21 mai 2013

Tolbachik : le point sur la situation

L'éruption poursuit son bonhomme de chemin, mais sans grands changements. Si on regarde les choses dans leur globalité, l'activité continue de s’essouffler. La mesure quotidienne de l'amplitude du trémor (signal sismique associé à l'activité éruptive) montre en effet que, depuis fin mars, il garde une tendance descendante, très progressive après avoir été plutôt en hausse légère entre fin janvier et fin mars.

évolution du trémor du volcan Tolbachik
L'évolution du trémor mesuré par le KVERT, depuis le 1er novembre.

Si l'on compare cette évolution du trémor avec la sismicité générale, sous l'édifice, on peut noter que:
- une sismicité précurseur s'est manifestée dès début novembre entre 0 et 6 km de profondeur (par rapport au sommet de l'édifice, donc entre -2 et 4 km de profondeur sur le graphique ci-dessous)
- elle est restée importante après le départ de l'éruption et jusqu'aux environs du 10 décembre, puis s'est calmée. Elle est restée toutefois modérée jusqu'en mars.
- Le changement de tendance du trémor (fin mars) correspond une phase où la sismicité profonde devient aussi plus faible.

Evolution de la sismicité sous le volcan Tolbachik
L'évolution de la sismicité profonde sous le Tolbachik depuis le 01 novembre 2012. Les profondeurs sont calculées par le KVERT en positif par rapport au niveau de la mer: tout ce qui se trouve au-dessus du niveau 0 se retrouve en négatif.

Cette tendance à la baisse, couplée à une faible sismicité sous le volcan, indique que l'éruption, bien qu'elle se maintienne, continue de perdre de sa vigueur progressivement. Bien sûr il est impossible de dire quand elle touchera à sa fin mais il semble, au vue des données, qu'un arrêt à moyen terme (semaines?) soit l'évolution la plus probable actuellement (toujours sous réserve que la source profonde (à plus de 30 km) ne réapprovisionne l'éruption en cours, ce qu'il est impossible de prévoir).

Et actuellement? D'après les dernières observations réalisées sur le terrain le 16 mai par Y Demyanchuk, et d'après les mesures satellitaires, l'activité sur place se poursuit. Elle reste presque exclusivement effusive, l'activité explosive sur le cône étant réduite.
Les bulletins du KVERT continuent d'indiquer la présence de coulées sur les flancs sud, sud-est et
ouest du Tolbachinsky Dol, mais les données satellites (MODVOLC par exemple) semblent plutôt indiquer que le versant est est seul affecté (le rapport de V. Demynachuk n'évoque d’ailleurs que le sud-est).

anomalies thermiques sur le volcan Tolbachik
Les anomalies thermiques du MODVOLC, hier. Image MODVOLC
Par manque de moyens, et parce que l'accès à la zone reste complexe, les volcanologues russes sont contraints de suivre l'évolution de loin et ne peuvent mener que de trop rares campagnes de terrain. Cela pourrait expliquer que les différents bulletins rédigés sont tous quasiment identiques, par un jeu de copier-coller (mise à part la valeur du trémor, suivi à distance) et qu'ils ne sont donc pas systématiquement représentatifs de la réalité du terrain. 
Il faut en effet savoir que, la plupart du temps, les volcanologues russes doivent rejoindre les zones éruptives, isolées (mais dangereuses pour la circulation aérienne, donc forcément à surveiller...) en hélicoptère et que, pour faire baisser les coûts de transport (exorbitants) il doivent partager le déplacement avec des groupes de touristes. La logistique pour rejoindre le terrain et faire des mesures et prélèvements est donc extrêmement lourde, d'où une densité d'observations directes malheureusement assez faible, de facto. 

Les coulées vues le 16 mai: des observations directes malheureusement trop rares. Image V. Demynachuk

Finalement le suivi indirect, via les données satellites ou les mesures télé-transmises (envoyées au KVERT par antenne radio, comme la sismicité par exemple) est la source principale d'information, mais elle reste affectée par une marge d'incertitude bien plus grande.



Sources : KVERT; MODVOLC; Volkstat.ru;

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