Commençons par le plus simple
Sierra Negra, Equateur-Galàpagos, 1124 m
L'activité éruptive qui avait débuté de manière spectaculaire en juin dernier s'est arrêtée au début du mois de septembre. Éruption frustrante tout de même car très peu d'images ont été faites alors qu'elle fut d'une ampleur tout à fait comparable à celle du Kilauea (phase Leilani Estates entre mai et août): il a donc été peu aisé d'en suivre toutes les étapes, contrairement au temps réèl permis par la surveillance dense du Kilauea.
Si l'on compare ces deux éruptions on a pas mal de points communs :
- très similaires dans leur dynamisme: fissure éruptive au départ qui se focalise sur un évent principal , fontaines de lave et coulées qui couvrent de vaste surfaces
- toutes deux produites sur des îles volcaniques résultats de points chauds (viscosité et production de magma similaire)
- surface couverte par les coulées: ~ 35 km² pour le Kilauea et 30.6 km² pour le Sierra Negra.
Carte des coulées de l'éruption de 2018. Image:IGEPN |
Une différence significative toutefois: l'éruption du Sierra Negra a couvert une surface similaire à celle du Kilauea, mais en 39 jours de moins! Cela résulte essentiellement du fait que les deux éruptions n'ont pas démarré de la même manière.
La phase "Leilani Estates" de l'éruption du Kilauea a débuté lentement, progressivement en plusieurs jours.
Par contre l'éruption au Sierra Negra s'est produite en deux étapes:
- une première qui n'a duré qu'une seule journée, mais qui fut particulièrement intense, largement plus qu'au Kilauea puisque c'est à ce moment-là qu'un ensemble de 5 fractures éruptives distinctes s'ouvrent, toutes espacées de plusieurs kilomètres. Le débit de l'effusion sur ces fractures est très important. La lave émise par la fracture n°1 (la plus en amont, celle qui a coupé la caldera), qui n' fonctionné qu'une seule journée, a couvert plus de 14,6 km²!!
Durant cette même journée les 4 autres fissures se sont ouvertes et produit des coulées de lave
- une seconde qui a démarré au jour n°2 de l'éruption: toutes les fissures s'arrêtent de fonctionner, sauf la n°4 (la plus en aval) qui continue de libérer le flux de magma et ce jusqu'à la fin de l'éruption. Au cours des 57 jours qu'a duré cette seconde phase, ce sont environ 13.3 km² qui ont été couverts par la lave de cette fissure.
Si l'on compare les deux éruptions ont a donc:
- Kilauea: un phase unique qui dure 98 jours et couvre une surface de 31,5 km², soit une moyenne de 0.32 km² couvert chaque jour.
- Sierra Negra: une première phase d'une seule journée où environ 17km² ont été couverts par les laves émises des fissures 1-2-3 4 et 5, soit une moyenne de...17km² par jour couverts de lave!!! Et une seconde phase de 57 jours (fissure 4 seule) durant laquelle 13,3 km² ont été couverts soit une moyenne de 0.23 km² par jour, donc du même ordre de grandeur qu'au Kilauea.
On voit donc bien que la différence de 39 jours décrite plus haut est d'abord dû au démarrage différent des deux éruptions, avec un débit global bien plus élevé au Sierra Negra qu'au Kilauea au cours des premières heures.
- une première qui n'a duré qu'une seule journée, mais qui fut particulièrement intense, largement plus qu'au Kilauea puisque c'est à ce moment-là qu'un ensemble de 5 fractures éruptives distinctes s'ouvrent, toutes espacées de plusieurs kilomètres. Le débit de l'effusion sur ces fractures est très important. La lave émise par la fracture n°1 (la plus en amont, celle qui a coupé la caldera), qui n' fonctionné qu'une seule journée, a couvert plus de 14,6 km²!!
Durant cette même journée les 4 autres fissures se sont ouvertes et produit des coulées de lave
- une seconde qui a démarré au jour n°2 de l'éruption: toutes les fissures s'arrêtent de fonctionner, sauf la n°4 (la plus en aval) qui continue de libérer le flux de magma et ce jusqu'à la fin de l'éruption. Au cours des 57 jours qu'a duré cette seconde phase, ce sont environ 13.3 km² qui ont été couverts par la lave de cette fissure.
Si l'on compare les deux éruptions ont a donc:
- Kilauea: un phase unique qui dure 98 jours et couvre une surface de 31,5 km², soit une moyenne de 0.32 km² couvert chaque jour.
- Sierra Negra: une première phase d'une seule journée où environ 17km² ont été couverts par les laves émises des fissures 1-2-3 4 et 5, soit une moyenne de...17km² par jour couverts de lave!!! Et une seconde phase de 57 jours (fissure 4 seule) durant laquelle 13,3 km² ont été couverts soit une moyenne de 0.23 km² par jour, donc du même ordre de grandeur qu'au Kilauea.
