnels anciens mis sous pression. Cela doit être un spectacle juste hors du commun, à 1000 lieues de ce que l'on attend d'une éruption. On doit avoir l'impression que le sol...se met à fondre!!

Mais quand à eu lieu cette ultime et très inhabituelle éruption de la zone volcanique de Jombolok?

La présence d'arbres morts dans les rides est une aubaine car des datations au carbone 14 sont envisageables. Mais il y a tout de même deux possibilités pour expliquer leur présence:
- soit ces arbres ont été tués lors de la formation des rides, et la datation de leur mort correspond donc à celle de la formation des rides, donc à celle de la phase 4.
- soit ces arbres étaient morts avant, et ce sont leurs restes qui ont été trouvés dans les rides. Leur datation ne donne alors que l'âge de leur mort, pas celle de l'éruption.

En parallèle une datation par dendrochronologie a été faite à partir d'arbres vivants et morts mais qui ont poussé après la phase 4 car ils ont été échantillonnés sur cette lave. L'arbre le plus âgé a commencé à pousser à partir de l'an 792, qui est donc l'âge maximum de la fin de l'éruption de la phase 4.
Les datations au carbone 14 sur les arbres ensevelis dans la coulée ont donné des intervalles d'âges divers:
-un échantillon serait mort entre l'an 682 et l'an 868 mais les résultats se divisent en deux périodes pour cet échantillon: entre 682 et 778  (78% de chances que l'échantillon soit mort dans cet intervalle) et entre 790 et 868 (22% de chance que l'échantillon soit mort dans cet intervalle)
- un autre serait mort entre 797 et 1015
- un autre serait mort entre 868 et 1022

Étant donnée la large palette d'âges fournie par ces échantillons (entre 682 et 1022) il serait difficile de se faire une idée précise du moment de la mort de ces arbres avec ces seuls échantillons. Mais la dendrochronologie a fixé un âge maximum au-delà duquel d'autres arbres ont commencé à pousser sur la lave de la phase 4: 792. La palette d'âges la plus vraisemblable au cours de laquelle les arbres sont morts puis ont été enfouis est donc entre 682 et 792. Et comme un échantillon a de fortes chances d'avoir été enfoui entre l'an 682 et l'an 778, cet intervalle est le plus probable pour une datation de l'éruption.

Bon: là vous voyez venir l'affaire j'espère!

Synthèse des différents éléments

Histoire: 

- Les ancêtres de Gengis Khan ont quitté la zone d'Ergune-Kun vraisemblablement entre 758 et 786 de notre ère.

- La zone d'Ergune-Kun ressemble en plusieurs points à la zone située dans les montagnes Sayan de l'Est, justement là où se trouve la zone volcanique de Jombolok.

-  La légende concernant l'exode des ancêtres de Gengis Khan fait mention de feux importants qui font fondre les roches.

Volcanologie:

- La dernière éruption de la zone de Jombolok semble avoir eu lieu de telle manière que la lave n'est parvenue à sortir à la surface de la Terre qu'à plusieurs dizaines de kilomètre de sa source. Et cela grâce à la présence d'un vaste réseau de tunnels de lave répartis dans des laves plus anciennes sur une grande épaisseur.

- Cette éruption a vraisemblablement eu lieu, d'après les diverses datations, entre  682 et 778 de notre ère.

Conclusion:

Il est logique que les auteurs de l'étude dont je tire ce post concluent que la dernière éruption à Jombolok, puisse être un événement fondateur dans l'histoire du clan de Gengis Khan. Pour eux elle a provoqué l’exode de ses ancêtres vers les rives de la rivière Onon. Imaginez les voir sortir du sol de la roche en fusion sans autre manifestation, quasiment sans bruits, sans signes précurseurs clairs, comme si le sol lui-même fondait!! De quoi effectivement se poser des questions et considérer la zone moins accueillante!!
Et de quoi donner aussi de la matière pour forger une légende digne de ce nom, où les valeureux ancêtres font littéralement fondre la montagne pour trouver un endroit où la vie serait meilleure.

Même si la concordance mériterait d'être affinée, le faisceau de présomptions est tout à fait intéressant. Et même si le lien entre l'histoire du clan de Gengis Khan et cette éruption devait, finalement, ne pas être avéré, la phase 4 de la formation du champ volcanique de Jombolok est, de par sa mise en place essentiellement sous-terraine, tout à fait extraordinaire et sera, je l'espère, étudiée plus en détails encore.

