Kilauea, États-Unis, 1222 m
L'activité éruptive reste globalement stable avec un fort débit au niveau de la fissure 8, qui continue d'alimenter le chenal principal du champ de lave en construction. Par contre la période d'obstruction de ce chenal qui a commencé début juillet, a conduit à modifier substantiellement le cours de la coulée.
Depuis le 09 juillet en effet, une partie du chenal principal, en l'occurence la portion située au pied du versant nord-ouest de l'ancien cône de Kapoho (au fond duquel se trouvait le Green Lake, évaporé il y a quelques semaines, cf ce post, mise à jour n°27) déborde et a produit un nouveau chenal qui a progressé en longeant le pied du versant ouest du cône Kapoho puis a filé droit vers l'océan, détruisant au passage Ahalanuhi Park, une belle zone balnéaire. L'arrivée en grande quantité de lave sous l'eau à cete endroit a provoqué la formation de coulées sous-marine qui, à certain moment étaient le siège d'explosions phréatomagmatiques, simulant de petites explosions surtseyennes à quelques dizaines de mètres de la côte, avec projections de blocs (voir 44ème seconde de la vidéo ci-dessous).
July 12, 2018 Aloha Oe Ahalanui-Kua O Ka La from Mick Kalber on Vimeo.
La comparaison d'images satellites ci-dessous, produite à partir des données du satellite SENTINEL 2, permet de voir le changement de cap de la coulée au niveau du cône Kapoho, entre les 07 et 12 juillet.
July 12, 2018 Aloha Oe Ahalanui-Kua O Ka La from Mick Kalber on Vimeo.
La comparaison d'images satellites ci-dessous, produite à partir des données du satellite SENTINEL 2, permet de voir le changement de cap de la coulée au niveau du cône Kapoho, entre les 07 et 12 juillet.
Le premier chenal principal du delta continue malgré tout d'être alimenté, mais en tunnels, car des fronts de coulée sont toujours actifs sur le delta côtier. L'un d'entre eux, situé tout au nord du delta de lave, alimente d'ailleurs une partie sous-marine de ce dernier, dont la surface a émergé probablement sous deux effets conjoints:
- un gonflement due à la mise ne pression de l’intérieur de la coulée. Ce soulèvement est appelé "tumulus". Une cause interne à la coulée donc.
- une accumulation de courtes fuites sur ce tumulus qui ont probablement aussi provoqué sa croissance verticale: une cause externe donc.
D'ailleurs certaines fuites étaient visibles le 13 juillet sur ce tumulus, îlot temporaire qui sera bientôt raccordé à Big Island si la coulée ne s'arrête pas à cet endroit.
La surface ajoutée par le delta de lave à Big Island depuis le début de sa formation à Vacation Land est, même si ça peut paraitre contre-intuitif vue l'ampleur de l'événement, à peine supérieur à 2 km².
Le sommet du Kilauea, 40 km à l'ouest de toute cette agitation, reste instable et continue de s'affaisser progressivement, générant des émissions de cendres à chaque fois que le "piston" s'enfonce un peu plus. Ces affaissements ont maintenant un impact sur le débit de l'effusion, au niveau de la fissure 8 (à nouveau pour mémoire: il y a 40 km d'écart mais une connexion directe entre les deux sites) car les volcanologues constatent que le niveau de la coulée dans le chenal principal augmente un peu après chaque période d'affaissement.
Éruption toujours exceptionnelle donc et toujours assez stable.
Mise à jour, 17 juillet, 07h00
Je parlais dans le post ci-dessus des explosions phréatomagmatiques dues à la mise en place sous l'eau des coulées de lave et/ou à l'instabilité du delta de lave. Et bien une des explosions à fait 23 blessés hier dans un bateau dont le pilote n'a, visiblement, pas pris conscience de la situation dans laquelle il se trouvait avec ses passagers. Trop près de la côte et dans la zone ou, à quelques mètres sous la coque, une coulée de lave progresse, tous ont été surpris par une explosion qui, à 06h05 du matin (heure locale), a projeté des blocs sur le bateau, perforant le toit. Une situation dont personne ne rêve et un coup de chance qu'il n'y ait eu aucun mort.
Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopters; SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; Instagram, via Mileka Lincoln
Ambae (Aoba), Vanuatu, 1496 m
L'activité éruptive qui avait débuté fin juin s'est poursuivie au moins jusqu'au 08 juillet car des signaux thermiques forts étaient encore produits au sommet de l'édifice à ce moment-là. Depuis elle semble s'être calmée mais il n'est évidemment pas possible de dire si cette crise débutée en septembre 2017, et qui s'est déroulée en plusieurs phases éruptives distinctes depuis, est terminée ou s'il y aura d'autres éruptions.
Mais quoi qu'il en soit le sommet de l'édifice est modifié à chacune d'entre elle, qui vient rajouter coulées de lave et/ou dépôt de cendres. La crise de fin juin- début juillet 2018 a ainsi comblé toute la partie ouest de l'ancien lac Manaro Voui, coupé en deux par la croissance du cône de cendres et les coulées de lave depuis septembre 2017. Il ne reste que la partie est du lac (mais sa surface a légèrement diminué) et une petite flaque au pied du versant sud du nouveau cône.
Situation instable donc.
Mise à jour, 21h08
Instable disais-je ce matin donc, à tel point que pendant que je rédigeais le post ce matin une nouvelle phase d'émissions de cendres démarrait! J'en ais fait pars sur twitter avant d'aller au travail mais une petite mise à jour sur le blog s'impose évidemment.
C'est la webcam qui m'a alerté en réalité car j'ai trouvé l'ambiance étrange: ensoleillée le matin, elle est devenue bien plus inquiétante l'après-midi mais avec un soleil en face de la webcam je ne savais pas si il s'agissait d'un nuage ou autre chose...
Ce sont les données satellites qui ont apporté la confirmation de ce que la webcam permettait simplement de soupçonner: La côte est de l'île, où se trouve la webcam, s'est retrouvée empoussiérée par les cendres. Un épisode soutenu mais bref: il a commencé vers 03h20 TU pour se terminer vers 09h20 TU, avec quelques pulses faibles dans les heures qui ont suivi.
Ces émissions de cendres semblent se poursuivre actuellement même si elles ont l'air un peu moins soutenues: elles peuvent poser de nouveaux problèmes aux insulaires.
Source : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; Himawari 8
- un gonflement due à la mise ne pression de l’intérieur de la coulée. Ce soulèvement est appelé "tumulus". Une cause interne à la coulée donc.
- une accumulation de courtes fuites sur ce tumulus qui ont probablement aussi provoqué sa croissance verticale: une cause externe donc.
D'ailleurs certaines fuites étaient visibles le 13 juillet sur ce tumulus, îlot temporaire qui sera bientôt raccordé à Big Island si la coulée ne s'arrête pas à cet endroit.
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| Un îlot émerge de l'eau à quelques mètres de côtes, probablement sous l'effet conjoint d'une mise en pression locale d'un lobe de coulée et de fuites de lave qui s'accumulent. Image: HVO/USGS le 13 juillet |
Le sommet du Kilauea, 40 km à l'ouest de toute cette agitation, reste instable et continue de s'affaisser progressivement, générant des émissions de cendres à chaque fois que le "piston" s'enfonce un peu plus. Ces affaissements ont maintenant un impact sur le débit de l'effusion, au niveau de la fissure 8 (à nouveau pour mémoire: il y a 40 km d'écart mais une connexion directe entre les deux sites) car les volcanologues constatent que le niveau de la coulée dans le chenal principal augmente un peu après chaque période d'affaissement.
Éruption toujours exceptionnelle donc et toujours assez stable.
