19 septembre 2021

Volcan La Palma : une éruption a démarré! (mis à jour x12)

C'est donc le résultat de cette intrusion magmatique dont les signes ont débuté le 11 septembre par une crise sismique soutenue, produite par la fracturation lors de l’ascension d'une masse magmatique et sa mise en place à la base de la croute terrestre, vers 12 km de profondeur.

Si cette crise sismique avait marqué une nette pause du 15 au 17, elle a repris de plus belle le 18 septembre avec, au matin du 19 septembre une secousse de magnitude 4.2. Cette nouvelle séquence de la crise sismique était marquée par des secousses à très faible profondeur (en particulier la plus forte) suggérant que l’intrusion de magma s'approchait de la surface. Cette suggestion était renforcée par le fait que les GPS ont montré une accélération des déformations de la surface, avec un soulèvement (depuis le début de la crise) de 15 cm sur la station GPS la plus proche de la zone de sismicité.

Évolution de la sismicité depuis le 11 septembre: après une affaiblissement, elle s'est ré-intensifiée jusqu'à l'éruption. Image: IGN



Évolution de la position de la station GPS la plus proche de la zone à l'aplomb de la sismicité : on voit que la station est montée (up) de 15 cm, c'est un peu déplacée vers l'est mais est restée sur la même latitude (ni plus au nord, ni plus au sud). Imagge : IGN


Cette intrusion magmatique (un dyke) a donc atteint la surface en début d'après-midi, peu après 14h TU. Le démarrage de l'activité a été marqué par une grosse bouffée de particules brunes (un débourrage, dans le jargon liée à la décompression brutale du gaz magmatique qui a ouvert la surface pour passer.

Débourrage au départ de l'éruption, vers 14h00 TU. Image : via INVOLCAN

 

L'activité a démarré a quelques centaines de mètres à l'est de la route LP-212, juste au-dessus d'El Paraiso ("Le Paradis", le hasard est parfois ironique).

Localisation de la nouvelle zone éruptive. Image : Google Earth

 

Puis rapidement une fracture éruptive orientée globalement est-ouest s'est développée d'où le magma (relativement fluide) a émergé en 7 points (7 évents, en tout cas vers 16h40 TU, car le nombre va rapidement évoluer je pense), fragmenté (cendres/lappilis/bombes) par la violente décompression de sa fraction gazeuse. L'accumulation de ces fragments a débuté et un cône est en cours de croissance.

Portion aval de la fracture éruptive, environ 1 heure après le départ de l'éruption. Image : La Vanguardia

 

À la fin de cette éruption il conviendra de donner un nom à ce nouveau relief, inexistant encore ce matin, mais ça, c'est pour plus tard. Pour l'heure, l'urgence est à la gestion de crise et à l'identification des zones à risque et, le cas échéant, à leur évacuation. Vue la localisation de l'éruption et l'urbanisation de la zone, il y a fort à craindre que des habitations disparaissent dans les heures/jours qui viennent malheureusement. 

Et cela va commencer probablement rapidement car en plus de la partie explosive de l'activité, il y a aussi une effusion (coulée de lave) qui a débuté rapidement après le démarrage de l'activité. Cette coulée n'a pas tardé à couper la route LP-212 ("Carretera San Nicolas") et sa trajectoire l'amène visiblement directement dans la partie haute d'El Paraiso....Mais attention : la trajectoire d'une coulée dépend de plusieurs factures en particulier la topographie et plusieurs portion d'El Paraiso sont en hauteur et pourraient être épargnées. Mais la densité des habitations fait qu'e rapidement les premières maisons, juste en contrebas de la route LP-212, ont été détruite par la coulée.



J'ai localisé la zone où cette vidéo a été prise, ainsi que les deux maisons détruites par les coulées, histoire que la situation soit bien claire.

Localisation du point de prise de vue et les deux maisons détruite peu après la séquence vidéo. Image : Google Earth

 

Ais-je besoin de préciser que les autorités ont commencé les évacuations préventives, en particulier celle des personnes à mobilité réduite?

Situation à suivre de près, car elle peut évoluer rapidement.


Mise à jour x1, 21 septembre, 08h55

La journée du 20 septembre n'a été marquée par aucune évolution notable de l'activité éruptive, qui reste soutenue avec une intense activité explosive type fontaine de lave et, de facto la croissance du nouveau cône de scories, et le maintient d'une effusion à l'origine d'une coulée dont la surface, très rugueuse et très fragmentée, est dite "de type aa". La distance parcourue par la coulée était, au 20 septembre, d’environ 3000 m et elle n'a rien laissé sur son passage : plus de 5000 personnes évacuées, plus d'une centaines d'habitations impactées, de nombreuses tout simplement réduites en morceaux et englobées dans la coulée. La vidéo ci-dessous est une compilation de diverses zones détruites sur son trajet.

 

On peut noter, et cela pourrait jouer dans la suite des événements, qu' à partir du moment où elle a atteint la longueur de 3000 m, sont front semble commencer à s'élargir alors que, jusqu'à présent elle restait relativement chenalisée. Cela est dû à un changement de topographie : les pentes plus fortes (et donc lus ravinées) du rift volcanique de Cumbre Vieja, avec ses nombreux cônes et dômes de lave, laisse place à une plaine en pente plus douce: la coulée de lave, même à débit constant, va donc peut-être voir sa progression (au sens premier du terme c'est à dire "aller vers l'avant") ralentir puisqu'une partie de la lave ne va plus "vers l'avant"mais "sur les côtés" (bref, la coulée s'étale).

Malheureusement l'image SENTINEL 2 prise le 20 septembre est couverte de nuages au niveau de la zone éruptive et l'on ne voit qu'un bout de coulée et les infrarouges diffusés par les nuages : c'est le problème de longueurs d'onde visibles et proches du visibles, qui sont largement impactés (absorbés, diffusés) par l'atmosphère. 

La zone éruptive sous une couche de nuages. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Mais heureusement il existe d'autres longueurs d'ondes, qui n'ont certes pas une résolution aussi fine mais qui sont peu affectées par l'atmosphère : les ondes radar, utilisées par SENTINEL 1. Grâce à elles ont peut voir les dimensions et la morphologie (au moment du passage du satellite, évidemment, à savoir 19h13 TU si je ne m'abuse). Elle est plus facile à distinguer avec une comparaison d'une image pré-éruption.




Dernier point : les mesures d'émission de SO2 par mini DOAS donnaient entre 6000 et 9000 tonnes par jour au départ de l’éruption, des données plus récentes indiquent entre 8000 et 10500 tonnes/jour.


Mise à jour x2, 22 septembre, 09h47

La situation ne s'améliore pas avec le maintient de l'activité effusive et, de facto, la progression d'une imposante coulée "aa", dont l'épaisseur au front atteint (voire dépasse à certains endroits) les 6 m, ce qui n'est pas inhabituel pour ce type d'éruption. Aucune chance pour les habitations, les réserves d'eau, toutes les infrastructures qui se trouvent sur son passage, le front traversant maintenant le village de Todoque et portant le bilan à plus de 200 habitations détruites, plus de 6000 personnes déplacées. La vitesse de progression de cette coulée a effectivement diminué et était estimée à 120m par heure hier en fin de journée. La surface occupée par la coulée est supérieure à 154 hectares d'après l'INVOLCAN, sur la base des données SENTINEL 1 que j'ai aussi utilisées plus haut.


Côté évent éruptif, l'activité reste intense, avec des fontaines de lave et, comme décrit dans les commentaires, ce qui ressemble effectivement à un arrachement d'un bout de cône (à partir de 54 minutes dans la vidéo ci-dessous, même si avec le cadrage serré et une très longue focale, et de nuit, c'est quand même pas simple de vraiment comprendre ce qu'il se passe :) ) . En tout cas je plussoie  les commentaires de Fred Warstorm sur le côté très impressionnant du front qui se met en place, même si, je pense, une partie de cet effet est du au fait que la coulée liée au potentiel arrachement du cône déborde sur une pente forte (ce qui donne l'impression d'une immense épaisseur alors qu'on voit la coulée en oblique, par-dessus, le tout écrasé par la très longue focale utilisée). Cela reste vraiment spectaculaire!



Par contre j'avoue que j'ai un problème : j'ai effectivement vu passer l'information, relayée aussi dans les commentaires, d'une nouvelle bouche éruptive environ 900 m au nord de la principale. Cette information se retrouve évoquée sur les cartes d'impacts du COPERNICUS et sur le portail officiel du gouvernement des Canaries. Toutefois....je n'en vois pas la moindre trace, nulle part. Même le dernier post d'INVOLCAN, qui relaye une carte de la coulée, n'en fait pas mention (et je doute qu'INVOLCAN oublie la présence d'un nouvel évent). Par ailleurs la formation de ce nouvel évent est parfois donnée pour le soir du 20 septembre parfois pour le soir du 21 septembre, et je n'ai vu aucune image de cet évent : toutes les images qui passent montrent l'évent actuel... y compris les lives en cours. 


Une carte synthétique de la situation, par l'EERC (Emergency Response Coordination Centre). Image: EERC

Du coup, pour le moment, et en ce qui me concerne, je n'ai rien de particulier à dire sur cette situation que je classe comme "imprécise" (ou à préciser) pour la suite mais évidemment si des infos arrivent, je me ferais une joie de la préciser. Il peut en effet s'agir d'une mésinterprétation d'une situation, ou d'un évent non éruptif (une fracturation liée à l'intrusion etc). Bref, rien n'est clair pour moi à ce sujet.

Côté déformation, liée à l'intrusion, le total cumulé par la station la plus proche (LP03) depuis le départ de la crise sismique le 11 septembre atteint 25 cm, mais dans un article publié dans la presse, qui relaie une déclaration de la directrice de l'IGN Espagnol, María José Blanco, cette déformation serait en train de se stabiliser ce qui ne signifie pas que l'éruption commence à entrer dans une phase terminale (le trémor, après une séance de baisse, repart à la hausse) mais plutôt que le système de dykes finit de prendre sa place dans la croûte terrestre.


Mise à jour x3, 25/09/2021, 09h20

L'activité éruptive reste très intense afin avec le maintient d'un panache de cendres qui, hier, atteignait une hauteur de 5000 m environ. Cette activité a connu une modification notable avec la mise en place d'explosions brutales, très violentes, à l'origine d'ondes de chocs ressenties à plusieurs kilomètres à la ronde. Ces ondes de choc, depuis qu'elle ont commencé, dans la nuit du 23 au 24 septembre se produisent assez fréquemment.


L'autre événement de la journée d'hier, qui a mis encore un peu plus la population en émoi, est l'ouverture d'un nouvel évent éruptif sur le versant nord-ouest du cône en construction, d'où se déverse une nouvelle coulée de lave, alors que la première phase d'effusion s'essoufflait nettement, avec un front qui ne progressait que très très lentement après avoir parcouru un peu plus de 3000m et couvert environ 240 hectares. Le risque principale est donc l’élargissement vers le nord de la zone impactée par ces dernières et la conséquence immédiate de l'ouverture de ce nouvel évent a été la décision d'évacuer environ 1600 personnes supplémentaires, et le retrait des pompiers en action à Todoque. Autre conséquence, plus secondaire évidemment : les télescopes de l'observatoire astronomique du Roque de los Muchachos ont du stopper leurs activité en raison de la présence de atmosphère.

 


Ce changement de dynamisme éruptif se traduit, côté tremor, par une hausse nette de l'amplitude du trémor, tendance à la hausse qui semble se poursuivre ce matin.

Hausse nette de l'amplitude du trémor à partir du 213 septembre au soir. Image : IGN

La presse Canarienne a publié une Google Map permettant de visualiser l'extension du champ de lave (= l'ensemble des coulées) produit par l'éruption et les habitations détruites qui s'élevait, hier matin, à 390.



La presse relaie, par ailleurs, les déclarations du porte-parole du PEVOLCA (le comité scientifique monté pour l'expertise de l'éruption) qui a indiqué sa crainte d'un glissement d'une portion du nouveau cône, suite à l'ouverture de la nouvelle zone éruptive. L'idée est que si le premier et ce second évent éruptifs se rejoignent, c'est une bonne partie du versant ouest qui serait  moins stable et susceptible de subir une effondrement.

Difficile de dire si une portion de cône de scories pourrait s'effondrer brusquement mais en tout cas il est clair que la stabilité du cône est affectée, et pour le voir, faisons un peu de volcano-tectonique (volcan+failles, grosso modo) quasiment en live puisque les images ci-dessous datent de ce matin, à partir de 5h45 (heure locale, environ). Voilà déjà une vidéo (accélérée 20 fois) de l'activité entre 5h45 environ et 6h30 environ.

 

 


On voit nettement sur cette séquence la dislocation progressive de la crête à droite du cône qui est progressivement découpée par un système de failles normales (qui forment une succession de ressauts aplatis (les horsts) et de creux (les grabens).

Si je compare deux moments encore plus éloignés l'un de l'autre, on voit parfaitement que cette évolution est due à un progressif glissement vers la droite (environ vers le sud) d'une partie du cônequi est, littéralement, coupé en deux!



Cette évolution, si elle se poursuit, amènera à la fusion des deux évents actuellement actif. La cause de ce glissement est difficile à déterminer mais une intrusion magmatique est une idée plausible et dans ce cas il ne serait pas impossible qu'une nouvelle coulée émerge à travers le flanc glissé, voire en emporte un morceau.


Mise à jour x4, 26 septembre,11h53

Au cours de la matinée d'hier, l'évolution du cône a bien été contrôlée par l'instabilité de son versant sud-ouest: ce versant est maintenant totalement égueulé par l'arrachement repéré dans la précédente mise à jour, ce qui a eu pour conséquence de faciliter l'effusion depuis l'évent principal et de lui redonner de la vigueur. L'activité continue aussi de produire d'importantes quantités de cendres et lapillis, dont la zone de dépôt varie selon la direction du vent.

 

 

À noter au passage qu'une partie du SO2 émis par l'éruption est arrivé hier au-dessus du quart sud-ouest de la France.

Le panache de SO2, ici détecté le 25 septembre, s'étire depuis La Palma jusqu’en France, en passant au-dessus du Maroc et de l'est de l'Espagne. Image: SENTINEL 5 - ESA/Copernicus

 

Au moment du passage du satellite SENTINEL 2 au-dessus de l'île hier, le front de cette nouvelle coulée était presque aussi avancé que le premier front : il avait donc parcouru environ 3000m en quelques heures et la partie la plus avancée se trouvait encore à ce moment à environ 650 m de la route LP-213, qui traverse la petite ville de Todoque. La trajectoire de cette nouvelle coulée a été sensiblement la même que celle de la première (la seconde a, pour l'essentiel, recouvert la première).

Le nouveau front de coulée, recouvrant le précédent. Image : SENTINEL2-ESA/Copernicus

En ce qui concerne le petit évent latéral il semble que son activité varie dans le temps. Aux moments où l'activité y est la plus soutenue, il s'y déroule une activité explosive dite "de spattering" avec des fragments qui retombent encore mous au sol et, pour la plupart, se soudent à chaud et une effusion assez abondante. Aux moment où elle est le moins soutenue, l'activité explosive est pour ainsi dire nulle mais l'effusion est maintenue, peut-être  avec un débit moins important. Cette variation traduit des variations d'alimentation du dyke qui alimente cet évent secondaire, dyke qui, sous ou dans le cône, doit être un embranchement du dyke principal.

 

Variations de l'activité sur l'évent secondaire. Images : Television Canaria

La soudure entre les deux évents (le principal, où est produite la fontaine de lave et le panache de cendres) et le secondaire n'a pas eu lieu malgré l'arrachement.

Quand au trémor, après son pic du 24 (cf la mise à jour du 25 septembre) son amplitude continue de varier mais de manière moins importante et reste globalement dans des valeurs hautes. L'érupton ne semble donc pas particulièrement perdre en intensité.

Évolution du trémor depuis le départ de l'éruption. Image : IGN

Mise à jour x5, 27 septembre, 09h17

L'activité se poursuit et ne semble pas marquer d'affaiblissement. Les deux évents sont toujours très actifs avec l'évent principal où l'activité explosive est intense et l'évent secondaire d'où une abondante effusion est maintenue. Au cours de l'après-midi du 26 septembre un front de la coulée principale est parvenu a atteindre le centre-bourg de Todoque, détruisant l'église, et un centre de soins ce qui signifie qu'entre les 25 et 26 septembre après-midi le front a avancé d'environ 650 m. 


 


Une image prise hier par LANDSAT 8 avec, par chance, aucun nuage sur la zone éruptive, permet de se faire une idée plus globale de la situation, et tout d'abord sa réelle extension, somme toute assez limitée si on la regarde à l'échelle de l'île malgré les dégâts très importants, conséquence inéluctable* de l'urbanisation de toute zone volcanique active.

Pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène, et en particulier de l'extension des coulées depuis 8 jours, je vous ai composé un image en "couleurs naturelles" mixée avec une image composée avec les infrarouges, mais où je n'ai fait apparaitre que les coulées en infrarouge, histoire de bien les faire ressortir.

Extension des coulées de lave après 7 jours d'éruption. Image : LANDSAT 8 - NASA/USGS


Lorsqu'on regarde ces données en "couleurs naturelles",il devient clair que la seconde coulée, décrite hier à partir de l'image SENTINEL 2, a une teinte brune très marquée ce qui vient probablement (une analyse du terrain par des spécialistes sur place permettra d'y voir plus clair) du fait que cette coulée est composée d'un mélange de la coulée émise depuis l'évent principal et des débris du cône emportés par cette coulée depuis l'arrachement.

Le champ de lave de l'éruption. La teinte brune de la partie en pointillé (coulée de lave décrite dans la mise à jour du 26 septembre) est interessante. Image : LANDSAT 8 - NASA/USGS

Une image d'un satellite PlanetScope (société Planet) à très haute résolution (3m par pixel en visible) prise le 26 septembre, cadre l’extrémité du champ de lave et permet de mieux voire encore la différence de teinte entre la première coulée, grise, qui est arrivée aux portes de Todoque et la seconde coulée qui la recouvre et qui est nettement plus brune.

L’extrémité ouest du champ de lave, le 26 septembre 2021. Image  : Planet

* à court, moyen ou long terme


Mise à jour x6, 27/09, 10h37

Alors même qu'au levé du jour encore l'activité restait intense, le trémor a connu une chute très importante (vertigineuse même), et le panache de cendres n'est plus produit : l'activité a donc très très fortement diminué rapidement en cours de matinée, les dernières bouffées de cendres ont eu lieu vers 9h00 (heure locale)!