Enfin, et quoi qu'il arrive, les datations réalisées sur ce site montrent clairement que cette éruption est la plus récente de toute l'Asie Centrale.

Sources:
" The most recent (682–792 CE) volcanic eruption in the Jombolok lava field, East Sayan, Central Asia triggered exodus of Mongolian pre-Chinggis Khaan tribes (778–786 CE)", S.G.Arzhannikov et al, 2016, in Journal of Asian Earth Sciences

"Jom-Bolok Holocene volcanic field in the East Sayan Mts., Siberia, Russia: structure, style of eruptions, magma compositions, and radiocarbon dating", A.V. Ivanov et al, 2011, in Bulletin of Volcanology

* et qui n'est pas la rivière Oka, affluente du fleuve Amour
** donc dans laquelle il pourra y avoir d'autres éruptions dans le futur
*** au sein d'un champ de lave, le Kipuka est une zone localement épargnée et non recouverte, où la végétation peu subsister.

**** aucune trace de poudre de perlimpinpin n'ayant été retrouvée sur le terrain.

***** j'ai mis "laves" au pluriel car plusieurs types de lave forment les coulées accumulées.



6 commentaires:

  1. un peu moins spectaculaire, mais néanmoins interessante, à méditer, il y a une autre histoire encore qui prouve que les éruptions volcaniques peuvent avoir des influences et des conséquences qui elle sont tout à fait spectaculaires, et ce, très loin du point éruptif... Je m'explique, il parait qu'aux alentours de 1783 une très grosse et violente éruption a fait rage en Islande... des gens, vivant déjà sur l'ile, ont gardé des archives qui prouvent l'existence de cette éruption et la date de manière très précise (avec un début et une fin datés). Comme avec des éruptions plus récentes comme celles de l'Eyjafjöll, on sait très bien qu'elle peuvent avoir des conséquences et un impact sur des très longues distances (souvenir de tous les vols annulés en Europe et la présence de cendres dans le ciel Français, 2000km environ séparent la France de l'Islande). Donc pour conclure, il y a une hypothèse quant à une des raisons pour laquelle la révolution Française s'est passé en 1789 et pas plus tard... Je pense que vous commencez à voir ou je veux en venir! L'éruption de 1783 aurait si spectaculaire, qu'elle en aurait impacté la France et plus particulièrement son climat pour les années qui ont suivi... Du coup, hivers rigoureux et étés extrêmement secs amenant de mauvaises récoltes sont recensés justement le 6 années qui ont précédé la révolutions. Et donc le peuple déjà pas content de ses conditions en a bien eu trop ! Et ces 6 années dont le dont le climat n'a pas aidé le peuple l'a donc poussé à s'insurger. La révolution Française a t'elle été engendrée comme une conséquence tardive résultant de l'impact d'une grosse éruption en Islande ? (conséquences à la manière d'une goutte d'eau de trop qui fait déborder le vase) ;)

    RépondreSupprimer
  2. Un énorme merci pour cet article, qui a été un bonheur à lire !
    Je ne savais pas où est-ce qu'on allait finir avec cette histoire de Khan au départ, mais du coup c'est très bien expliqué, et en effet, ce type d'activité doit être très impressionnant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci à vous. Ravi que ça vous ait plu :). Bonne journée!

      Supprimer
  3. Superbe article, passionnant à souhait, comme toujours CV !! Une question : dans quel contexte géologique cette volcanique s'est-elle mise en place ? C'est peut-être indiqué dans l'article, et dans ce cas Mea Mega Culpa. Sinon, a t-on à faire à de l'intra-plaque de type point chaud ? ou du rifting continental type Massif Central ? Les laves m'ont l'air bien fluides en tout cas ! A+

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Mapuche! Il semble que ce soit plutôt lié à du Rifting Continental, le Lac Baïkal (lac intra-rift) étant à proximité.
      Ce rifting est ici une conséquence de la collision Inde-Eurasie.
      @+!
      CV

      Supprimer
    2. Merci CV. Donc contexte similaire au Massif Central avec amincissement crustal post-collision ?

      Supprimer