Volcan Ambae : activité accrue fin 2021

Dans un post daté d'août 2021 j'avais fait un point sur l'activité des mois précédents et,à minima, le système volcanique montrait quelques signes d'instabilité, essentiellement marquée par des changements de couleur du lac ouest et, peut-être:

- par la formation temporaire d'un important panache riche en eau.

- par quelques signaux thermiques faibles et regroupés

- par des variations importantes du niveau des lacs  (mais ce dernier point est sujet à caution).

D'août à fin novembre 2021 le lac ouest, où se sont déroulées les dernières phases éruptives, est resté de couleur bleue et l'activité de dégazage qui se produisait au niveau de l'évent actif, situé au fond du lac, ne montrait  pas de signe particulier d'intensification.

La situation au 24 novembre 2021 : dégazage relativement soutenu mais pas différent de celui observé les mois précédents. Image : SENTINEL2 - ESA/Copernicus

Mais les dernières semaines de 2021 ont été bien plus agitées que ça et le Geohazard a dû mettre le niveau d'alerte volcanique au niveau 2. La situation, d'après leurs bulletins, a évolué début décembre avec apparition d'une activité explosive, à savoir des projections d'eau boueuse à quelques dizaines de mètres de hauteurs et la persistance d'un panache riche en eau, haut de plus de 250 m.

Les satellites fournissent quelques détails supplémentaires avec en particulier des données produites le 04 décembre par SENTINEL 2 qui permettent d'élaborer une image (une composition colorée) qui permet de constater à la fois:

- la présence du panache riche en eau décrit par le géohazard

- un signal thermique relativement intense, surtout si l'on  ne perd pas de vue que l'activité se manifeste dans une milieu riche en eau, qui absorbe fortement les infrarouges thermiques. C'est notamment cette image qui permet de penser que l'activité début décembre était éruptive, et de facto phréatomagmatique.

Signal thermique assez fort à la source du panache de gaz. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Toutefois, ce signal thermique n'était déjà plus détecté les jours suivants, soit parce que l'évent se trouvait à nouveau sous l'eau à ce moment là, soit que le signal était trop absorbé par le panache que l'activité produisait. Quoi qu'il en soit, l'activité s'est poursuivie par la suite même si il est difficile de déterminer avec quelle intensité en se basant uniquement sur des images satellites.

Celle réalisée avec les données acquises le 9 décembre semblent montrer, à la base du panache vertical, un autre panache, en couronne autour de l'évent : il peut s'agir de petites déferlantes riches en eau produites par les jets d'eau chargés de cendres, mais l'interprétation reste sujette à caution.

On peut apercevoir, autour de l'évent, ce qui ressemble à une petite déferlante basale, qui serait le signe d'une activité explosive modérée. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Les autres passages du satellite SENTINEL 2 ont été gênés par la présence de nuages mais on peut apercevoir, sur celle du 24 décembre, l'imposant panache riche en eau ce qui suggère que l'activité se poursuivait alors.

Ce qui semble indiquer que l'activité s'est poursuivie tout le mois de décembre, voire jusque début 2022, est l'observation d'images radar SENTINEL 1 qui semble montrer l'apparition et la croissance d'une structure circulaire au niveau de l'évent : probablement un anneau de projections accumulées mais l'idéal serait d'avoir une image dans des longueur d'onde visible et sans nuages pour affiner l'interprétation.

Croissance d'une structure circulaire au cours du mois de décembre 2021. Images  : SENTINEL 1 - ESA/Copernicus

Sources :l Geohazard; SENTINEL 1&2 ESA/Copernicus