Etna, Italie, 3330 m
Le début d'année avait été marqué par une séquence, assez longue puisqu'elle a pris fin le 22 février, d'émissions de cendres soutenues sur le Cône Nord-Est. Ces émissions, qui faisaient suite à la phase paroxysmale de l'éruption d'octobre-décembre 2018, n'étaient pas liées à une activité éruptive (pas de sortie de magma neuf) puisque les cendres étaient constituées de roches anciennes, altérées, pulvérisées. Probablement s'agissait-il d'une activité superficielle produite par le réajustements internes de la plomberie après le paroxysme.
Le calme était ensuite revenu, mais sur l'Etna, la notion de "calme" est toujours relative, car en regardant les données du satellite SENTINEL 2, il est clair que le système volcanique fait montre d'une instabilité chronique. Elle s'est exprimée de plusieurs façons depuis la fin des émissions de cendres, mais vue par satellite je dirais que la première d'entre elles est le changement de localisation de l'activité depuis la fin février.
En effet, pendant et après les émissions de cendres la principale source de signaux thermiques était la Voragine, ainsi que la partie amont de la fracture éruptive de décembre 2018, qui passe par le Nouveau Cône Sud-Est, où se trouvaient d'importantes zones de dégazage à très haute température.
Une petite image prise le 03 mars pour localiser les zones chaudes et les différents cratère, au cas où certain(e)s d'entre vous ne seraient pas à l'aise avec la topographie du Géant Sicilien (et ça se comprend). C'est une image en fausses couleurs, composées uniquement à partir d'infrarouges de différentes longueurs d'onde.
Les principales zones chaudes au sommet de l'Etna début mars: Voragine et Nouveau Cône Sud-Est. Image: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus |
Cette situation a évolué courant mars avec une hausse des émissions thermiques dans la Bocca Nuova, sur deux évents distincts mais proches alors que le signal thermique dans la Voragine a diminué jusqu'à disparaitre. Sur le Nouveua Cône Sud-Est, la situation est restée stable tout au long de cette période. Nouvelle image, toujours à base d'infrarouges, faite le 31 mars.
Les principales zones chaudes au sommet de l'Etna fin mars: Bocca Nuova et Nouveau Cône Sud-Est. Image: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus |
Bon: ce type de changements est plutôt habituel sur l'Etna, mais ce qui me fait tiquer un peu, c'est plutôt quelques détails. Tout d'abords, au cours de la seconde quinzaine d'avril, le signal thermique sur l'un des évents de la Bocca Nuova est devenu significativement plus intense, bien qu'il soit visiblement sujet à variations. Et le volcanologue Italien Boris Behncke avait signalé début avril la présence d'émissions de cendres dans ce cratère, peut-être liée à cette hausse de l'activité.
Ensuite, après une hausse, brève mais significative, du signal thermique sur le Nouveau Cône Sud-Est (alors que cette zone avait été stable durant plus sieurs mois), il a disparu après le 18 avril.
Émissions de cendres depuis la Bocca Nuova ua matin du 08 avril. Image: Boris Behncke |
Ensuite, après une hausse, brève mais significative, du signal thermique sur le Nouveau Cône Sud-Est (alors que cette zone avait été stable durant plus sieurs mois), il a disparu après le 18 avril.
Par ailleurs, le 25 avril des émissions de cendres ont eu lieu sur la Voragine, visibles sur certaines images satellites, elles ont pu être filmées: quitte à choisir, je préfère mettre le film, évidemment (je vous fait déjà passer assez d'images satellites...)
Enfin, sur l'image prise le 30 avril, non seulement le signal thermique est encore plus intense dans la Bocca Nuova, mais pas sur l'évent qui était le plus actif sur l'image satellite précédente (évent qui émet un signal toujours aussi fort), mais sur l'autre, à côté! Par ailleurs un signal thermique est aussi de retour dans la Voragine. Je suppose là que les émissions de cendres filmées ci-dessus se sont produites à la réouverture de l'évent, qui se voit d'ailleurs très bien sur les images satellites, sous la forme d'un trou bien circulaire d'une trentaine de mètres de diamètre (estimation personnelle d'après les données satellites, donc forcément imprécise mais ça doit tourner autour de cette valeur).
Une p'tite comparaison d'images satellites (31 mars / 30 avril) pour illustrer ce que je tente de coucher par l'écrit.
Par ailleurs ce signal thermique est suffisamment intense le 30 avril pour être repéré dans la bande 8 du satellite SENTINEL2, qui correspond aux infrarouges très proches (835 nanomètres pour celles et ceux que ça peux intéresser): la source du rayonnement est vraiment à très très haute température! Je vous ais fait un zoom de la zone sommital, avec une composition différente intégrant la bande 8 pour la couleur rouge.
Est-ce que ce signal pourrait coller avec une petite activité éruptive? Ce n'est pas impossible, mais les seules images satellites ne permettent pas de savoir. En complément la webcam de Nicola Zappala, installée à Bronte (versant ouest de l'Etna), permet de voir "l'évolution" de cette source de chaleur quasiment en temps réèl car cette webcam détecte les infrarouges en mode "nuit": son intensité varie en permanence avec des pics qui semblent parfois importants.
Toutefois les autres webcams qui restent en mode "visible" même de nuit ne montrent pas d'incandescence (qui est plutôt dans les longueurs d'onde 660 nanomètres, plus énergétique donc). Donc:
- soit il y a une activité éruptive mais alors elle est faible et se déroule tout au fond de la Bocca Nuova
- soit il n'y a pas d'activité éruptive du tout.
