5 septembre 2018

La situation évolue sur le volcan Veniaminof (mis à jour x2)

Ces derniers jours l'activité sur le volcan Veniaminof (États-Unis, Alaska) a montré des signes clairs d'instabilité, pour la première fois depuis juin 2013. Les volcanologues de l'Alaska Volcano Observatory (AVO)ont donc tout naturellement fait évoluer les niveaux d'alerte en conséquence.
Tout a commencé par un bulletin de l'AVO qui indiquait que depuis le 2 septembre la sismicité sur le Veniaminof était en nette hausse avec, en particulier, la présence d'un signal de type trémor enregistré sur les appareils.

Enregistrement d'un trémor sur les sismomètres le 02 septembre. Image: AVO/USGS
 
Cela suggère à ce moment là que du magma pourrait être en route vers la surface et les niveaux d'alerte sont élevés d'un cran, le niveau pour l'aviation étant passé au Jaune, et l'alerte volcanique est élevée à "Advisory".

Quelques heures plus tard un nouveau bulletin indique que les niveaux d'alerte sont élevés d'un cran supplémentaire (Orange pour l'aviation; "Watch" pour l'alerte volcanique) car un dégazage pulsant contenant de faibles quantités de cendres, est détectée grâce à la webcam installée à Peryville (30 km au sud-est de la zone d’activité) et gérée par la Federal Aviation Administration.

Sur ce gif animé on voit le dégazage pulsant, contenant peut-être un peu de cendres, émis depuis le cône actif situé dans la caldera. Images: FAA
A ce stade rien n'indique que la situation soit éruptive, c'est-à-dire que du magma soit en cours d'émission, car aucun signal thermique n'est détecté. Les émissions de cendres pourraient n'être que des débourrages de conduits, mais l'arrivée du magma peut se faire assez rapidement et la situation reste sous surveillance. Les émissions de cendres ne génèrent pas de risques importants pour les habitants de Perryville, situés trop loin, mais peuvent causer des soucis pour l'aviation si elles deviennent trop intenses.
Par ailleurs la présence de glace dans la caldera pourrait rendre l'activité plus explosive (phréatomagmatisme) et est un des facteurs pouvant produire des quantités de cendres importantes même avec une activité modérée (rappelez-vous Eyjafjöll 2010).


Mise à jour, 09 septembre 2018, 08h04

Celles et ceux qui me suivent sur twitter ont déjà l'info mais une mise à jour me parait nécessaire pour tout le monde: il semble que l'activité éruptive a démarré sur le cône actif du Veniaminof. Depuis hier les images prisent par la webcam installée a Perryville montrent, sur le cône actif, une lueur d'incandescence. Pour l'heure elle n'est pas reliée à un phénomène en particulier mais il pourrait s'agir d'une activité explosive faible, strombolienne éventuellement. Il faudra attendre soit des données satellites soit des photo aériennes ou réalisées au téléobjectif pour avoir plus de détails sur la situation.

Incandescence faible visible sur la webcam au matin du 08 septembre 2018. Image: FAA

Mise à jour n°2, 09/09 à 15h56

Il fallait des données plus précises que les images de la webcam? Le satellite SENTINEL 2 en a produit hier (dispos depuis aujourd'hui seulement), données qui montrent, grâce à la détection des divers longueurs d'ondes et en particulier celles de l'infrarouge thermique, la présence d'une coulée de lave. Comme en 2013 (et les éruptions précédentes aussi je crois me souvenir), l'effusion se déroule sur le versant sud-est du cône actif.
La coulée semble courte mais attention : il est possible que, selon configuration (notamment la position du manteau de neige et glace) la coulée ait été capable de se frayer un passage assez rapidement sous la couverture de neige et glace. Car n'oublions pas que la manière dont une coulée progresse en interaction avec la glace est dépendant de plusieurs facteurs dont l'épaisseur de la couche de glace et la vitesse de progression de la coulée (liée au débit notamment). Une image montrant un champ de vision plus restreint permet de voir la présence de cette coulée. Pour l'heure il ne semble pas y avoir de fractures visibles à la surface de al couche de glace, fractures qui seraient liée à la fonte. Mais cela peut mettre un peu de temps apparaitre et l'image a vraisemblablement été prise qu'assez peu de temps après le départ de l'éruption.

La coulée de lave est bien visible grâce à son rayonnement thermique (elle n'est pas visible directement en couleurs naturelles). Image: SENTINEL 2-ESA/Copernicus
Sources: AVO/USGS; FAA; SENTINEL 2-ESA/Copernicus

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