7 mai 2019

Un point sur l'activité des volcans Sinabung et Nyamulagira

Sinabung, Indonésie, 2460 m

Après quasiment une année de calme complet, une nouvelle phase d'activité s'est déroulée en tout début de matinée. Elle a duré assez longtemps (près de 50 minutes) et n'a visiblement généré aucune panique particulière chez les résidents alentours qui, depuis 2013, se sont habitués à l'activité du volcan situé sur le site où ils sont installés.
La dernière émission de cendres a été émise, d'après le site MAGMA, le 26 juin 2018 et plus rien ne s'était produit depuis. Toutefois les volcanologues Indonésiens avaient maintenu le niveau d'alerte à son maximum (4/4, rouge, AWAS), le système volcanique continuant à montrer des signes chroniques d'instabilité, notamment une sismicité supérieure à la normale dominée par le dégazage, qui est resté important, et par une sismicité interne peut-être due aux mouvements de fluides.

La sismicité globale (et les différentes sources responsable des différents types de secousses en différentes couleurs) depuis février 2019. Image: MAGMA

Cette activité est décrite sur les réseaux sociaux pour avoir démarré vers 07h48 (heure locale) mais le sismogramme (MAGMA) place le départ de l'émission de cendres vers 06h48 (heure locale) pour une fin vers 07h25 (heure locale): il y a là un petit mystère à résoudre pour cette heure de décalage. D'autant plus que le VAAC de Darwin indique la présence d'un petit panache à 23h20 TU, soit 06h20 heure locale).

Le sismogramme des 06 et 07 mai 2019: la partie agitée en bas correspond à l'émission de cendres. Les zones rouges sont simplement des zones où le sismogramme est saturé: ça ne parque pas un événement en particulier. Image. MAGMA

Il est (toujours) intéressant de noter l'écart qu'on peut avoir entre l'impression donnée par les photos prisent sur le terrain et l'impression donnée par le même événement observé hors du terrain. 
Je m'explique.
Voici les images que Mr Sutopo Purwo Nugroho du BNPB (l’organisme en charge de la gestion des risques naturels notamment) a faites passer ce matin peu après l'événement. L'ambiance est impressionnante: très sombre sous le panache, où il est quasiment nuit; chutes de cendres importantes au sol; panache dense, fortement chargé.


Panache sombre, dense, très chargé en cendres. Image: Ricky, via Sutopo Purwo Nugroho

Chutes de cendres assez importantes sous le panache.  Image: Ricky, via Sutopo Purwo Nugroho


Mais on peut légitimement être étonnés de lire sur le bulletin du VAAC de Darwin: "discrete eruption" quand on voit ces images. Il se trouve que la plupart du temps le VAAC de Darwin se base d'abord sur les données satellites, complétées avec les infos des observatoires et les webcams évidemment, pour élaborer les bulletins. Or c'est vrai que vue depuis l'espace, cette phase parait vraiment discrète: quasiment imperceptible.




Il y a  donc un décalage important entre l'impression donnée par les images, qui induit une idée de très haute intensité du phénomène, et les dimensions du phénomène vu de l'espace, quasiment impossible à repérer.

Pour l'heure difficile de dire si cette séquence est éruptive (émission de magma neuf) ou non. Difficile de dire aussi comme ça si elle peut être considérée comme signe précurseur d'une futur phase éruptive plus intense. Ce qui est clair par contre c'est que le niveau d'alerte 4 est vraiment justifié malgré plusieurs mois de calme. Car le système volcanique ne semble pas encore arrivé  à la stabilité.

Affaire à suivre, évidemment.

Sources: Sutopo Purwo Nugroho/BNPB; Himawari 8; MAGMA Indonesia

Nyamulagira, République Démocratique du Congo, 3058 m

L'activité éruptive qui a débuté en avril 2018 se poursuit sur ce magnifique volcan-bouclier de République Démocratique du Congo. Il s'agit toujours, essentiellement, d'une activité effusive qui (par définition) produit des coulées de lave dont l'accumulation remplit petit à petit le Pit Crater sommital. Dans le post du 23 février dernier j'évoquais rapidement le fait que le remplissage dudit Pit Crater allait bon train et qu'il fallait surveiller le débordement. Il a eu lieu, à la mi-avril, un peu avant la date anniversaire du départ de l'éruption et un couple d'image SENTINEL 2 permet de le voir. Bon: rien de très spectaculaire: il est vraiment limité puisque la lave ne s'est étalé que sur une cinquantaine de mètre sur le plancher de la caldera. Mais cela signifie aussi que, sauf accident, il peut-être envisagé de nouvelles phases de débordements dans les semaines-mois qui viennent.



Comme "accident" deux scénarios principaux peuvent être envisagés:
- la fin de l'éruption, qui mettrait fin aux possibilités de débordement de facto
- une éruption fissurale sur les flancs qui purgerait le conduit principal, et entrainerai très vraisembablement un affaissement et donc approfondissement du Pit Crater.

Et si l'on s'en tient à l'impression donnée par le MIROVA, la première solution semble se profiler car la puissance du signal thermique a fortement diminué depuis la mi-avril justement (peu après la phase débordement).

Evolution de la puisssance du rayonnement thermique depuis un an: baisse drastique depuis la mi-avril. Image: MIROVA


Source : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; MIROVA

1 commentaire:

  1. Effectivement sous le nuage il faisait pratiquement nuit et la visibilité était de l'ordre de 10 m. Mais cela était très localisé quelques centaines de mètres plus loin la visibilité était bonne
    Comme vous le dite les gens ont continué leurs travaux dans les champs une fois le nuage passé
    Une distribution de masques a été organisée très rapidement, les voitures/motos étaient arrêtées pour remettre des masques en tissus

    RépondreSupprimer