Un point sur l'activité du volcan Nyamulagira

Il y plusieurs semaines (depuis novembre 2019) que rien n'a pu être transmis concernant le tout simplement parce qu'il vient d'y avoir des semaines sans une image satellite dégagée.

Bon j'aurais toujours pu faire passer des graphiques du MIROVA, qui montrent que l'activité éruptive s'est poursuivie sans vraiment discontinuer, mais dire que l'éruption continue sans pourvoir donner de détails est toujours un peu...frustrant. Donc , il faut savoir prendre son mal en patience et attendre que les données arrivent.

Et bien sûr, si je rédige un petit post maintenant, c'est parce qu'il y a matière! Reprenons les principales étapes.

Lorsque l'éruption a débuté en avril 2018, elle est restée confinée au fond du Pit Crater sommital. Au cours des mois qui ont suivi, la tranquille effusion de lave a petit à petit rempli ce Pit Crater et, en avril 2019, un léger débordement de lave sur le plancher de la caldera sommital avait pu être constaté. On pouvait alors croire que le débordement se poursuivrait ou serait suivi d'autres.

Et finalement non car quelques semaines plus tard, le Pit Crater était purgé. Son remplissage a recommencé dans la foulée, sans véritable arrêt de l'activité éruptive. En novembre 2019, le remplissage était quasi complet et bien sûr la probabilité d'un débordement était à nouveau au plus haut!!

Et puis.... il y a eu des nuages, et encore des nuages...et ENCORE des nuages!!!

Impossible de savoir si, oui ou non, la lave avait ENFIN réussit à envahir le planche de la caldera sommitale.

Jusqu'à ce que le satellite SENTINEL 2 acquiert une image le 08 février 2020, et nous révèle enfin la suite de l'histoire!

La lave a enfin réussit à franchement déborder du Pit Crater. Image : SENTINEL 2 -ESA/Copernicus

 

Et OUI! Un beau débordement est en cours. Impossible de savoir précisément quand il a débuté mais le Pit Crater est plein à ras bord, et la roche en fusion passe outre sa lèvre sud-est, s’épanche tranquillement sous la forme d'une coulée de lave jusqu'au rempart de la caldera. La coulée bifurque en direction du sud-ouest, jusqu'à descendre dans une vaste zone affaissée (peut-être un ancien Pit Crater partiellement comblé). Actuellement la lave s'accumule donc dans cette vasque naturelle, comme d'autres coulées l'avaient fait avant elle, lors de précédentes éruptions. La longueur de la coulée est de plus de 2000 m et la surface couverte est d'environ 450 000 m².

L'image satellite mappée sur Google Earth permet de voir le lien entre topographie et trajectoire de la coulée. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; Google Earth

L'éruption se poursuit donc. Et bien qu'elle ne semble pas avoir gagné en intensité, elle impacte maintenant une surface un peu plus grande et remodèle tranquillement le sommet de l'édifice en comblant partiellement quelques creux. Le risque associé à l'activité en cours est faible voir nul, mais la question qui reste en toile de fond, c'est de savoir si la totalité de l'éruption se déroulera au sommet ou non. Si c'est le cas le risque restera faible à nul. Si par contre la colonne de magma est purgée par des fractures latérales, sur les pentes externes, alors le risque devient bien plus important car des populations vivent non loin.

La situation mérite donc d'être suivie du plus près que les nuages et les observations directes, très rares, le permettent.

Source: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus