Le chercheur Philipson Bani, du Laboratoire Magmas et Volcans (Clermont-Ferrand), s'est ému ces derniers jours du peu de cas fait par les médias internationaux, dont Français, de la situation des insulaires de l'île-volcan d'Aoba (Ambae). Et il a raison: il est étonnant que quasiment rien ne soit diffusé alors qu'il s'agit de l'activité éruptive la plus intense de ces 3 dernières années, et qu'elle affecte en profondeur les habitants qui vivent sur ses flancs.
Pour faire un point un peu général, commençons par le commencement. En septembre 2017 le niveau d'alerte est élevé pour le volcan Ambae car les signaux indiquent qu'une éruption peut se produire, ce qui se confirme dès le 23 septembre.
Cette éruption est plutôt soutenue mais pas assez pour affecter un secteur autre que le cratère: les insulaires n'ont alors pas de problème.
Cette éruption produit, en plus de quelques cendres, des coulées de lave qui remplissent partiellement le Lac Voui, au milieu duquel elle se déroule.
Cette phase se termine vers la fin novembre mais dès le début du mois de janvier 2018 une nouvelle phase éruptive débute. Aussi intense que la première, elle se manifeste par contre par une activité visiblement plus intermittente: quelques heures/dizaines d'heures (voir quelques jours) d'éruption entrecoupée de phases plus calmes.
Toutefois au cours de ces phases éruptives les quantités de cendres produites sont relativement importantes et commencent à provoquer des dégâts sur les plantations et les habitations car, globalement, le vent souffle toujours dans la même direction et affecte toujours la même partie de l'île (la côte ouest).
Mais depuis quasiment une semaine maintenant une nouvelle phase éruptive a débuté. Plus intense que les autres, elle génère des quantités de cendres bien plus importantes qui ont aussi, de facto, un impact plus important. D'autant plus que, par malchance, un dépression est passée sur l'archipel, "aspirant" l'air, ce qui a généré des vents d'ouest: les cendres chutent donc sur la partie est de l'île, où des personnes s'étaient réfugiées en fin de semaine dernière! Ces cendres ont aussi affecté l'île voisine de Maewo et le panache s'est étendu le 11 avril jusqu'à plus de 700 km de distance!
Ajouter une Grande extension du panache de cendres le 11 avril. Image: MODIS |
Ces phases successives ont profondément modifié la morphologie du cône qui, depuis septembre, évolue au gré des éruptions. En lieu et place des quelques petits cratères qui s'étaient successivement ouverts, trône maintenant un cratère unique assez vaste, puisqu'il mesure (diamètre) pas moins de 490 m environ ! Vous pourrez constater l'évolution de ce cratère en comparant les deux images radar ci-dessous, prisent respectivement les 12 mars et 05 avril.
Les images faites de nuit montrent clairement que la base de la colonne de cendres est incandescente: l'activité ressemble à une fontaine de lave (pour autant je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de fontaine de lave (stricto sensu) en réalité)
Pour le dire autrement: ressembler à une fontaine de lave n'est pas forcément être une fontaine de lave. Mais quoi qu'il en soit, la situation est impressionnante!
Du fait que la production de cendres est intense, et que le vent à changé plusieurs fois de direction ces derniers jours, toute l'île a été affectée par les chutes de cendres. Les conséquences son multiples et commencent à être vraiment graves:
- les habitations traditionnelles sont abîmées, certaines ont vu leur toit s'effondrer sous le poids des cendres, phénomène qui pourrait être accentué par le fait que l'éruption se déroule dans un lac. En effet, de grandes quantité de vapeur, due à l'évaporation de l'eau du lac sont présente et peuvent provoquer des chutes de cendres humides, dont la masse est plus importante.
- pollution des réserves d'eau douce par les cendres et, surtout, les gaz qu'elles contiennent
- destruction de la végétation: il a été décrit des arbres tombés sous la masse de cendres, et évidemment les zones cultivées sont impactées.
- mise en danger de la santé des animaux d'élevage: les herbivores broutent la végétation couverte de cendres.
- problèmes respiratoires car sous le panache la quantité de cendres dans l'air est importante.
- les habitations traditionnelles sont abîmées, certaines ont vu leur toit s'effondrer sous le poids des cendres, phénomène qui pourrait être accentué par le fait que l'éruption se déroule dans un lac. En effet, de grandes quantité de vapeur, due à l'évaporation de l'eau du lac sont présente et peuvent provoquer des chutes de cendres humides, dont la masse est plus importante.
Une maison traditionnelle couverte de cendres, la végétation autour est momentanément détruite. Image: Ghevin Banga, via Philipson Bani |
- pollution des réserves d'eau douce par les cendres et, surtout, les gaz qu'elles contiennent
- destruction de la végétation: il a été décrit des arbres tombés sous la masse de cendres, et évidemment les zones cultivées sont impactées.
- mise en danger de la santé des animaux d'élevage: les herbivores broutent la végétation couverte de cendres.
- problèmes respiratoires car sous le panache la quantité de cendres dans l'air est importante.
Un chef de village de la côte nord, durement touchée, a demandé au gouvernement du Vanuatu de trouver une autre île pour les habitants de son village. L'aide s'organise et des vivre (containers d'eau potable, ballots de riz) et des objets du quotidiens (ustensiles de cuisine, savon, bâches etc) sont acheminés vers certains villages qui, en plus des chutes de cendres, ont été partiellement détruits par des coulées de boue pendant le passage de la dépression citée plus haut (pas sûr que les coulées de boue ne question soient liées à l'éruption par contre).
Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence ce qui permet d'accéder à une participation financière de l'état qui, pour une période de trois mois, servira à faire en sorte que les personnes déplacées n'aient pas trop de problèmes, et servira peut-être à en déplacer définitivement certaines sur d'autres îles, comme Maeow et Pentecost.
Bonjour, Merci de donner des nouvelles de ce volcan. Mais désolé d'écrire la vérité , la communauté internationale se contrefout du Vanuatu ( en dehors de l'île principale paradis fiscal) et d'une petite île non touristique ! La comparaison médiatique avec Bali et son volcan est révélatrice.
RépondreSupprimerSeul une méga explosion ou des images spectaculaires aurait l'intérêt des médias. C'est comme l'île de Manam en Papouasie qui n'intéresse personne.
La desinteret des médias rappelle l'éruption du Fogo en 2014 au Cap Vert...
RépondreSupprimerMode cynique "on" : eh oh, nous on a les grèves de la SNCF, tu vas pas comparer, non ??? Mode cynique "off"
RépondreSupprimerben oui, c'est comme çà, le médias ne s’intéressent qu'à ce qui fait de l'audience. triste.
Ben c'est un peu normal non ?? Les médias parlent de ce qui est proche de nous et qui nous touche. Après il existe des media spécialisé comme ce blog pour en parler.
RépondreSupprimerLa Fournaise en éruption c'est chez nous (un petit peu quand même) il y a de médias sur place et on a droit aux images (le 1er jour.. Après on oublie)
L'Etna en éruption c'est à côté de nous ça peut toucher des dizaines de milliers de concitoyens européens et on en parle à peine déjà !
Alors le Vanuatu sérieux ?? 90% du public ne doit même pas savoir que ça existe !! À part les passionnés de volcan, de plongée ou de voyage...