Ambae (Aoba), Vanuatu, 1496 m
L'activité marque une pause (arrêt ou très forte diminution, je ne saurais dire avec certitude) depuis quelques jours, mais les journaux du Vanuatu titrent qu'elle aurait fait au moins trois victimes malgré tout, dans les trois secteurs les plus récemment touchés: les côtes nord, sud et est.
Deux des victimes seraient mortes suite à un état de choc, après avoir appris qu'elles allaient devoir à nouveau être évacuées. L'une au moins souffrait visiblement d'hypertension et c'est donc la situation de stress intense qui auraient eu raison de leur santé.
La troisième victime est une dame âgée, morte suite au manque d'eau potable et, d'après les journaux, d'un changement trop brusque de régime alimentaire*.
Même si les images satellites du MODIS ont une résolution plutôt faible, elles montrent bien malgré tout la très forte extension des zones impactées par les chutes de cendres, et pluies acides qui vont avec: la surface semble avoisiner les 300 km2, soit grosso modo les 3/4 de l'île*.
Cette petite comparaison d'images montre, même de manière peu précise, l'extension assez importantes des zones touchées par les chutes de cendres. Images: MODIS/NASA |
Espérons que cette activité éruptive soit maintenant terminée, afin que les insulaires puissent, progressivement, réinvestir le territoire auquel ils sont attaché.
* l'image est pas nette et pas dénuée de nuages: ceci est donc une estimation grossière, probablement un maximum et pas un chiffre officiel de toutes manières, il faut bien l'avoir en tête, évidemment, mais ça donne une idée.
Sources: Presse du Vanuatu; MODIS/NASA
Langila, Papouasie-Nouvelle Guinée, 1330 m
L'activité éruptive effusive, dont j'ai décrit les grandes étapes dans ce blog et avait duré de fin 2016 à octobre 2017, a été suivie d'une activité plus faible et difficile à décrire dans le détail. Elle s'est manifestée simplement, du moins sur les images satellites, par un signal thermique relativement intense, suggérant qu'elle est restée magmatique (peut-être une activité strombolienne) et localisée sur le cône appelé "crater 2" (voir ce post pour la localisation). Ce signal a été détecté régulièrement jusqu'en janvier 2018, puis beaucoup moins ce qui suggère une diminution de cette activité.
Des signaux thermiques détectés régulièrement jusqu'en janvier, puis qui s'estompent en grande partie. Image: MIROVA |
Les données sont trop fragmentaires pour permettre d'avoir une idée assez claire de ce qu'il s'est passé entre février et aujourd'hui: fut-ce le calme plat ou y eut-il des manifestations volcaniques autres que du dégazage? Mystère mais en tout cas de nouvelles manifestations ont débuté ces derniers jours: des émissions de cendres, toujours à partir du "Crater 2". Elles restent modérées et les cendres se dispersent rapidement mais elles peuvent gêner l'aviation: il ya une piste atterrissage près de la côte nord, au Cap Gloucester. Certes une piste de brousse, sans la moindre infrastructure, mais qui permet peut-être l'acheminement de biens, de courriers, de personnes, etc. dans cette partie de l'île.
Les émissions de cendres vues par un temps exceptionnellement clair le 09 avril. Image: SENTINEL 2/ESA-Copernicus |
Pour le moment cette activité réduite n'a pas de conséquences importantes sur les personnes qui résident autour de l'édifice et la végétation ne semble pas souffrir de cette activité qui reste modeste pour le moment.
Sources: MIROVA; VAAC de Darwin; SENTINEL 2/ESA/Copernicus
Kilauea, États-Unis, 1222 m
L'activité éruptive ne change pas et continue de se dérouler au sommet, où le lac de lave (ou lac de magma) reste présent et très actif dans le cratère Halema'uma'u, et sur la Rift-Zone Nord-Est, où une partie du magma pointe dehors:
- dans un des Pit Crater du cône Pu'u O'o sous la forme d'un autre lac de lave
- et à l'extérieur du cône sous la forme de coulées de lave qui continuent d'agrandir le champ de lave appelé "61G", qui a entamé sa formation il y aura bientôt deux ans (l'acte de naissance fut un spectaculaire double breakout, souvenez-vous).
La situation à l'Halema'uma'u
Le niveau du lac de magma est plutôt haut depuis plusieurs semaines ce qui permet de voir l'activité de spattering (éclatement des bulles de gaz à la surface du lac et projections de lambeaux de roche en fusion) directement depuis les locaux de l'observatoire.
Après l'effondrement d'un bout de paroi le 19 janvier dernier, d'autres ont eu lieu, dont le plus récent, le 06 avril, qui a eu pour conséquence la destruction de quelques panneaux solaires et la mise en place d'un dépôt qui, visiblement, n'a pas atteint l'ancien parking des visiteurs, fermé depuis l'ouverture du Pit Crater (appelé "overlook") et l'apparition de ce lac de magma il y a eut 10 ans le 19 mars 2018.
Le panache de cendres formé par l'événement fut bien visible depuis l'observatoire.
La situation sur le Pu'u O'o
Les volcanologues de l'observatoire indiquent qu'une inflation régulière et relativement importante s'est manifestée au niveau du Pu'u O'o depuis la fin du mois de mars. Ils n'expliquent par contre pas quelle(s) pourrai(en)t être la (les) cause(s) de cette variation. Il pourrait s'agir d'un afflux progressif de magma car la mesure de déformation montre qu'une phase d'inflation a aussi commencé sous le sommet fin février ou début mars. Et par ailleurs cela est cohérent avec la fait que le niveau du lac de magma d'Halema'uma'u soit élevé actuellement.
Forte déformation (inflation, gonflement) depuis la mi-mars environ sur le Cône Pu'u O'o. Image: HVO/U.S. Geological Survey |
Elle s'accompagne de variations du lac de magma ce qui a eu pour conséquence, au cours du temps, de lui permettre d'ériger un rempart: les volcanologues le décrivent maintenant comme un lac perché ("Perched pond"), qui déborde parfois lorsque son niveau dépasse celui de son rempart.
Le lac de lave perché, son rempart et un débordement vue en imagerie thermique le 13 avril. Image: HVO/U.S. Geological Survey |
La situation sur le champ de lave 61 G
Sa source se trouve sur le flanc est du Pu'u O'o et le magma qui s'échappe de cet évent continue de s'étaler progressivement, jusqu'à la rupture de pente (Pali) qui sépare la zone du Pu'u O'o de la côte Pacifique. Entre janvier et mars, ce fut surtout la frange sud du champ de lave qui fut active, avec une série de breakouts (rupture des tunnels de lave sous la pression de la lave prisonnière) qui ont libéré des volumes relativement importants de roche en fusion et on permis d’agrandir la surface du champ de lave de manière significative. L'occasion pour la société Paradise Helicopters de faire un série d'images magnifiques (mais ont-elles déjà été moches?). Pour le moment cette lave ne parvient toujours pas à arriver sur la plaine côtière: elle n'est donc à priori pas prête d'atteindre l'océan, mais sait-on jamais? Parfois les choses évoluent plus rapidement qu'imaginé.
Pour le moment la situation ne pose aucun problèmes particuliers aux insulaires, la lave coule sur des zones maintenant inhabitées et interdites d'accès.
Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopters
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