5 mars 2023

Volcan Ambae (Aoba) : retour d'une activité éruptive? (bis)

La dernière grosse phase éruptive avait eu lieu courant 2018, et avait posé pas mal de tort aux insulaires. Le calme était revenu mais depuis la fin de  l'année 2021 ce système volcanique semble à nouveau plus ou moins instable, à tel point qu'en décembre 2022 des indices forts du retour d'une petite activité éruptive avaient pu être collectés. Or depuis peu les même genre d'indice est de nouveau détecté (d'où le "bis" du titre). Allons voir ça.

La présence fréquente de nuages sur le massif empêche d'avoir une certitude mais tout semble commencer dans la nuit du 25 au 26 février, et plus précisément le 26 février à partir d'une heure du matin environ (heure locale). Sur la webcam installée par le Geohazard une lueur infrarouge assez intense (fort signal thermique) fait son apparition et persiste, en s'atténuant, au cours des heures qui suivent. Sur l’image ci-dessous j'ai tracé en pointillés la topographie visible sur les images de jour, ce qui permet de localiser la lueur infrarouge au niveau du cratère sommital.


Une lueur infrarouge assez forte fait son apparition sur les images webcams. Image : Geohazard

Mais bien que la lueur s'atténue à tel point qu'au levé du jour elle ne se distingue presque déjà plus, les images montrent, à la place des émissions de cendres : une activité explosive de faible intensité est en cours dans le cratère sommital. 

Émission de cendres au matin du 26 février. Image : Geohazard

 

Associée au signal thermique tout cela suggère une activité éruptive. Et si une activité éruptive (donc magma arrivé à la surface) a débuté encore faut-il la caractériser. Vue la situation : soit elle est purement magmatique (pas d’interaction avec l'eau) soit elle est phréatomagmatique (interaction avec l'eau du système hydrothermal et/ou celle des lacs). Bon, pour tout vous dire, avec la seule webcam cette caractérisation n'est pas possible. À la limite on peut partir du principe que la faible intensité de l'activité suggère plutôt une activité où l’eau joue un rôle mineur, mais ça reste de la pure spéculation.

Inutile donc de s'attarder sur un point pour lequel nous n'aurons aucun indice, puisque que seule l'analyse des cendres permettrait d'avoir des infos concrètes. 

Les jours qui ont suivi ont été marqués par la persistance de nuages : pas moyen de savoir si cette phase s'est poursuivie. En tout cas jusqu'à hier parce que, par chance, la masse nuageuse n'était pas suffisamment dense pour bloquer totalement les infrarouges lors du passage du satellite SENTINEL 2 : un signal thermique fort persistait au sommet le 04 mars, suggérant une poursuite de l'activité débutée le 26 février, activité d'une intensité toujours modeste.


Fort signal thermique, au niveau du cône édifié en 2018. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus


Pour l'heure cette activité reste très modeste et n'entraine pas de perturbations pour les insulaires. Toutefois il fut la garder à l'oeil : la présence de grandes quantités d'eau au sommet peut rapidement produire une grande quantité de cendres, même si avec une activité éruptive modérée. Cette situation est très similaire à celle décrite fin décembre.


Sources : Geohazard; SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

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