On voit donc bien que la différence de 39 jours décrite plus haut est d'abord dû au démarrage différent des deux éruptions, avec un débit global bien plus élevé au Sierra Negra qu'au Kilauea au cours des premières heures.
Dans les deux cas par contre les coulées ont ajouté une surface non négligeable aux îles, que les différents être vivants vont progressivement coloniser: un exemple tout à fait intéressant aux Galápagos, zone protégée justement pour l'étude du fonctionnement des écosystèmes qu'on y trouve, l'étape n°1 de la mise en place des écosystèmes étant l'éruption volcanique.
Sources: IGEPN; SENTINEL2-ESA/Copernicus
Sarychev Peak, Russie (Kouriles), 1496 m
Bon: cette année a posé des questions concernant cet édifice puisque le MIROVA a détecté de manière irrégulière depuis le mois de juin, des émissions de chaleur sur l'édifice et que, par ailleurs, il semblait bien que de le cratère montrait des signes de températures relativement élevées sur les images des satellites SENTINEL2 et LANDSAT8.
Il se trouve par ailleurs que le KVERT a décidé d'élever le niveau d'alerte aviation du Sarychev Peak au jaune le 12 septembre, puis à l'orange le 14 septembre suite à une succession d'émissions discrètes de cendres, détectées aussi par le VAAC de Tokyo, qui a estimé leur altitude de déplacement à environ 3000m, panaches rapidement dispersés.
Avoir une idée concrète de ce qu'il se passe depuis plusieurs mois sur l'édifice n'est pas possible mais il s'agit vraisemblablement d'une activité plutôt faible, discrète.
On peut lire sur les réseaux sociaux que le cratère sommital de l'édifice est plein mais attention: ce n'est pas l'épisode en cours qui est responsable. Le cratère s'est en réalité remplit en 2017, lors de la précédente éruption* à tel point que la lave a débordé, formant la coulée décrite dans le post publié à l'époque**. Un petit gif animé réalisé à partir des images radar du satellite SENTINEL 1 permet de voir ce remplissage à l'époque.
Bilan: le massif volcanique du Sarychev Peak dans les Kouriles semble être le siège depuis plusieurs mois d'une activité qu'il est difficile de décrire avec précision. Éruptive ou pas? Et si oui: de quelle nature, quel dynamisme, etc?
* "précédente" si tant est que la situation en cours est bien une éruption, ce qui semble être le cas mais plus de détails serait encore mieux.
** à l'époque le KVERT n'a modifié aucun niveau d'alerte malgré la mise en place d'un volume non négligeable de lave dans le cratère
Sources: SENTINEL 1 et SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; KVERT
Avoir une idée concrète de ce qu'il se passe depuis plusieurs mois sur l'édifice n'est pas possible mais il s'agit vraisemblablement d'une activité plutôt faible, discrète.
On peut lire sur les réseaux sociaux que le cratère sommital de l'édifice est plein mais attention: ce n'est pas l'épisode en cours qui est responsable. Le cratère s'est en réalité remplit en 2017, lors de la précédente éruption* à tel point que la lave a débordé, formant la coulée décrite dans le post publié à l'époque**. Un petit gif animé réalisé à partir des images radar du satellite SENTINEL 1 permet de voir ce remplissage à l'époque.
Remplissage progressif du cratère fin 2017. Images: SENTINEL 1/ESA/Copernicus |
Bilan: le massif volcanique du Sarychev Peak dans les Kouriles semble être le siège depuis plusieurs mois d'une activité qu'il est difficile de décrire avec précision. Éruptive ou pas? Et si oui: de quelle nature, quel dynamisme, etc?
* "précédente" si tant est que la situation en cours est bien une éruption, ce qui semble être le cas mais plus de détails serait encore mieux.
** à l'époque le KVERT n'a modifié aucun niveau d'alerte malgré la mise en place d'un volume non négligeable de lave dans le cratère
Sources: SENTINEL 1 et SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; KVERT
Piton de la Fournaise, France (Réunion), 2632 m
Que dire sinon que l'éruption se poursuit. L'activité est restée globalement stable avec trois fontaines de lave (activité explosive) au niveau de la fissure éruptive et une effusion dont le débit a légèrement diminué depuis deux jours puisqu'estimé par l'OVPF a 1 à 3 m3/ seconde hier alors qu'il était estimé à entre 2 et 5 m3/seconde le 21 septembre. Si le débit de l'effusion était assez important pour maintenir alimenté le même chenal de lave entre les 17 et 21 septembre, la baisse du débit s'est traduite entre autres par la mise en place, depuis le 22 septembre, de plusieurs bras successifs à partir du cône. Malgré tout ces quelques coulées successives ont toutes prises jusqu'à présent la même direction, à savoir une bifurcation vers le sud-est dès la sortie de la fissure.
