Actuellement il est difficile de dire si une activité éruptive se poursuit sur Tolbachinsky dol, zone de fissures éruptives ouvertes au sud du volcan Tolbachik. Les données du MODIS exploitées par l'Université de Tokyo continuent de détecter de hautes températures dont on ne sait pas si elles sont le signe de coulées toujours alimentées ou un signal thermique résiduel, rémanent, laissé par l'importante masse de coulées accumulées durant ces mois d'éruption et en cours de refroidissement.
Sur la webcam en tout cas, plus rien n'est visible. La sismicité reste faible et le mot "trémor" n'est plus du tout utilisé par le KVERT.
Modèle numérique en 3 dimensions du massif du Tolbachik. Le nord est en haut. Image : Culture Volcan |
Pour ma part, ayant suivi au quotidien cette éruption depuis son commencement, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'essayer d'en retracer l'évolution en image. Fasciné par la cartographie (sans être particulièrement spécialisé dans ce domaine par ailleurs) j'ai pensé qu'il serait intéressant de revivre cette éruption grâce au MODVOLC, algorithme développé par l’Institut de Géophysique et de Planétologie d'Hawaï. Ce dernier filtre les données envoyées par les satellites MODIS (AQUA et TERRA) et retient les anomalies thermiques qui possèdent des caractéristiques particulières. Il permet ainsi de trier la multitude de signaux pour isoler ceux qui sont d'origine volcanique. Ces signaux ont l'avantage d'être repérés dans l’espace et le temps: en clair ils possèdent des coordonnées géographiques, une date et une heure d'acquisition.
Exemple de données thermiques fournies par le MODVOLC. Ici l'éruption en cours à Hawaï. Image : MODVOLC |
Il ne reste plus ensuite qu'à faire apparaitre ces signaux sur une carte de son choix, puis d'animer le tout pour faire apparaitre progressivement chacune des anomalies détectées entre novembre 2012, départ de l'éruption, et août 2013 pour produire une sorte d'"anomalie thermique globale" de l'éruption.
Voilà le résultat, plutôt marrant je trouve.
Cette vidéo permet en particulier de voir le changement qu'à connu l'éruption en début d'année, lorsque les coulées ont commencé à s’épancher sur le versant est de Tolbachisky Dol. Entre novembre 2012 et janvier 2013 en effet, le fort débit éruptif a provoqué la mise en place de longues coulées qui se sont progressivement accumulées sur le versant ouest, jusqu'à une distance d'environ 15 km. Le débit se stabilisant après la mi-décembre, les coulées ont parcouru moins de distance mais ont continué à s'accumuler sur le versant ouest jusqu'en février. On voit qu'à ce moment de l'éruption, les coulées délaissent le versant ouest et affectent le versant est de Tolbcahinsky Dol. Le débit n'étant pas aussi fort qu'au départ de l'éruption, les coulées ne vont pas aussi loin. Les signaux thermiques s'accumulent alors sur un espace restreint, qui contraste avec la forme très allongée de l'anomalie sur le versant ouest.
Sources:
Les données sont celles du MODVOLC
La carte topographique a été réalisée grâce au logiciel libre Generic Mapping Tool et aux données de topographie ASTER (les données ASTER sont issues de la collaboration entre le METI et la NASA).
La programmation a été réalisée sous linux 10.04 (Lucid Lynx) en shell.
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