Chute vertigineuse du trémor. Image : IGN

Plus de trace du panache de cendres. Image :IGN

Le champ de lave est très épais mais son épaisseur est très variable, de 10 à 50 m environ, l'épaisseur la plus importante se trouvant dans la partie la plus amont. Le volume totale estimé par stereoimagerie (sur la base de données du réseau de satellites Pleiades) est d'environ 31 millions de m3.

Estimation des caractéristiques (épaisseur min, max, moyenne, surface et volume) du champ de lave produit par l'éruption, au 26 septembre. Image : Joaquin MC Belart / IsTerre/FormaTer/CNES/NLSI

Mais attention, cette pause peut n'être que temporaire, la situation reste sous très haute surveillance! 


Mise à jour x7, 28 septembre 2021, 08h41

La journée du 27 septembre aura été marquée par l'arrêt assez brusque de l'activité en début de journée, suivi en cours de matinée par le retour de bouffées de cendres faibles au départ puis de plus en plus intenses. L'activité a redémarré en fin de journée sur les même modalités que lors de la première phase à savoir : sur les deux évents, avec activité explosive soutenue sur l'évent principal (deux bouches hier à cet endroit visiblement mais avec le temps je ne saurais dire si elles sont toujours là ou si elles sont fusionné) et une belle activité explosive et une grosse effusion depuis l'évent secondaire.

Quelques différences à noter dans le dynamisme : l'activité sur l'évent secondaire est bien plus intense que lors de la première phase. Toute la nuit, et jusqu’à rédaction de cette mise à jour, une mini fontaine de lave (avec re-construction d'un spatter-cone autour) est maintenue. Une activité magnifique.


Le trémor, quand à lui, est remonté, mais jusqu'au niveau pré-effondrement du cône (séquence 19-24 septembre).


Mise à jour x8, 29 septembre, 08h47


L'activité éruptive, globalement strombolienne (même si c'est un strombolien très dynamique) reste très très soutenue avec une intense activité explosive sur l'évent principal et le maintient d’une activité intense de spattering et d'une grosse effusion sur l'évent secondaire : l'activité semble donc globalement stable depuis hier, ce qui se reflète sur l'amplitude du trémor, dont la valeur reste haute mais varie beaucoup moins.

Le tracé de trémor montre moins de variations depuis le matin du 28 septembre. Image : IGN

L'événement le plus important reste toutefois l'arrivée en mer de la coulée de lave qui a commencé à se former au soir du 27 septembre. Elle a touché l'eau au niveau de la Playa de los Guirres vers 23h00 (heure loclae), légèrement au sud-ouest de Todoque, trajectoire qui l'a obligatoirement fait traverser d'autres secteurs urbanisés et donc augmenté les dégâts matériels.



Se pose donc maintenant un nouveau problème : la toxicité du panache produit par le contact entre la lave, encore assez riche en gaz, et l'eau de mer. panache qui est souvent riche en acides chlorhydrique et fluorhydrique. L'accès à la côte par la mer est maintenant contrôlé avec interdiction de s'approcher à moins de 2 milles nautiques (soit environ 3700m), en raison du risque de brusque évaporation d'eau à même de projeter des fragments de roche à très haute température, phénomène qui peut être aggravé par le fait qu'avant de toucher l'eau, la coulée doit chuter d'une falaise et constituer un talus de débris, dont la stabilité va être un élément déterminant dans la phénoménologie liée à l'évolution de cette coulée. En effet si, par exemple, ce talus de débris à très haute température venait à s'affaisser en mer, la surface de contact entre la roche et l'eau serait brusquement démultipliée et pourrait amèner à une phase explosive potentiellement soutenue (avec les projections de fragments associées).

Il faut par ailleurs compter avec la marée (marnage prévu d'environ 1.60 m aujourd'hui, 1.70m demain) qui va faire monter l'eau au contact du talus de débris. Méfiance donc car il est difficile à d'anticiper l'évolution d'une zone aussi dynamique que le contact coulée-eau (surtout si l'eau en question est un océan, masse d'eau déjà fortement dynamique par essence).


Mise à jour x9, 30 septembre, 21h21

L'activité éruptive reste soutenue et ne genre pas de style : belle activité strombolienne au niveau de l'évent principal et grosse activité de spattering et grosse effusion au niveau de l'évent secondaire*. La coulée de lave, toujours alimentée, continue d'arriver à l'océan avec pour conséquence principale la croissance, importante, du delta de lave. Cette "croissance importante" est le fruit de la combinaison:

- d'un gros débit de la coulée

- d'une faible profondeur d'eau près de la côte (entre 0 et 10 m entre la côte et le front du delta) ce qui permet à la lave de bien s'étaler.

Vue globale de l'activité éruptive, du point d'éruption à droite au delta côtier, fumant à gauche. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

 

Par contre la suite de l'évolution de ce delta dépend directement de la morphologie du terrain sous l'eau (la bathymétrie) et il se trouve que le front du delta arrive au bout de la zone la moins pentue. Quelques 200 m de plus vers le large et le front du delta va arriver sur un tombant, jugez plutôt : de la côte jusqu'à 600m au large, la profondeur passe de 0 à 40 m environ (pente de 6% environ); pour les 400m qui suivent la profondeur passe de -40 à -160 m (pente de 30% environ).

Le delta de lave mappé sur la bathymétrie (isobathe : 5m). Image : Udri, via twitter (merci à Shérine France!)

La stabilité du front du delta va fortement diminuer et il ne sera pas impossible d'avoir plus d'infiltrations d'eau et des explosions phréatomagmatiques sur le delta, voir des glissements de portions plus ou moins importantes de ce dernier. L'approche par bateau doit être strictement interdite.

* qui n'a de "secondaire" que le nom car l'activité y est vraiment très importante.

Mise à jour x10, 01 octobre 2021, 22h26

Quelle nuit fut la nuit dernière, et quelle journée fut celle qui a suivi (aujourd'hui, donc)!!
Que de rebondissements, avec, tout d'abord la mise en place, avant minuit (dans la nuit du 30/09 au 01/10):
- d'une nouvelle coulée de lave depuis un évent situé juste au-dessus de l'évent secondaire, dont le fonctionnement n'a pas duré très longtemps, du moins pour ce qui est de la coulée émise parce que l'évent est toujours utilisé pour l'échappement des gaz ce soir.


