Volcan Etna : une fin d'année en fanfare!

Après l'épisode qui, de septembre 2019 à mai 2020, a vu la formation d'un magnifique cône de scories dans la Voragine, l'activité avait été en pause jusqu'en juillet, où elle avait fait un retour discret sur le Cône Sud-Est. En parallèle, on pu noter des phases éruptives dans la Bocca Nuova et le Cône Nord-est, parfois quelques flash dans la Voragine à nouveau mais l'essentiel de l'activité éruptive de cette nouvelle séquence est centrée sur le Sud-Est. Et depuis début décembre, c'est la fête puisque le troisième paroxysme vient d'avoir lieu sur cette zone!

Alors clairement on n'est pas dans des paroxysmes aussi spectaculaires que ceux qui ont eu lieu au début des années 2000 mais quand même! Les trois suivent le même schéma ou presque : une hausse assez rapide de l'activité strombolienne avec un pic (le paroxysme donc) et la mise en place de coulées de lave. La phase paroxysmale voit, en fait , les explosions stromboliennes non seulement être d'une très grande intensité mais aussi être très rapprochées les unes des autres, formant ce que l'on appelle une "fontaine de lave", haute de quelques centaines de mètres.

Pour le premier paroxysme, le 14 décembre les coulées de lave se sont mises en place sur le haut versant sud, sortant directement du sommet du cône Sud-Est et contournant, par l'ouest, les cônes de scories édifiés en 2002. La particularité du premier paroxysme est de s'être déroulé en trois "pulses", c'est-à-dire que la fontaine de lave n'est pas restée stables : il y a eu deux pertes de puissances suivi de regains. C'est au moment des regains que les coulées de lave se sont mises en place, les unes sur les précédentes. La conséquence de ce premier paroxysme fut l'éventrement du flanc sud du Cône Sud-Est, par lequel les coulées ont pu se mettre en place.

Le lendemain, 15 décembre, au matin, l'activité à connu un léger regain avec un petite activité strombolienne et la mise en place d'une nouvelle coulée de lave (toujours vers le sud), mais sans qu'il n'y ait de paroxysme.

La coulée de lave le 15 décembre, et les traces du premier paroxysme. Image  : SENTINEL 2-ESA/Copernicus

Le second paroxysme, quand à lui, a eu lieu le 21 décembre dans la crasse et n'a donc pas été aussi détaillé. On a tout de même pu apercevoir entre les nuages l’impressionnant panache, et, grâce à l'imagerie thermique, l'activité de fontaine et la mise en place de coulées (toujours vers le sud).

Le panache éruptif vu depuis Bronte (à l'ouest). Image : Nicola Zappala

La phase de fontaine vue à travers les nuages. Image:INGV

Le champ de coulées de lave (à gauche), après le paroxysme. Image : INGV

Pendant ce second paroxysme le champ de lave est plus complexe. Tout d'abord le champ de coulée qui est parti en direction du sud s'est divisé en deux bras en "cognant" contre les cônes de 2002. Une partie a fait comme les deux premières fois, à savoir: contourner les cônes de 2002 par l'ouest, ce que l'on voit sur l'image thermique ci-dessus; mais le reste (invisible sur cette même image) est parti plein est et a débaroulé dans la Valle del Bove. On ne peut se rendre compte de sa présence que g^race à la webcam thermique placée plein Est, au Monte Cagliato, qui pu détecter cette coulée lorsque la couverture nuageuse s'est, par chance, entre-ouverte.

Coulée de lave dans la Valle del Bove lors du second paroxysme. Image : INGV

Toutefois la situation est encore plus complexe car, bien après la fin de ce paroxysme, lorsque la couverture nuageuses s'est, cette fois, totalement dissipée, la même webcam du Monte Cagliato permet de constater qu'une coulée s'est mise en place aussi sur le versant nord du Cône Sud-Est. La colonne de magma est, en fait, ouvert le sommet du cône Sud-Est en 2, et la roche en fusion à pu fuiter simultanément aux deux extrémités de la fracture, vers le sud et vers le nord.

Le second paroxysme à vu se mettre en place des coulées de lave vers le sud, l'est (Valle del Bove) et le nord. Image: INGV

Viens enfin le troisième paroxysme en date (et je suppose qu'il fut s'attendre à d'autres dans un futur proche), qui a eu lieu ce matin, 22 décembre.

Grosso modo c'est un bis repetita du second paroxysme, mais sans les nuages cette fois, pour notre plus grand plaisir! Les coulées de lave se mettent en place aux même endroit, suivent les mêmes trajectoires. Le paroxysme a duré au totale environ 3 heures, démarrant vers 3h45 (heure locale) pour se terminer vers 6h30 (heure locale). C'est à peu près car il est assez compliqué de donner un "top" pour le départ et l'arrivée, sachant que le tout se déroule de manière progressive.

Commençons par le sud, avec les images de l'INGV.

Le paroxysme n°3 et ses coulées de lave. On voit très bien les deux bras qui partent côté ouest (à gauche) et est (à droite, direction Valle del Bove), en butant contre les cônes de 2002. Images : INGV

 Ensuite le paroxysme vu depuis l'est qui donne une vue sur la coulée nord et celle de la Valle del Bove.

La mise en place des coulées de lave est et nord, suivant la même trajectoire que celles du second paroxysme, la veille. Images: INGV

On peut noter grâce à certaines images, le développement de panaches (il y a en a eu très peu, 2-3) au-dessus de la coulée de lave est . Cela pourrait être le résultat d'une interaction de la lave avec la couche de neige qui recouvre le sommet. Ces panaches ne sont pas assez chauds pour être clairement visibles sur les images thermiques ci-dessus qui, en plus, est à plusieurs kilomètres de distance (l'atmosphère a le temps d'absorber une partie des rayonnements thermiques).

Un discret panache s'élève au-dessus de la coulées est, là où débute la Valle del Bove. Image : Radio Touring

Ce système volcanique, l'un des plus actifs sur Terre*, semble donc être entré dans une nouvelle phase d'instabilité intense et il mérite donc toute notre attention.

Sources : IGNGV; SENTINEL 2-ESA/Copernicus; Nicola Zappala, Radio Touring

* en tout cas en ce qui concerne le volcanisme émergé