31 mai 2019

Un point sur l'activité des volcans Etna (mis à jour), Poàs et Agung

Je sais pas si c'est moi mais c'est toujours quand il ne le faut surtout pas qu'une box tombe en rade.

Etna, Italie, 3330m

C'est une (bonne) surprise de voir, après avoir pu obtenir à nouveau un accès au réseau, qu'une éruption eu lieu sur l'Etna, à nouveau sur la zone sommitale. Éruption assez similaire à celle de décembre 2018 avec une extension toutefois plus importante qu'en décembre. Cette éruption a débuté dans la nuit du 29 au 30 mai et s'est poursuivie jusqu'à la nuit du 30 au 31 mai.

Elle démarre à 01h12 TU par l'ouverture d'une fissure éruptive à la base du versant nord-est du Nouveau Cône Sud-Est. De cet évent s'échappe une coulée de lave qui part en direction du nord-est puis, arrivée près du rempart de la Valle del Bove, bifurque plein est et poursuit sa course jusque dans la matinée du 31 mai, où elle s'arrête après avoir parcouru 2000m environ.

La coulée de lave nord peu après le départ de sa formation. Image: INGV
Vers 03h39 TU la fracture éruptive, qui s'est propagée entre temps en direction du sud en passant à travers le Nouveau Cône Sud-Est (NCSE), s'ouvre à la base du versant sud de ce dernier. De ce second évent démarre une activité strombolienne et la mise en place d'une coulée de lave, dont le débit est supérieur à celui qui alimente la coulée nord. Cette coulée sud recouvre en partie les coulées du mois de décembre et, comme ces dernières, descend dans la Valle des Bove en longeant une crête nommée Sierra Gianicola Grande. Cette fracturation se poursuit et la première fracture est rapidement accompagnée de l'ouverture d'une seconde fracture éruptive en contrebas et dans le prolongement de la première.

La coulée de lave sud peu après le départ de sa formation. Image: INGV
Les deux zones de fractures éruptives au pied du versant sud du NCSE. Image: Boris Behncke


Et le démarrage de cette activité éruptive, sur la fracture amont, au pied du versant sud du NCSE, d'où s'échappent des cendres sur la séquence.



Sur le Nouveau Cône Sud-Est lui-même une activité explosive, strombolienne, se déroule aussi et génère un panache de cendres décrit par l'INGV comme dense, comprenez très chargée en cendres, ce qui indique une activité explosive soutenue. Toutefois ce ne semble pas être un panache de cendres aussi imposant que ce qui a pu être produit lors de paroxysmes précédents.
Ce panache de cendres n'est pas directement visible en raison de nuages qui ont beaucoup gêné la vue, mais l'image SENTINEL 2 prise le  30 mai permet de constater sa présence: il s'étire alors vers le nord-est, et le panache est déjà pas mal dilué en franchissant la ligne de côte Sicilienne. L'image étant composée avec différentes longueurs d'onde infrarouges, les deux coulées sont bien visible.

Le panache de cendres et les coulées de lave à leur extension maximale, vers la fin de l'éruption. Image: SENTINEL2-ESA/Copernicus

Au cours de l'éruption, des explosions assez impressionnantes, visiblement dues à l'arrivée de grosses bulles de gaz, ont eu lieu sur la fracture sud, projetant blocs, bombes, lambeaux de toute taille aux alentours de la fracture. On les distingue sur des images des caméras thermiques de l'INGV notamment, quand la couverture nuageuse le permet.

Éclatement d'une grosse bulle de gaz sur la fracture sud. Image: INGV

Cette activité éruptive a progressivement diminué d'intensité au cours de la journée du 31 mai, avec notamment l'arrêt de l'activité explosive sur le NCSE. Toutefois le trémor n'est pas encore revenu à un niveau habituel et les coulées sont peut-être toujours alimentée: les nuages ne permettent pas de la savoir pour le moment.

Aller: encore une petite séquence pour le plaisir!




Mise à jour, 01 juin 2019, 07h27

Malgré la couverture nuageuse qui continue de boucher le sommet de l'édifice, il est clair que l'effusion se poursuit, mais uniquement sur la fracture sud. Le débit semble encore assez important.
Difficile de dire pour le moment si une activité explosive se poursuit aussi sur la fracture

La coulée sud visible dans la Valle del Bove, malgré quelques nuages. Image: Protection Civile de Giarre


Sources: INGV; Boris Behncke; SENTINEL2-ESA/Copernicus; PassioneEtna; Protection Civile de Giarre

Poàs, Costa-Rica, 2708 m

Ces derniers jours ont été marquée par une instabilité accrue du système hydrothermale, qui avait déjà connu un peu plus tôt dans l'année, une phase de perturbation.
Cette petite crise a été marquée par la mise en place de panaches de "vapeur" d'eau accompagnés parfois de jets de boue au niveau du cratère actif.

Jet de boue accompagné d'un imposant panache riche en eau. Image: OVSICORI
Cette activité reste faible mais traduit une instabilité dont la cause n'est pas déterminé:

- si le système hydrothermal se déstabilise seul, l'activité est hydrothermale
- si l'instabilité est due à des mouvementes de magma, l'activité est dite phréatique.

Et souvent le terme "phréatique" est employé y compris dans le cas d'une activité purement hydrothermale, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a aucun mouvement particulier de magma, et donc pas de risque d'éruption à cours terme.
Cette confusion est principalement due au fait que, vue de l'extérieur, les deux dynamismes ont des apparences similaires et que ce n'est qu'en contextualisant avec d'autres observation (données de sismicité et de déformation par exemple) que la distinction peut-être faite.

En tout cas la phase d'explosion de boue du 31 mai a déclenché la décision d'interdire, temporairement, l'accès aux touristes.

Source: OVSICORI-UNA

Agung, Indonésie, 3142 m

Nouvelle explosion le 31 mai, à l'origine d'un panache de cendres haut d'environ 2000 m (altitude estimée à un peu plus de 5000m). Le grondement lié à l'explosion a été entendu au poste d’observation du VSI d'après le rapport publié par les volcanologues. Cette explosion, similaire en intensité à celles des semaines précédentes, indique que le système volcanique est toujours en déséquilibre actuellement et justifie l'interdiction d'accès au sommet. Il n'y a effectivement pas moyen de savoir à l'avance quand auront lieu ces explosions. Or les projections qu'elles produisent arrosent fréquemment les hautes pentes du stratovolcan.

Le panache de cendres vu depuis l'observatoire volcanologique. Image:VSI

Le panache de cendres et sa dispersion suivis depuis l'espace. Image: Himawari 8

Après l'explosion un signal thermique plus intense a été détecté par le MIROVA ce qui est logique: les projections à haute température, accumulés autour du point d'explosion, sont une source de chaleur importante pendant quelques heures. J'essaierais de voir si ce signal ne peux pas avoir d'autre source, bien évidemment.

4 commentaires:

  1. On devrait se cotiser pour ta box ! ;) Merci pour les compléments d'infos !

    Bonne soirée,

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    1. Ah mais si tu organises une cagnotte, je suis pas contre ! :) @+

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  2. Merci pour toutes ces infos :)

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