- suivi de l’ouverture d'un autre évent sous l'évent secondaire, et dans l'alignement des trois évents de cône principal avec  l'évent secondaire (il ne faut pas oublier que le magma forme un dyke, une structure allongée, du fait qu'il fracture la roche...et qu'une fracture est allongée).
 
- suivi de l'ouverture en seconde partie de nuit d'une petite fracture éruptive à environ 900 m au nord-ouest de l'évent principal de l'éruption et à environ 20 m d'une petite maison (probablement évacuée depuis le début de l'éruption). Cette fracture a produite pour ainsi dire uniquement des coulées d'une lave bien fluide, à gros débit, qui ont détruit de nouvelle habitations d'El Paraiso.


La nouvelle fracture n'est pas dans l'alignement des différentes évents qui forment le cône principal (les trois évents sommitaux + l'évent secondaire + les petits nouveau décrits ci-dessus) et j'ai au départ pensé à une nouvelle fracture "en échelon", c'est-à-dire décalée mais parallèle à la principale fracture. Mais les images montrent que les deux évents actifs de cette fracture sont alignés dans une direction tout à fait différente, sécante à la direction de l'alignement principal avec un angle d'environ 50° (la direction de la fissure éruptive principale est d’environ N130, la direction de la nouvelle fracture est environ N80 si j'en crois les images).

La nouvelle fracture éruptive, toute petite (une vingtaine de mètre de long), au matin du 01 octobre. Image : ES-UCL; UOB Flight LAb - UNIPA

- enfin, un autre évent a fait son apparition dans l'après-midi dans la partie supérieurs du cône principal mais de cet évent n'ont été émise que des cendres pendant quelques minutes, puis du gaz. Depusi l'activité explosive des trois évents sommitaux semblent l'avoir comblé...



Bref : le système de dykes qui alimente l'éruption semble évoluer progressivement et réserve peut-être d'autres surprises!
Quand au delta de lave côtier, son extension se poursuit et plus de 20 hectares ont été gagnés sur l'océan depuis qu'il a débuté sa formation.


Mise à jour x11, 04 octobre, 07h45

Depuis la précédent miss à jour, l'activité n'a pas vraiment changé de dynamique : toujours une activité strombolienne puissante constituée d'une phase explosive intense au niveau de l'évent principal et d'une grosse effusion qui se fait depuis de multiples évents située plus bas sur le cône. Côté information de fond : le magma émis à une composition de téphrite, composée d'autant de silice qu'un basalte ( aux alentours de 45-50%) d'un basalte mais plus riche en Na2O+K2O (plus de 6%)

La seule modification qui s'est produite concerne la morphologie même du cône avec:

- tout d'abord le comblement progressivement de l’éventement qui s'était produit fin septembre (cf mise à jour x3) par les retombées incessantes de fragments (cendres, lapillis et bombes) et leur accumulation.

- ensuite l’instabilité chronique du versant nord-ouest (ou ouest-nord-ouest) qui se manifeste de manière timide depuis le départ mais qui, à partir de la nuit du 02 au 03 octobre, est devenu bien plus importante. C'est à partir de cette nuit là- en effet que, progressivement, on a vu l'évent secondaire changer au cours des heures de morphologie avec, tout d'abords l'apparition d'un second évent au-dessus du spatter-cone qui, plus tard s’est mué en véritable évent éruptif (avec de jolies petites phases de fontaines de lave). Par la suite l'activité de spattering sur "double évent secondaire" a ré-édifié un spatter cône, plus large que le premier et à produit de nouvelles coulées, courtes et multiples. Ce spatter-cone n'a pas tardé à se désagréger progressivement en fin de nuit et cours de journée d'hier avec, pour conséquence la jonction entre la ligne d'évents sommitaux et l'évent secondaire : le cône apparait donc à nouveau égueulé mais cette fois en direction du nord-ouest (ou ouest-nord-ouest).

Le nouvel égueulement conséquence de la jonction de tous les évents actifs sur la fracture éruptive. Image : RTVCes

 

L'activité ne montre, pour le moment, aucun signe d'affaiblissement notable et le delta côtier à continué sa lente croissance.

Sur la base des données satellites, ce sont 945 maisons qui ont été détruites et 128 sont durement affectées et risquent ou devront être détruites. Les coulées couvrent 398 hectares.


Mise à jour n° 12, 11 octobre 2021, 08h52

Au cours de la semaine écoulée l'activité est restée dans la même gamme d'intensité* et n'a pas vraiment changé de dynamisme avec une activité explosive soutenue, presque au stade de fontaine de lave, au niveau de la zone des évents principaux, et le maintien d'une grosse effusion. Jusqu'au 09 octobre cette dernière a continué d'alimenter la formation du delta de lave côtier avec, le 07 octobre, une brèche ouverte dans la levée sud du chenal de la coulée, au niveau de Las Hoyas. Brèche par laquelle une partie de la roche en fusion a pu s'écouler et former un second lobe qui a rapidement atteint la côte et recouvert les plantation misent en place sur le delta de lave de l'éruption de 1949.

Le 07 octobre un embranchement du chenal principal de la coulée forme un second lobe qui recouvre le delta de lave de 1949. Image: RTCV

L'arrivée à l'océan de la coulée a produit, d'après les mesures réalisées par une équipe de volcanologues Canarien (INVOLCAN), Anglais (Manchester) et Italiens (INGV) sur place, jusqu'à un peu plus de 43 tonnes par jour d'acide chlorhydrique, du fait des réactions chimiques qui se produisent au contact entre la lave et l'eau de mer (le sel est composé de Chlore). Ce panache, peu dynamique (car à une température à peine supérieure à celle de l'atmosphère) s'élève peu et peut donc être un risque important pour les résidents, les plantations etc... Demeurant dans la couche la plus basse de la troposphère, sa dispersion était différente de celle du panache de gaz et cendres, à plus haute température, donc bien plus dynamique et de facto injecté plus haut dans la troposphère où les courants atmosphériques sont différents. Cette dispersion différentielle (variant selon l'altitude) des composants de l'éruption pouvait se voire nettement sur les images du satellite SENTINEL 3 ou du MODIS (d'une moindre résolution).


