21 mai 2023

Un point d'actualités : volcans Nyamulagira et Etna (mis à jour)

Etna, Italie, 3320 m

Voilà déjà quelques jours que ce système volcanique montrait des signes tangibles d'instabilité. Malgré un trémor qui restait faible, des bouffées de cendres étaient parois observées sur le Cône Sud-Est depuis au moins le 07 mai.

Elles sont demeurées rares mais l'activité a commencé à connaitre une augmentation à partir du 18 mai, marquée par une nette hausse du trémor et des signaux thermiques plus soutenus au sommet du Cône Sud-Est.

Pas d'activité éruptive mais un signal thermique soutenu au sommet du Cône Sud-Est le 19 mai. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

 

Mais c'est le 21 mai 2023, plus d'un an après le dernier paroxysme (21 février 2022), mais seulement 3 mois après la fin de la dernière éruption (essentiellement effusive, 27 septembre 2022 ->  début février 2023) que le trémor à subit, à partyir de 06h00 TU environ, une hausse spectaculaire, suivant ainsi le schéma si souvent observé lors des phases paroxysmales. Toutefois la survenue d'un tel paroxysme ne peut être que supposée du fait que toute la séquence s'est déroulée dans une imposante masse de nuages. Le pic de trémor a duré environ 1h30 avant de connaitre une chute vertigineuse pour revenir à un niveau très bas, similaire au niveau d'avant le 18 mai. Cela aussi est plutôt caractéristique des phases paroxysmales. 

Evolution du trémor entre le 14 et le 21 mai 2023. Image : INGV

 

Par chance le panache de cendres et lapillis s'est élevé au-dessus de la couche de nuages, atteignant une altitude un peu au-dessus du 7 000 m (un peu plus de 4000m de hauteur) d'après le VAAC de Toulouse. Son sommet a ainsi pu être repéré par le  satellite SENTINEL 3.

 

Le sommet du panache de cendres se trouve à peu près à l'aplomb du Cône Sud-Est, suggérant que la séquence paroxysmale a eu lieu à cet endroit. Image : SENTINEL 3 - ESA/Copernicus


 

Des chutes de cendres modérées ont été recensées sur Catane et ses environs et l'aéroport à momentanément annulé les vols, le temps que les chutes de cendres se terminent.

Pour l'heure, les conséquences précises de ce paroxysme restent inconnues, je pense en particulier à la possible présence de coulées en même temps que la (vraisemblable) fontaine de lave, et d'éventuelles modifications de la morphologie de l'édifice au niveau de l'évent éruptif.

Nous verrons donc lorsque les nuages se seront dissipés.

 

Mise à jour, 22 mai, 19h28

 

La couverture nuageuse ayant eu l'obligeance de se déchirer un peu en fin de journée, les images des webcams ont permis de constater la présence de trois nouveaux champs de lave :

- un dans la paroi ouest de la Valle del Bove, sous le Cône Sud-Est, 

Le champ de lave de la Valle del Bove mis en place au cours du paroxysme du 21 mai. Image : Sicilywalking
 

 - l'autre sur le haut versant sud. Ce dernier s'est mis  en place à l'ouest des cônes de l'éruption de 2002et en fin de journée du 21 mai semblait encore modérément alimenté.

Champ de lave toujours alimenté en fin de journée le 21 mai sur le haut versant sud. Sur la droite,en premier plan le cône de 2001, en second plan, enneigés, les cônes de 2002. Image : Skyline via Il Mondo dei Terremoti


 

Sources : INGV; SENTINEL 2/3 - ESA/Copernicus; Skyline via Il Mondo dei Terremoti; Sicilywalking