Toutefois hier en seconde partie d'après-midi un événement au niveau de l'évent actif a provoqué un changement rapide de direction de la coulée: le bras qui partait en direction du sud-est (à gauche sur la comparaison ci-dessous) s'est rapidement tari et a laissé place à un nouveau bras qui s'est dirigé plein sud (à droite), face au Piton de Bert. Puis en cours de journée, juste en aval du point de sortie de la coulée, le nouveau chenal s'est tari et un nouveau bras de lave est partit à nouveau en direction du sud-est. Des changements rapides ont donc eu lieu au cours des 24 dernières heures.
L'activité de fontaines de lave, soutenue jusqu'à hier, a visiblement aussi été affectée par ces événement et semble bien moins importante aujourd'hui.
L'activité de fontaines de lave, soutenue jusqu'à hier, a visiblement aussi été affectée par ces événement et semble bien moins importante aujourd'hui.
Le cône de scories et de spatters (morceaux de lave qui retombent encore mous et se soudent les uns aux autres) continue de grandir autour de la fissure, alimenté par les projections des fontaines: sa hauteur était estimée à 30 m.
Sa morphologie particulière, avec un versant quasiment vertical, a incité les volcanologues de l'OVPF à s'interroger sur la stabilité des parois de ce cône, dont certaines parties sont apparues fracturées (la verticalité d'un tas de morceaux n'est jamais une bonne chose).
Le cône et sa forme particulière en raison d'une paroi quasiment verticale, vu le 21 septembre. Image: OVPF/IPGP |
Quelle peut-être la cause du changement observé hier? Les images de la webcam du Piton de Bert sont malheureusement de moins bonne qualité aujourd'hui, non pas que la météo soit moins bonne* mais parce que le vent rabat le panache de gaz en direction de la webcam, qui elle-même fait face au soleil. Du coup les moment où des détails peuvent être perçus sont rares.
Mes yeux me trompent peut-être du coup, mais j'ai tout de même l'impression que le cône de scories a changé de morphologie, en particulier au niveau de l’égueulement. Il n'est pas impossible qu'un bout de la partie aval du rempart ouest se soit affaissé et ait été détruit. Si cela se confirme, peut-être y a-t-il un lien avec le changement de direction rapide opéré par la coulée.
Cela nécessite toutefois des précisions, et le prochain bulletin de l'OVPF en fournira peut-être.
* pour une fois que la météo reste parfaite durant toute l'éruption!!!!
Mes yeux me trompent peut-être du coup, mais j'ai tout de même l'impression que le cône de scories a changé de morphologie, en particulier au niveau de l’égueulement. Il n'est pas impossible qu'un bout de la partie aval du rempart ouest se soit affaissé et ait été détruit. Si cela se confirme, peut-être y a-t-il un lien avec le changement de direction rapide opéré par la coulée.
Cela nécessite toutefois des précisions, et le prochain bulletin de l'OVPF en fournira peut-être.
* pour une fois que la météo reste parfaite durant toute l'éruption!!!!
Sources: OVPF/IPGP;
Bonjour,
RépondreSupprimerUne précision concernant la Fournaise, ce n'est pas la baisse du débit qui permet la formation de "plusieurs bras successifs" mais bien les fluctuations de celui-ci. En effet, un débit bas entraînerait simplement un écoulement modeste dans le chenal.
Les images ce soir confirment que le cône est désormais refermé. L'égueulement s'est comblé hier a priori, probablement car un toit (lave pahoehoe) s'est formée à ce niveau, permettant aux projections d'édifier un rempart.
Par ailleurs, le changement de configuration de l'activité effusive est pour moi plutôt à mettre en relation avec un événement dans le chenal principal car la première centaine de mètres de la coulée est équivalente avant et après "l'évènement". Il s'est peut-être comblé, fracturé... en tout cas il n'y a plus d'incandescence à ce niveau ! Enfin, le changement ne s'arrête pas là car ce soir, c'est un champ de lave assez différent qui se met en place avec plusieurs résurgences assez rapides dès la sortie du tunnel (qui se voit maintenant très bien)...
A suivre !
Salut CV,
RépondreSupprimerLe MIROVA continue d'indiquer régulièrement des anomalies thermiques assez fortes sur le Sierra Negra. L'éruption serait-elle vraiment terminée ?
A+
Map
Salut Mapuche! Des signaux thermiques continuent en effet d'être détectés mais il s'agit d'une chaleur résiduel du champ de lave, qui est vaste et va probablement mettre un peu de temps à se refroidir complètement. Un phénomène déjà observé aussi pour Wolf par exemple. Par ailleurs il semble que d'autres phénomènes soient capables d'exciter les capteurs infrarouges et générer des "signaux thermiques" parfois.
Supprimer@+!
CV
Merci à toi CV ! C'est clair, comme toujours ! Ciao
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