La réponse à encore été donnée par Boris Behcnke, qui parle d'une petite activité strombolienne dans la Bocca Nuova.
Quoi qu'il en soit l'ensemble de ces changements (modifications des zones à haute température au cours du temps, ouverture du nouveau pit crater dans la Voragine, émissions de cendres etc, montrent que le système volcanique de l'Etna est toujours sujet à l'instabilité.
Mise à jour, 21h57
Boris Behncke a fait passer aujourd'hui des photos qui montrent que de faibles et sporadiques émissions de cendres ont repris sur le Nouveau Cône Sud-Est aussi! Pour l'heure il s'agit de cendres constituées de laves anciennes et altérées, pas de magma juvénil, mais l'instabilité persiste et se diversifie.
Emissions de cendres qui, par ailleurs, sont visibles sur les images de différentes webcams, celle installée vers Catane par exemple.
Sources: SENTINEL2-ESA/Copernicus; Nicola Zappala; Boris Behncke; Telegrafovecchio
Est-ce que ce signal pourrait coller avec une petite activité éruptive? Ce n'est pas impossible, mais les seules images satellites ne permettent pas de savoir. En complément la webcam de Nicola Zappala, installée à Bronte (versant ouest de l'Etna), permet de voir "l'évolution" de cette source de chaleur quasiment en temps réèl car cette webcam détecte les infrarouges en mode "nuit": son intensité varie en permanence avec des pics qui semblent parfois importants.
L'intensité des infrarouges émis par l'évent dans la Bocca Nuova est parfois importante. Image: Nicola Zappala |
Toutefois les autres webcams qui restent en mode "visible" même de nuit ne montrent pas d'incandescence (qui est plutôt dans les longueurs d'onde 660 nanomètres, plus énergétique donc). Donc:
- soit il y a une activité éruptive mais alors elle est faible et se déroule tout au fond de la Bocca Nuova
- soit il n'y a pas d'activité éruptive du tout.
La réponse à encore été donnée par Boris Behcnke, qui parle d'une petite activité strombolienne dans la Bocca Nuova.
Quoi qu'il en soit l'ensemble de ces changements (modifications des zones à haute température au cours du temps, ouverture du nouveau pit crater dans la Voragine, émissions de cendres etc, montrent que le système volcanique de l'Etna est toujours sujet à l'instabilité.
Mise à jour, 21h57
Boris Behncke a fait passer aujourd'hui des photos qui montrent que de faibles et sporadiques émissions de cendres ont repris sur le Nouveau Cône Sud-Est aussi! Pour l'heure il s'agit de cendres constituées de laves anciennes et altérées, pas de magma juvénil, mais l'instabilité persiste et se diversifie.
Emission de cnedrres sur le Nouveua Cône Sud-Est au matin du 02 mai. Image: Boris Behncke |
POetite bouffée de cendres brunes émise depuis le Nouveau Cône Sud-Est. Image: Telegrafovecchio |
Sources: SENTINEL2-ESA/Copernicus; Nicola Zappala; Boris Behncke; Telegrafovecchio
Colima, Mexique, 3850 m
Les volcanologues Mexicains ont pris la décision, le 27 avril, d'élever le niveau d'alerte volcanique du Colima au jaune, suite à une hausse très significative de la sismicité, en particulier celle liée aux mouvements de fluides (trémor, secousses haute fréquence etc). Ils n'hésitent pas à parler de précurseur potentiel d'une activité éruptive et, en conséquence, les autorités ont commencé à prendre des mesures appropriées. La plus importante est la mise en place d'un zone d'exclusion de 8 km de rayon autour du sommet, et l'information aux populations proches.
Les volcanologues Mexicains ont pris la décision, le 27 avril, d'élever le niveau d'alerte volcanique du Colima au jaune, suite à une hausse très significative de la sismicité, en particulier celle liée aux mouvements de fluides (trémor, secousses haute fréquence etc). Ils n'hésitent pas à parler de précurseur potentiel d'une activité éruptive et, en conséquence, les autorités ont commencé à prendre des mesures appropriées. La plus importante est la mise en place d'un zone d'exclusion de 8 km de rayon autour du sommet, et l'information aux populations proches.
Extrait de la sismicité enregistrée le 25 avril. Image: Université de Colima |
Pour l'heure aucune manifestation de surface n'a été repérée, mise à part la présence de fumerolles dans le cratère sommital. Se basant sur les éruptions historiques, les volcanologues estiment que la future activité éruptive pourra être modérément explosive, et accompagnée de la croissance d'un dôme (activité extrusive) au sommet. Éventuellement ce dernier pourrait déborder (le sommet n'est pas très grand) et donner des coulées visqueuses et des écoulements pyroclastiques.
La situation est évidemment à suivre de près, car il n'y avait plus eu d'activité sensible depuis février 2017 sur cet édifice.
Sources: Université de Colima; CIIV
Le cratère sommital du Colima lors d'un survol en avril: quelques fumerolles seulement. Image: CIIV |
La situation est évidemment à suivre de près, car il n'y avait plus eu d'activité sensible depuis février 2017 sur cet édifice.
Sources: Université de Colima; CIIV
Bonsoir Monsieur, j'ai suivi ce volcan magnifique pendant quelques années, puis il n'y a plus eu de webcams proposées...dommage, je me rappele le dôme de lave presque aussi haut que le sommet,les explosions qui inondaient la nuit. supers souvenirs et envie de revivre ça...Grand Merci à vous pour ce que vous faites.
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