Mise à jour, 17 juillet, 07h00
Je parlais dans le post ci-dessus des explosions phréatomagmatiques dues à la mise en place sous l'eau des coulées de lave et/ou à l'instabilité du delta de lave. Et bien une des explosions à fait 23 blessés hier dans un bateau dont le pilote n'a, visiblement, pas pris conscience de la situation dans laquelle il se trouvait avec ses passagers. Trop près de la côte et dans la zone ou, à quelques mètres sous la coque, une coulée de lave progresse, tous ont été surpris par une explosion qui, à 06h05 du matin (heure locale), a projeté des blocs sur le bateau, perforant le toit. Une situation dont personne ne rêve et un coup de chance qu'il n'y ait eu aucun mort.
Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopters; SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; Instagram, via Mileka Lincoln
Ambae (Aoba), Vanuatu, 1496 m
L'activité éruptive qui avait débuté fin juin s'est poursuivie au moins jusqu'au 08 juillet car des signaux thermiques forts étaient encore produits au sommet de l'édifice à ce moment-là. Depuis elle semble s'être calmée mais il n'est évidemment pas possible de dire si cette crise débutée en septembre 2017, et qui s'est déroulée en plusieurs phases éruptives distinctes depuis, est terminée ou s'il y aura d'autres éruptions.
Mais quoi qu'il en soit le sommet de l'édifice est modifié à chacune d'entre elle, qui vient rajouter coulées de lave et/ou dépôt de cendres. La crise de fin juin- début juillet 2018 a ainsi comblé toute la partie ouest de l'ancien lac Manaro Voui, coupé en deux par la croissance du cône de cendres et les coulées de lave depuis septembre 2017. Il ne reste que la partie est du lac (mais sa surface a légèrement diminué) et une petite flaque au pied du versant sud du nouveau cône.
Situation instable donc.
Mise à jour, 21h08
Instable disais-je ce matin donc, à tel point que pendant que je rédigeais le post ce matin une nouvelle phase d'émissions de cendres démarrait! J'en ais fait pars sur twitter avant d'aller au travail mais une petite mise à jour sur le blog s'impose évidemment.
C'est la webcam qui m'a alerté en réalité car j'ai trouvé l'ambiance étrange: ensoleillée le matin, elle est devenue bien plus inquiétante l'après-midi mais avec un soleil en face de la webcam je ne savais pas si il s'agissait d'un nuage ou autre chose...
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| Ambiance inquiétante l'après-midi du 16 juillet. Image: Geohazards |
Ce sont les données satellites qui ont apporté la confirmation de ce que la webcam permettait simplement de soupçonner: La côte est de l'île, où se trouve la webcam, s'est retrouvée empoussiérée par les cendres. Un épisode soutenu mais bref: il a commencé vers 03h20 TU pour se terminer vers 09h20 TU, avec quelques pulses faibles dans les heures qui ont suivi.
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| L'émission de cendres observée depuis l’espace. Image: Himawari 8 |
Source : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus; Himawari 8
Bonjour, concernant l'incident au large d'Hawaï une vidéo faite d'un autre bateau plus au large montre l'ampleur de l'explosion. C'est en effet une chance qu'il n'y ai pas eu plus de dégâts.
RépondreSupprimerVoici le lien de la vidéo :
http://www.hawaiinewsnow.com/clip/14492855/tour-boat-captures-lava-explosion-that-injured-at-least-13-people
J'ai l'impression qu'il y a des éclairs intra-panache quelques secondes après l'explosion, lorsque le panache devient blanc.
C'est fou de constater la hausse du débit dans le chenal après chaque affaissement !
RépondreSupprimerTout en ayant ses spécificités, la situation est finalement assez proche de celle du Piton de la Fournaise en avril 2007 où les affaissements cratériques ont été parfaitement reliés à la hausse des fontaines de lave sur le site éruptif (hauteur de 200 mètres, record à La Réunion) et du débit ! Sauf que sur la Fournaise, le conduit faisait 8 km de long tout au plus... là, 40 km !
Cette éruption est vraiment géniale !