Nyamulagira, République Démocratique du Congo, 3058 m

Depuis le post publié l'an dernier l'activité éruptive s'est poursuivie (le détail du suivi se fait sur les réseaux sociaux, en particulier twitter). Elle est restée essentiellement effusive et confinée dans la caldera sommitale mais l'effusion a toutefois connu une période de pause entre décembre 2022 et le 14 février 2023, qui a duré jusque début mars. Une autre pause a suivi, probablement jusqu'au 23 avril date à laquelle de forts signaux thermiques semblent signer le retour d'une effusion, toujours au sommet. Pendant ces pauses une signal thermique relativement fort mais dont la source n'occupait qu'une très très petite surface, était toujours présent, compatible avec la poursuite d'une activité de type spattering (très très très faible activité explosive), mais cela est hypothétique puisqu'il n'y a pas eu d’observations directes ( à ma connaissance) durant cette phase.

Les signaux sont restés globalement stables jusqu'au 19 mai, date à la quelle la puissance du rayonnement thermique a connu une nette hausse. Il s'est probablement agit d'une hausse du débit de l'effusion mais des photos prisent depuis Goma indiquaient alors que l'activité restait confinée au sommet.

Forte incandescence au sommet du Nyamulagira vue depuis Goma au soir du 19 mai. Image : Charles Balagizi / OVG

La situation a évolué le 20 mai avec une nouvelle hausse du rayonnement thermique produit par l'éruption, suggérant une augmentation de l'intensité de l'éruption effusive. Les données thermiques récoltées par le satellite Suomi NPP par son instrument VIIRS ont très bien vu ce rayonnement très puissant. La répartition des signaux thermiques formait alors deux larges lobes : le plus large allongé hors caldeira vers l'ouest, et un autre hors caldeira vers le sud. Sur l'image ci-dessous j'ai marqué d'un pointillé noir la caldeira sommitale où l'effusion avait lieu avant le 19 mai.

Répartition des signaux thermiques sous la forme de deux lobes le 20 mai. Image : Suomi NPP/VIIRS

Cela suggère la présence de coulées hors caldeira vers le sud et vers l'ouest. Les coulées hors caldeira en direction de l'ouest ont été confirmées par des observations directes le 21 mai.

 

Champ de lave en formation sur le versant ouest du Nyamulagira, le 20 mai au soir ou le 21 mai au matin. Image : J.Williams, via Charles Balagizi

Par contre il n'y a eu aucun information concernant de possibles coulées de lave sur le versant sud et cela reste donc pour l'heure une hypothèse à confirmer ou a infirmer (il peut s'agir d'artefacts).

 

La question qui se pose maintenant est simple : ce champ de lave hors caldeira est-il produit par une éruption latérale, conséquence de l'ouverture de fractures en dehors de la caldeira? Ou s'agit-il de coulées produites par simple débordement?

Pour l'heure difficile de savoir mais les volcanologues de l'OVG et/ou les données satellites permettront peut-être d'y voir plus clair sous peu.


Mis à jour, 22 mai,  19h28


L'observatoire Volcanologique de Goma a partagé une image prise par ce qui pourrait être un appareil militaire (pour le coup l'OVG ne détail pas la source de l'image), datée du 20 mai 2023. On y voit clairement des coulées débordant de la caldeira sommitale. La vue n'étant pals globale cela n'exclue pas l'ouverture de fractures sur le haut versant ouest mais en tout cas on sais qu'un débordement a eu lieu.

L'image du bas, datée du 20 mai, montre des coulées débordant de la caldeira sommitale : Image : auteur inconnu, via àOVG

Un bulletin, auquel je n'ai pas pu accéder, de l'OVG indiquerais une baisse de l 'activité.

Sources : Charles Balagizi/OVG; Suomi NPP; 


 



1 commentaire:

  1. Intéressant récap', merci !

    Concernant le Nyamuragira, il me paraît très improbable que les coulées sud – si coulées il y a – soient dues à un débordement. La topographie du sommet l'exclut : je compte de ~50 à ~100 mètres de dénivelé entre le plancher de la caldeira et la crête de sa lèvre sud.
    Au nord c'est effectivement possible, le rempart étant beaucoup moins haut.

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