7 janvier 2022

Volcan Wolf (Galapagos): départ d'éruption (mis à jour)

Un peu comme toujours aux Galapagos, une activité éruptive n'est connue que si elle démarre et que des personnes sont dans la zone pour la voir. Les éventuels signaux précurseurs, si ils sont détectés, font rarement l’objet de bulletins et c'est donc un peu à chaque fois la surprise (et c'est tant mieux). Ainsi 2022 commence par une éruption sur le volcan-bouclier Wolf, qui tire son nom de Théodor Wolf, Géologue Allemand du 19ème siècle qui a beaucoup travaillé sur l'archipel. C'est le point culminant de tout l'archipel avec une altitude de 1707 m (ou 1710 m, selon les sources). La dernière (ou maintenant avant-dernière) éruption remontait à mai-juin 2015 (déjà ????).

Pour le moment peu de détails la concernant puisqu'elle a débuté en pleine nuit, vers 05h15 TU, donc vers 23h15 heure locale, TU-6h). La première image connue de l'éruption est faite depuis un bateau dont la position est difficile à définir (peu de détails pour le faire). C'est une image réalisée par un garde du parque.

Éruption observée dans la nuit du 06 au 07 janvier 2022, peu après son démarrage. Image : Wilson Cabrera

C'est difficile de dire concrètement ce qu'il se passe mais vue l'intensité du reflet de l'incandescence, et vu l'historique des éruptions, peu de doute qu'il s'agisse d'une activité fissurale avec fontaines de lave et coulées. Sur la base du signal thermique émis, détecté par GOES WEST dansla bande 3.9 micromètres et géolocalisé (voir gif ci-dessous) je me risque à proposer que l'éruption se déroule sur le versant sud-est (donc dans le même secteur que l'éruption de 2015) mais, si ça se confirme, je suis dans l’incapacité de dire si cette éruption est plutôt sur un jeu de fractures radiales ou circonférentielles (si cette remarque vous laisse perplexe, voir ce post pour quelques explications). L'éruption de 2015 était issue d'une intrusion magmatique circonférentielle.

Apparition d'un signal thermique vers 05h15 TU. Images : GOES West

Pour la géolocalisation j'ai récupéré une des images GOES WEST et l'ai mappée sur Google Earth : voilà le résultat.

Position du signal thermique excentré par rapport au cratère (caldera, en fait) sommital. Image : GOES WEST

Le gaz de l'éruption est actuellement tranquillement dispersé vers le nord (ça se voit sur les données satellites) et ne contient qu'une petite fraction de cendres à ce qu'il semble, ce qui accrédite un peu plus l'idée qu'il s'agit surtout de fontaines de lave et de coulées.

Il faudra attendre quelques heures pour avoir plus de détails je suppose, en particulier la localisation et l'extension de la zone éruptive.

 

Mise à jour, 17h52

Le jour étant maintenant bien levé sur l’archipel, les imaegs arrivent à la chaîne. Un survol tout d'abord permet de voir le réseau de fractures éruptives. J'ai repéré au moins trois segments, en échelon et on peut maintenant dire que la fracturation est radiale (elle part vers le sommet et va vers la base) et pas circonférentielle (~elle longe une courbe de niveau) comme pour l'éruption de 2015. Si je ne me trompe pas trop à la lecture des images , la partie la plut en amont de la zone de fractures éruptives se trouve aux alentours de 1140 m (c'est à faire préciser et il ne faut pas prendre ce chiffre comme absolument sûr ni précis), à mi-pente sur le versant sud-sud-est.

Les trois fractures éruptives en échelon (décalées) et radiales. Image : Parque de Galapagos

L'activité est soutenue et c'est la portion la plus en amont qui est la plus active avec une multitude de petites fontaines alignées et une effusion à gros débit d'une lave bien fluide. Un extrait d'une vidéo du survol permet de localiser le front de coulée le plus avancé à environ 6,5 km (à vol d'oiseau) de la partie la plus en amont  de la fracture!!! Plus de 6 km parcourus en quelques heures seulement, sur une zone où la pente n'est pas énorme, ça signifie un débit élevé et une faible viscosité.

Comparaison image du survol-Google Earth pour géolocaliser le front de coulée au moment du survol (matinée du 07 janvier, heure locale). Parque des Galapagos/Google Earth

Géolocalisation de la fracture éruptive (à peu près) et du front de coulée (plutôt précis) : 6,5 km entre les deux! Image Google Earth

À noter que l'alternance entre éruption radiale et circonférentielle, comme c'est le cas ici, a fait l'objet d’hypothèses dans le cadre de travaux publiés en 2013 par M.Bagnardi et al (voir le post de 2017 sur l'éruption au Fernandina).

Le panache, essentiellement constitué de gaz riche en Soufre (teinte bleutée caractéristique) s'étirait au levé du jour sur plus de 200km vers l'ouest.

Le panache riche en soufre, dispersé vers l 'ouest. Image : MODIS/NASA


Sources : Parque National des Galápagos; GOES WEST; IGEPN;MODIS/NASA

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