21 novembre 2018

Volcan Veniaminof: l'éruption devient plus explosive! (Mis à jour)

L'activité éruptive qui a débuté en septembre s'est poursuivie jusqu'à présent sans montrer de signes d'affaiblissement, et est toujours restée plutôt faible à modérée, marquée par une activité explosive strombolienne et une effusion (coulée de lave).
Toutefois l'Alaska Volcano Observatory a élevé les niveaux d'alerte à leur maximum (rouge pour l'aviation et "Warning" pour l'alerte volcanique) en raison d'un changement assez rapide de l'explosivité de l'éruption aujourd'hui.
A en croire les images satellites ce pic d'activité a débuté vers 10h30 TU, formant un long panache de cendres, continue, qui s'est progressivement étiré au fil des heures jusqu'à une distance de plus de 200 km en direction du sud-est. L'altitude atteinte par les cendres est estimée entre 4500 et 5000 m.

Le panache de cendres s'étire vers le sud-est. Image: Himawari8-NOAA/CIMSS

La quantité de cendres émise est visiblement très importante, c'est en tout cas ce que suggèrent les images prisent par la webcam de Peryville (quand les nuages ne gênent pas la vue).

Le panache de cendres vu depuis Perryvill.Image: FAA

La question qui peut se poser est simple: pourquoi un changement aussi brusque d'activité après des semaines d'éruption stable (j'ai fait passer quelques images satellites depuis septembre sur twitter)?

La réponse pourrait être: l'eau.

Depuis le départ cette éruption alimente une effusion qui interagit fortement avec la calotte de glace qui remplit la caldera du Veniaminof. Il serait intéressant d'avoir des informations concernant les détails de cette interaction, mais il est vraisemblable que l'eau de fonte puisse suivre plusieurs trajets différents:

- une partie de l'eau peut être retenue (si le débit d'eau liquide produite par la fonte est supérieur au débit de l'eau qui s'échappe par exemple).

- une partie de l'eau peut s'écouler à la base du glacier

- une autre partie de l'eau peut s'infiltrer dans les roches, probablement poreuses (dépôts de cendres anciens, coulées de lave anciennes etc)situées sous la couche de glace.

Imaginez donc que plusieurs semaines de fonte de glace puisse permettre à une partie de cette eau de s'infiltrer jusqu'au dyke (fissure pleine de magma, ou "cheminée volcanique" si vous voulez) qui alimente l'éruption: l’interaction, sous terre, entre cette eau et le magma peut conduire à augmenter rapidement l'explosivité. Une situation qui se classe dans la catégorie "phréatomagmatisme" en volcanologie.

Je précise qu'il ne s'agit que d'une hypothèse et qu'il faut attendre les observations et interprétations de l'Alaska Volcano Observatory pour avoir une explication claire de cette situation.
Dont l’évolution est à surveiller, évidemment.

Mise à jour, 22 novembre, 6h53

L'épisode de très forte émission de cendres a pris fin, presque aussi rapidement qu'il avait débuté, vers 23h40 TU d'après les images prisent par la webcam de Perryville: elle a donc duré environ 13h00. Je vous met un montage de trois images qui couvrent les 40 dernières minutes de cette phase un peu particulière.

La fin assez rapide de l'émission de cendres. Images: FAA
Au cours de ces 13h00, le panache produit a pu s'étirer sur plus de 600 km de long au-dessus du Pacifique Nord, sans causer de problèmes particuliers. Pour le moment les alertes restent à leur maximum mais les volcanologues referons un point dans quelques heures pour voir si ils les maintiennent ou les abaissent.

Le long  panache de cendres produit pendant le pic d'activité. Image: MODIS/NASA
Sources: AVO/USGS; FAA; Himawari 8 - NOAA/CIMSS; MODIS/NASA

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