Le panache bleuté est produit au niveau du delta de lave côtier et et riche en HCl entre autres. Le panache brun est le panache éruptif, riche en gaz et particules solides (cendres). Le panache côtier, à basse altitude, est emporté dans un tourbillon de Von Karman, produit par le déplacement de l'atmosphère perturbé par l'île de La Palma. Ce tourbillon indique qu'à basse altitude le vent vient du nord-est. Le panache de cendres, à plus haute altitude, est emporté par en vent qui vient de l'ouest-sud-ouest  Image : SENTINEL 3 - ESA/Copernicus

L'événement majeure de la semaine est survenu le 9 octobre avec un nouvelle phase d'instabilité importante du cône se scorie et l'éventrement de son versant nord, qui a libéré un véritable flot de roche en fusion, coupant au passage l'alimentation du chenal qui produisait le delta de lave. Le débit important de la nouvelle coulée lui a permis de parcourir, au cours des premières 24 heures quasiment 5 km, détruisant au passage d'autres secteurs, déjà évacués, mais jusqu'alors préservés. Sur certaines portions de cette nouvelle coulée, sa vitesse était estimée par INVOLCAN à environ 700m par heure! Très grosse vitesse pour ce type de coulée.

 

Ce 10 octobre la nouvelle coulée traverse des secteurs jusqu'alors épargnés par l'éruption. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Juste avant cet événement le nombre de bâtiments (habitation ou non) détruits avait déjà été réestimé à 1186 et la surface couverte par la lave était de 497 hectares, dont environ 33 hectares gagnés sur l'océan  surface du delta de lave). Ces valeurs vont probablement être revues nettement à la hausse suite à la mise en place de la nouvelle coulée.

 Le tremor reste globalement stable et ne montre pas de signe particulier d'affaiblissement.

Évolution du tremor depuis le départ de l’éruption. Image: IGN


* gamme, parce que l'intensité varié légèrement de toutes manières, l'alimentation en magma n'étant pas  parfaitement constante

Sources : IGN; INVOLCAN; La Vanguardia; SENTINEL 1, 2,3 &5 - ESA/Copernicus; EERC; TelevisonCanaria; Planet;Joaquin MC Belart / IsTerre/FormaTer/CNES/NLSI; Udri; RTVCes


47 commentaires:

  1. Pas mal de cendre sont émis depuis les évents au extrémités de la ligne de fissures (le plus bas et le plus haut en altitude). Il y'a plusieurs vidéos qui montre aussi plusieurs bâtiments en feux ou détruits par la coulée.

    https://twitter.com/AN_Bdn/status/1439642192608378886

    Sinon, y'a un bon live en se moment sur Youtube sur l'éruption, a voir combien de temps il va durer.

    https://www.youtube.com/watch?v=YKdIDajFI1I

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    1. Oui. Je regarde ce live, avec quelques belles explosions sur la partie aval effectivement : mieux vaut ne pas se trouver dans le secteur pour le moment! J'ai tenté de localiser la maison détruite avec le panache d'eau à côté, mais pas simple.Je pense à celle construite au pied du versant nord de la Montaña Rajada...

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  2. Une autre webcam live : https://www.youtube.com/watch?v=lX6rPG-u4ws

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  3. https://pbs.twimg.com/media/E_rCUFOXIAUkkQ1?format=jpg&name=large

    Incroyable image, a ce rythme... demain cette section de l'ile sera méconnaissable.

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  4. Bonjour, sur la photo aérienne de la localisation, le lieu de l’éruption à l'air de correspondre à l'emplacement d'une ancienne fracture, non ?

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  5. Bon, petite update des choses que j'ai trouvé de mon coté. Premièrement la station LP3 fait encore étant d'une inflation sur le volcan, malgré le début maintenant de l'éruption. Il y'a aussi une ligne de splatters cônes qui semble être la principale émission effusive du volcan pour le moment. J'ai aussi trouvé cette impressionnante vidéo

    https://youtu.be/TFJc1cbDZ0U?t=5325

    (voir à 1h29) qui montre le début d'une gigantesque ("je pèse mes mots, la forêt se fait littéralement ensevelir sous une vague de feu") coulées de blocs/AA qui pour moi, semble être possiblement un éventrement/effondrement du cône de scorie principale qui c'est mit a coulée sur lui même. Si on regarde les lives de cette nuit, je remarque que depuis cette coulée AA, une coulée continue sort du cône aussi.

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    1. Bon pour la video, ce qui veulent aller voir le plus beau spectacle, je conseil d'aller directement à 1h34 : https://youtu.be/TFJc1cbDZ0U?t=5626

      Aussi, semble que l'Etna est jalouse de notre attention sur la Palma, et a fait un petit paroxysme avec une colonne éruptive de 4-5km d'altitude.

      https://www.youtube.com/watch?v=9FUU40dQev8

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  6. Bonsoir CV,

    heureusement que la lave ne soit pas pahoehoe,
    je pense la coulée serait à l'océan maintenant.
    Un petit évent s'est ouvert il y a environ deux heures.
    Il prend un autre axe de cheminement,
    à suivre peut-être.
    Bonne soirée à vous

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  7. Bonjour CV.
    Si tout va bien je serai sur site à partir de Samedi PM. Je pourrais te donner des informations de terrain. Bien à toi. Patrick BArois

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  8. Aéroport de La Palama fermé. Mon vol de demain annulé :-(

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  9. D'aprés la webcam en live, l'activité effusive vient de reprendre après plusieur heures de projection stromboliennes.

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  10. Suis sur place. Je confirme que çà a repris. Coulée de lave très étalée qui, à cette vitesse là aura peut-être atteint la mer demain ou mercredi

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  11. La bouche secondaire émet un spatterring très violent : plusieurs dizaines de mètres de haut en arc de cercle vers l'aval. En arrière depuis le cône principal fontaines de lave permanentes générant une colonne de cendre immense montant à plusieurs milliers de mètres de hauteurs et d'où retombent une pluie de scories. çà ressemble tout à fait en un peu moins fort peut-être aux paroxysmes de l'Etna comme ceux que j'ai vus en février dernier. J'attend ce soir pour y voir plus clair (si je puis m'esprimer) avec la tombée de la nuit.

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  12. Bonjour Cv. J'ai obtenu le précieux graal pour approcher le site éruptif. Je pourrai si tu le veux, vdonner des informations précises de terrain.

