4 octobre 2018

Activité accrue sur les volcans Manam et Gamalama

Manam, Papouasie Nouvelle-Guinée, 1807 m

Depuis la phase paroxysmale du 25 août dernier, l'activité était restée plutôt habituelle sur l'édifice, uniquement localisée sur au moins deux, peut-être trois, évents séparés. Mais il semble que ces derniers jours aient été marqués par un événement important mais discret* dans une zone aussi reculée.
Cette crise a débuté le 01 octobre puisque c'est à ce moment-là que le MIROVA détecte un signal thermique devenu brusquement bien plus intense que celui produit lors du paroxysme.

On voit clairement le très fort pic d'émission thermique du 01 octobre. Image: MIROVA

Ce jour-là par ailleurs des émissions de cendres modérées mais inhabituelles sont aussi repérées via des données satellites (MODIS notamment). Et le jour suivant, 02 octobre, l'image prise lors du passage du satellite SENTINEL 2 montre clairement qu'une grosse quantité de roche en fusion descend les pentes de la ravine nord-est du stratovolcan, celle-là même qui avait été fortement impactée lors du paroxysme. Le champ de lave qui descend du sommet recouvre ainsi une partie des dépôts d'écoulements pyroclastiques et les coulées de lave du 25 août.




Le chenal principal qui descend de la zone sommitale (la configuration là n'est pas claire à cause de nuages malheureusement) est large de 70 m environ. Il se divise à mi-pente en3 lobes distincts, larges d'environ 60, 80 et 350 m environ. Sur l'image ci-dessous, prise quelques dizaines d'heures après le début de la crise, la surface ouverte par la lave est d'environ 850 000 m².
N'ayant pas trouvé pour l'heure de photos de cette activité pour avoir une estimation de l'épaisseur des coulées (donc du volume du champ de lave sur l'image, donc une estimation du débit moyen), je ne peux que vous proposer de regarder cette archive magnifique d'une crise tout à fait similaire filmée... en 1960 ! On y voit une activité strombolienne très intense au sommet (dont la configuration à beaucoup changé depuis) avec des coulées de lave qui descendent dans la même ravine qu'aujourd'hui! Quelles images fantastiques!!



La situation est à suivre de près évidemment, en particulier parce que le versant nord-est a fait prise d'une certaines instabilité lors du paroxysme et qu'il n'est pas impossible que de nouvelles portions de dépôts anciens se décrochent. Il s'agira par contre forcément de portions plus petites que celle qui a déjà partie, et le risque n'est évidemment plus le même qu'avant le 25 août.

* qui ne fait pas la une des journaux

Sources: SENTINEL2-ESA/Copernicus; British Pathé, MIROVA; VAAC de Darwin; MODIS

Gamalama, Indonésie, 1715 m

Situé pile en face du Soputan, sur la rive est de la Mer des Moluques, le Gamalama est l'un des volcans très actifs d'Indonésie. À plusieurs reprises ces dernières années il a été le siège de phases d'activité plus soutenues, marquées par de émissions de cendres plus ou moins intenses, comme en 2014, 2015 et 2016. Il semble qu'une nouvelle phase similaire ait débuté aujourd'hui, car le PVMBG a fait passer une série de bulletins via les réseaux sociaux montrant une émission de cendres modérée produite, comme les fois précédentes, au sommet de l'édifice. Le panache observé est monté à environ 250 m de haut seulement et le PVMBG indique que l'activité est probablement phréatique, voire hydrothermale (non éruptive, du coup). Ce qui est plutôt cohérent avec l'absence de signaux thermique sur l'édifice.

Faible émission de cendres au sommet du Gamalama. Image: auteur inconnu, via PVMBG

Comme pour Soputan, le déclenchement d'une activité sur un édifice Indonésien maintenant entraine la question d'un lien avec le séisme du 28 septembre. Là encore rien n'est clair et si un lien ne peux être exclu à priori, aucun lien ne peux non plus être fait à priori entre ces événements, Gamalama étant à peu près à 830 km de distance de l'épicentre (distance à la surface de la Terre, qui n'est pas la plus courte entre les deux points, vue que la Terre est ronde).
La sismicité montre une tendance plutôt à la hausse (en moyenne) depuis au moins le 15 septembre à peu près, surtout du côté des secousses d'origine tectonique (fracturation des roches), sismicité qui a pu être accentuée au passage des ondes du 28 septembre, celles-ci apportant un surplus d'énergie mécanique dans des roches visiblement déjà sous contrainte.



Pour l'heure les données satellite ne permettent pas de voir si des cendres sont encore produites mais quoi qu'il en soit le niveau d'alerte est maintenu à 2 car la situation n'indique rien de particulièrement dangereux, à condition de ne pas approcher à moins de 1500 m du sommet.

Sources: PVMBG; MIROVA


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