Depuis l'éruption précédente, en 2009, le calme était de mise sur cette immense île-volcan des Galapagos. Les volcanologues de l'IGEPN ont pu toutefois constater des modifications de l'activité sismique sur les instrument à partir de 09h55 (heure locale), mais les données satellites indiquent que l'éruption a débuté entre 12h15 et 12h30 (heure locale).
Vue la puissance du rayonnement thermique produit par l'activité, et vues les premières images envoyée par les gardes du Parc Naturel, nul doute que l'éruption est avant tout effusive, bien qu'il y a peu de risque de se tromper si on ajoute une activité explosive faible sous la forme de fontaine de lave est aussi très probablement présente. En tout cas elle est visiblement soutenue: le panache de gaz alimenté par l'éruption s'est élevé à plus de 4000m d'altitude.
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Reste maintenant à savoir comment s'organise concrètement cette activité éruptive car il y a en fait deux possibilités sur les volcans-boucliers des Galápagos, Fernandina notamment:
- soit l'éruption est alimentée par un dyke qui sort à la surface en formant une fracture circonférentielle (parallèle au bord du cratère). Ce fut le cas pour l'éruption de 2005 par exemple, mais aussi pour celle du volcan Wolf voisin en 2015 par exemple.
- soit le dyke sort de manière radiale (il s'ouvre du centre vers l'extérieur, ou du sommet vers la base), comme ce fut le cas en 1995 et 2009 par exemple.
Quoi qu'il en soit les données géophysiques indiquent que c'est toujours le même réservoir superficiel, situé à environ 1km de profondeur sous le cratère, qui alimente les éruptions. Et il est intéressant de noter qu'au cours des dernières éruptions il y a eu une alternance des éruptions radiales et circonférentielles (radiale en 1995, circonférentielle et 2005, radiale en 2009). Marco Bagnardi (Université de Leeds) et al, en 2013, avaient modélisé la forme des dykes pour les deux types d'éruptions et supposaient qu'une éruption radiale modifiait le champ de contrainte local, ce qui créait les conditions pour que l'éruption suivante soit circonférentielle, et inversement. Ils supposaient alors que l'éruption suivante (qui a donc commencé hier) serait circonférentielle. Reste à avoir les images plus précises de cette activité pour vérifier cette supposition mais en tout cas il semble qu'elle ait débuté à proximité du sommet, près de la lèvre sud, ce qui peut coller avec une activité circonférentielle.
Les données thermiques du Suomi NPP semblent indiquer aussi (mais cela reste imprécis pour l'heure et à confirmer) que le champ de lave s'étend vers le sud-ouest et pourrait s'être scindé en deux bras.
Le champ de lave "vu" par Suomi NPP. Image: MODIS/NASA + Suomi NPP |
Quoi qu'il en soit, la zone étant inhabitée par l'homme, aucun risque pour des populations, mise à part peut-être une surveillance de la qualité de l'air pour les populations installées sur les îles voisines.
Mise à jour, 06 septembre, 09h32
L'activité éruptive se poursuit sur l'île aujourd'hui mais son intensité est décrite comme fortement diminuée par rapport à sa première journée. L'effusion affecte toujours le versant ouest sud-ouest mais les coulées sont moins étendues, d'après ce que suggèrent les images prisent par Galàpagos Naciente. Il semble que, contrairement à 1995 et 2009 , mais comme en 2005, les coulées ne soient par arrivées en mer. Par ailleurs, en regardant l'image ci-dessous prise le 04 septembre (gauche), il semble bien que la fracture éruptive soit sommitale et...circonférentielle, comme proposé par Bagnardi et al en 2013. Ils avaient par ailleurs anticipé dès cette époque la localisation supposée de l'éruption, proche de la fracture de 2005, ce qui semble bien être le cas.
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Sources: MODIS/NASA; SUOMI NPP; IGEPN; Galàpagos Naciente; Merci à Shérine France
Bagnardi et al, 2013: "A new model for the growth of basaltic shields based on deformation of Fernandina volcano, Galápagos Islands" (Earth and Planetary Science Letters)
Bonjour,
RépondreSupprimerTrès intéressante étude ! Quelle précision !
C'est intéressant car cet exemple met clairement en lumière que la mise en place d'un dyke (associé ou non à une éruption) perturbe les contraintes alentours. Dans une moindre mesure, cela rejoint l'alternance entre les rift-zones sud-est et nord-est au Piton de la Fournaise...
Merci pour les infos,
Bonne soirée,
Ludovic