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  13. çà y est : la lave a atteint la mer !c

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  14. Cette nuit on a pû atteindre les coulées. Que dis-je.... des torrents de lave avec au-dessus de nos têtes des cratères hurlants. Hallucinant. Trois fontaines de lave à quelques centaines de mètres de haut dans le grand cône. un enorma spattering dans le cône secondaire et entre les 2 une bouche n'émettant que du gaz s'enflammant au contact de l'air. La suite au prochain numéro.

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  15. Ca doit etre vraiment tres impressionnant, vous avez pu prendre quelques photos ou videos?

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    1. bien sûr mais ayant le privilège rare de pourvoir pénétrer dans la zone d'exclusion, je ne diffuse rien sur la toile qui pour inciter des internautes à braver les interdits et se mettre en danger

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    2. Bonjour, pourriez vous m'indiquer comment obtenir le précieux graal quand on est juste un passionné de volcanologie et un faiseur d'images stéréoscopiques ? Merci

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  16. Bonjour,
    La mer est elle profonde à l'endroit ou la lave entre, et donc une presqu'ile va t elle se créer ?

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  17. Bonjour,
    y a t' il un risque d' effondrement entre les différents évents?

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    1. Bonsoir. Je ne pense pas mais bon... il ne faut jamais rester fermer aux surprises :)
      CV

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  18. Bonsoir, la fumée blanche qui sort du second évent indique-t-elle la présence d'eau?

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    1. Bonsoir. L'eau est le composant principal des gaz magmatiques (grosso modo environ 65-70% quel que soit le magma, c'est vraiment grosso modo) donc que le panache soit essentiellement blanc lorsque la vapeur se condense n'est pas étrange :)
      CV

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  19. Bonsoir CV,

    je pense que vers minuit, deux nouveaux évents sont actifs.
    Les deux coulées que l'on voit ne proviennent pas de l'évent Ouest.
    Les deux évents Est, ne sont pas toujours visibles, sauf le principal.
    Le deuxième est diffus est n'apparait que par alternance.
    Les coulées ne sont pas de la même origine, du même évent.
    Bonne nuit CV.

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  20. 30/09 : On a pû atteindre hier le delta de lave en formation : déjà 50m d'envergure sur la mer. Sinon, aujourd'hui dans le cône principal 3 bouches en activité continuelle type fontaines de lave dont 2 avec beaucoup de cendre et une ressemblant à un véritable chalumeau. Un peu plus bas très forte activité de spattering. Le tout alimente une coulée de lave principale qui démarre en tunnel depuis l'égueulement principal d'où débordent des coulées éphémères quand l'afflut de lave et trop importante et qui s'empilent les unes sur les autres.

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    1. Bonjour,
      Compte tenu du spectacle et de l’excellente analyse que vous en faite, j'imagine que c'est par manque de temps que vous n'avez pas répondu à ma question à propos du précieux graal que vous avez obtenu. Mais êtes vous sans doute un volcanologue professionnel ?

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  21. Bonjour,
    Compte tenu du spectacle et de l’excellente analyse que vous en faite, j'imagine que vous n'avez pas eu le temps ni même vu ma question à propos de l'obtention du "précieux graal". Peut-être êtes vous un volcanologue ? En tout cas merci de nous apporter tous ces détails qui me donne encore plus de venir mais ce ne sera pas avant le 7, tout sera peut-être fini ?

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  22. Dans la nuit du 30/09, difficile de rester près des coulées au niveau du point de contrôle n°1 (le plus proche des cratères) tant la pluie de lapilli était intense. Sinon ce jour approche du système éruptif à travers la pinède de Cumbre Viejja. On était au-dessus du cône bien visible et on aurait même pû descendre et l'escalader mais... c'était dangereux :-) Sinon ce soir, baisse d'activité du cône secondaire mais l'activité du cône principal a été plus vigoureuse que les autres soirs. Confirmation des 3 coulées de lave décrites par CV avec en plus des débordements à partir du cône secondaire. A demain

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    1. Bonjour,
      Vous en avez de la chance d'assister à un tel spectacle mais, sans réponse à ma question, je crains que vous aimeriez avoir une sorte d'exclusivité. Ayant obtenu la réponse auprès d'un volcanologue de Catane, je viendrai plus vous importuner.

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    2. Rien à faire de l'exclusivité... Pas à mon âge, j'ai d'autre chose à faire et régulièrement je partage les informations et donne mes clichés et vidéo... si je n'ai pas répondu c'est parce que j'ai une très mauvaise connexion internet dans ma chambre. Sinon pour avoir des autorisations il faut à minima tremper dans le milieu volcanologique. Je ne suis pas professionnel mais amateur suffisemment averti pour que les autorités m'aient accordé ce droit de passage. Sinon c'est quasi impossible. Surtout ne pas dire que vous êtes journaliste. Ils sont parqués à la périphérie du site éruptif

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    3. Merci pour ces précisions et toutes mes excuses pour avoir supposé que vous n'étiez pas partageur. Vous me donnez un petit espoir. Profitez bien de ces moments uniques et, si vous étiez encore là le 8, ce serait un grand plaisir de vous rencontrer. J'en profite pour enfin préciser toute ma gratitude et admiration à l'auteur de Culture Volcan.

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  23. 02/10 : hier soir tous les accès étaient bloqués pour cause de gaz. ce matin, nous avons pû approcher la source des nouvelles coulées. Très beau ! La coulée suit un chemin paralèle à la coulée principale à quelques dizaines de m plus au nord, elle est très bien alimentée. Sur le haut versant nord du grand cône une nouvelle bouche était active par intermittence cyclique. Au niveau du cône secondaire, une coulée apparue il y a 2j n'est pas très alimentée mai active encore. Aujourd'hui activité de fontaine de lave en léger déclin, remplacée par une activité strombolienne et des explosions très fréquentes une trentaine/mn, certaines en véritables coups de canon faisant trembler les vitres de notre B&B situé à El Paso (3 km de distance). Bon je retourne au feu.

