La principale difficulté avec des éruptions situées sur une île à laquelle peu de personnes accèdent est d'avoir une idée claire de la situation et de son évolution dans le temps.
D'un point de vue strictement volcanologique, il est par exemple difficile de dire si l'éruption se poursuit, quelle est son intensité, quels sont les phénomènes qui dominent, etc.
C'est l'une des raisons pour lesquelles la surveillance satellite s'est tellement développée ces dernières decennies.
Concernant le Paluweh (Rokatenda), situé en face des côtes de Flores, en Indonésie, les images acquises par le MODIS et LANDSAT 8 donnent quelques informations, forcément incomplètes, mais toujours intéressantes.
Avant de commencer ce post, je vous
propose de faire un point en image sur la zone du Paluweh. Pour cela
j'ai annoté une image Google Earth qui montre la localisation du dôme
actif et les deux principaux couloirs (ravines) impactées par les
écoulement pyroclastiques. Cela vous permettra de mieux visualiser la
suite.
Localisation du dôme et des des couloirs qui canalisent les écoulements pyroclastiques. Image : Google Earth |
Le MODVOLC, tout d'abord, a permis de constater la présence d'anomalies thermiques avant-hier. Elles sont situées aussi bien au niveau du dôme lui-même que dans la vallée qui s'ouvre au pieds de son versant ouest sud-ouest. Il se pourrait donc qu'il y ait encore des effondrements de dôme dans ce secteur mais cela reste à confirmer car la position des anomalies thermiques est parfois sujettes à de légères variations : il pourrait donc s'agir d'une anomalie sommitale mal positionnée.
Les anomalies thermiques repérée par le MODVOLC (données MODIS). Le nord est en haut .Image : MODVOLC. |
La présence de ces anomalies est le signe que l'édifice reste actif car la carapace solidifiée d'un dôme en cours de refroidissement n'émet pas un rayonnement suffisant pour pouvoir être repéré par le MODVOLC.
L'image capturée hier par LANDSAT8 (lancé en février 2013) permet, quand à elle, de voir le panache de dégazage du dôme et d'estimer la surface de la zone impactée par l'éruption. Celle-ci est d'environ 9.5 km², ce qui semble être un maximum.
Pour information : la relativement faible définition de l'image est liée au fait qu'elle est produite à partir, entre autres, de longueurs d'onde thermique (gammes 10.60 - 11.19 µm et 11.50 - 12.51 µm) qui permettent d'atteindre une définition max de 100m/pixel.
Composition colorée LANDSAT 8, acquise le 31 mai. Source : USGS |
Avec les seules images satellites on ne peut pas savoir si les effondrements de dôme se poursuivent et continuent de générer des écoulements pyroclastiques, bien que la présence d'un panache de cendres repéré le 23 mai par le VAAC de Darwin permette de supposer que c'est le cas. Mais attention, ce panache pourrait aussi bien avoir été créé par une phase de dégazage intense, ce que les volcanologues appellent le "Ash Venting".
Ceci étant dit si l'on compare la vidéo tournée le 16 décembre 2012 par Aris Yanto avec une photo mise en ligne sur panoramio le 30 mars 2013 (toutes deux ci-dessous), on peut avoir quelques informations.
Le couloir sud. Photo mise en ligne le 30 mars mais prise à une date indéterminée. Image : Harry Janto |
Tout d'abords on peut constater que le delta de cendres créé par les écoulements pyroclastiques fin décembre, bien visible sur la vidéo, a été largement entaillé par le ruissellement. Cela est sans doute le signe que la fréquence des écoulements pyroclastiques avait déjà diminué avant le 30 mars 2013, date de mise en ligne de la photo. Ce constat est valable au moins dans le couloir sud où la vidéo et la photo ont été prises. On ne peut rien dire sur le couloir sud-ouest sans images.
On peut aussi constater qu'entre le moment où la vidéo et la photo on été prises, les écoulements pyroclastiques ont littéralement dévasté la couverture végétale du couloir sud. Dans la partie amont, il ne reste rien de la végétation luxuriante qui s'accrochait à la roche avant l'éruption. Dans sa partie aval, côtière, seul le versant est du couloir (à droite de la photo) a été fortement impacté.
Au vu de ces données, on peut dire que l'activité semble se poursuivre au Paluweh et que le dôme reste actif. Mais il est impossible de dire avec certitude si les écoulements pyroclastiques sont encore présents et il semble que l'activité soit maintenant modérée.
Le VSI, en tout cas, maintient le niveau d'alerte à l'orange.
Sources : Aris Yanto; VSI; Google Earth, Panoramio; USGS; MODVOLC
Toute ressemblance avec Montserrat (couloirs, coulées, delta de cendres et chute en mer) est fortuite...
RépondreSupprimer