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  24. Nouvelle nuit de feu marquée par l'arrêt de la bouche secondaire et de son spattering violent. Du coup les fontaines dans le cône principal éatient plus haute autour de 400/500 m bref du paroxysme de type Etna mais en continu. D'ailleurs ici sur place les volcanologues sont eux mêmes surpris que cette phase de fontaine de lave très violentes dure aussi longtemps : 15 jours demain

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  25. la nouveauté du jour : la source de la coulée la plus basse est tarie. Le versant nord-ouest du grand cône s'est effondré. Plus qu'une seule fontaine mais très haute et trois évents de spattering en lieu et place du cône secondaire.
    Voilà j'arrête là les infos de terrain. Je rentre en France demain. Bye?

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  26. Bonjour
    Les cendres sont elles d'un certain interet pour amender des terres de culture ?
    Soit côté physique pour les terres lourdes soit chimique par l'apport de potasse et ou phosphore ?
    Merci pour vos mises à jour régulières et documentées.
    Cordialement

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    1. Bonjour Jardinero. Elles ont effectivement cette réputation. La fraction assez fine (cendres grossières et petits lapillis) peut effectivement se mélanger au sol et le décompacter, comme tout sable. Côté chimique, le K2O est plutôt bien soluble dans l'eau et la fraction la plus fine des cendres peut éventuellement être détruite plus rapidement par les processus biologiques ou chimiques du sol et rendre disponible ce K2O. Quand au Phosphore, dans des études pétrologiques concernant le volcanisme de Cumbre Vieja, on peut voir des graphiques où la quantité de P2O2 varie, selon les échantillons, de 0.4 (% en masse) à 1,2%. J4ai, je l'avoue, du mal a comparer avec d'autres types de processus susceptibles d'amener du Phospore mais en tout cas c'est un apport. Maintenant, le bénéfice agricole rapide ne concerne que la fraction la plus fine. Les coulées de lave et même la zone la plus proche du cône ne seront pas exploitables tout de suite et il faudra attendre que des processus d'altération les transforment en sol.
      Bonne journée :)
      CV

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  27. Bonjour, j'avais vu un reportage sur un possible effondrement d'une partie de l'île pouvant provoquer un Méga tsunami. Serait il possible d'avoir des infos.
    Cordialement

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    1. Formation d'une caldeira ? Pour le moment l'activité ne le laisse pas présentir. Il faudrait une activité plinienne (vésuve en 79 après JC), voir ultra-pliniene (Krakatoa 1883), or le volcanisme des Canaries ne laisse que peu de probabiles (voir aucun) pour un phénoméne extrême. Une activité effusive de longue durées est par contre possible (comme à Tinmanfaya ile de Lanzarote en 1824).

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    2. Cela fait des années que l'institut volcanologique des canaries dément cette hypothèse à grand renfort d'études scientifiques détaillés. Mais la force médiatique des émissions catastrophes grand public semble plus forte pour rendre tenace cette légende urbaine. Voir ici par exemple : https://www.facebook.com/photo/?fbid=302643498333313&set=a.162195062378158

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  28. Pour l'amour du ciel, arrêtez avec ce système de mise à jour!!!!!!!!!!!!!!!!
    C'est insupportable. On met un temps fou pour s'y retrouver et franchement, je n'y vois aucun intérêt quelconque...

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    1. Bonjour Thierry. Vous avez tout à fait raison de dire ce qui ne vous convient pas (avec les formules de politesse, ça serait top). Toutefois ma réponse est "non" : je continuerais ce mode, que j'ai choisi en conscience et jusqu'à ce que je trouve mieux. Je met le numéro de mise à jour dans le titre et il suffit de s'y référer dans le post (j'ai pensé mettre la date de mise à jour mais dans le titre, ça commence à faire long). Je cesse le système de mise à jour et rédige un nouveau post quand il y a trop d'écart avec les postes suivants ou, si c'est nécessaire, je fais un onglet sur le haut de page pour y parvenir directement sans avoir à faire de défilement (tiens je vais le faire dès que possible du coup, si cela peux éviter de chercher le post dans la page d'ouverture). Vous ne voyez pas l'utilité de ce système, certes mais, en l'occurence, moi si.
      Bonne soirée malgré tout et désolé de ne pas accéder positivement à votre demande.
      CV

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  29. Bonsoir CV,

    désolé, je me prénomme Thierry aussi...
    Désolé aussi que les gens ne prennent pas du temps au temps...
    Je pense que ces gens avec ce genre de comportement ne sauront pas là pour voir les suites récentes (en millénaire)de ces éruptions.
    Dommage pour eux, pour vous et pour moi aussi...
    Le temps n'est pas à l'échelle de l'Homme; apprécions ce que nous voyons de notre Terre.
    Bref, pour en revenir à La Palma, je pense que les évents 2 et 3 vont se structurer pour n'en faire qu'un; l'écart entre ces deux évents est moins important depuis quelques jours.
    Ce n'est qu'une vue depuis quelques jours; prenez votre temps pour pouvoir vérifier tout ça, si vous le voulez.
    J'ai le temps d'attendre vos réponses à ça et pour l'instant, je me régale à regarder ce Volcan.
    Grand MERCI à vos propos, j'adore.
    Bent07

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  30. Bonsoir, je me pose une question quand à la quantités de cendres émises tout autour du volcan. S'il se met a pleuvoir, y a t-il un risque de lahars et faire beaucoup de dégâts supplémentaires ?

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    1. Bonjour flygar et désolé pour le délai de réponse : je n'ai que peu de temps pour faire de la rédaction sur le blog en ce moment...
      Je suis tenté de répondre "oui un risque existe" à votre question mais la difficulté est surtout d'évaluer ce risque.
      La mise en place d'un lahar se produit lorsque la pluviométrie est suffisante par rapport à la structuration du dépôt qui s'imbibe et de la pente sur laquelle repose ce dépôt.
      Je serais donc tenté à priori (et j'aurais aimé pouvoir souligner ce terme mais blogger n'est pas l'interface la plus élaborée) de dire que ce risque est faible parce que:
      - la pluvimètrie est globalement faible
      - parce que le dépôts est constitué d'un mélange de lapillis et de cendres scoriacés (qui sont des dépôts assez drainants et cohérents en général)
      - parce que la pente est globalement faible

      Cela étant dit, si une tempête débarque avec une pluvimètrie exceptionnelle, qui imbibe le dépôt plus rapidement qu'il ne parvient à drainer l'eau qui lui tombe dessus, alors il peut y avoir localement des portions de dépôts remis en mouvement (des lahars donc).

      Bonne journée
      CV

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