Brève phase d'activité intense sur le volcan Whakaari (White Island) (mis à jour)

C'est une triste journée aujourd'hui, avec le décès officiel d'au moins une personne, et probablement plusieurs autres victimes (blessées physiquement et/ou psychologiquement), aujourd'hui sur l'île touristique ET système volcanique actif de Whakaari, dont l'ancien nom était White Island.

L'événement a eu lieu vers 14h10 heure locale d'après les bulletins publiés par le GeoNet. Il s'est agit d'une explosion très intense, qui a couvert une bonne partie de l'île de cendres volcaniques et a même affecté visiblement de manière sérieuse les côtes avec ce qui ressemble à des écoulements pyroclastiques. Le niveau d'alerte a immédiatement été élevé et est actuellement à 3.

À la fin du mois d'octobre le GeoNet avait publié un bulletin indiquant que l'activité de fond (pas seulement les changements d'activité de surface) notamment la quantité de SO2 émis et le niveau du trémor étaient en légère hausse. Toutefois il n'était pas possible à l'époque, et il n'est d'ailleurs toujours pas possible, de faire un lien strict et avéré avec l'explosion d'aujourd'hui. Malgré tout un potentiel lien avec ces changements peut-être supposé mais il faudra du travail aux chercheurs pour le confirmer ou pas.

Dans la communication qui est faite par les volcanologues, il faut relever le terme "eruption", qui se traduit par "éruption". Toutefois, en Français, je vais me permettre une distinction que ne font globalement pas les anglosaxons habituellement (et pas souvent les Francophones non plus d'ailleurs) pour que la situation, telle qu'elle apparait pour le moment, soit bien comprise.

L'utilisation du mot "éruption" dans notre langue décrit une sortie du magma à la surface de la Terre. Or la situation à Whakaari est la suivante:
- l'explosion a été forte mais brève
- il n'y a eu qu'une seule explosion, ou plutôt une seule séquence explosive jusqu'à présent
- les images montrent clairement que le panache est riche en cendres (partie gris/noire du panache) et en vapeur d'eau condensée (partie blanche).

- un dégazage intense riche en eau s'est maintenu après la séquence explosive, comme le montrent les images des webcams du GeoNet.

Tout cela constitue des caractéristiques des activités essentiellement non-éruptive que sont l'activité hydrothermale et l'activité phréatique, habituellement du moins. Le phréatomagmatisme peut aussi avoir cet aspect mais souvent l'activité dure un peu plus dans le temps.

Entre activité purement hydrothermale, phréatique ou phréatomagmaique il ne m’appartient pas de trancher évidemment (l'analyse des cendres pourrait donner quelques éléments), mais étant donné que des paramètres géophysiques ont varié au cours des semaines précédentes, les deux sont, me semble-t-il,  tout à fait envisageables à ce stade.

Par ailleurs ce n'est pas parce que l'activité a, très vraisemblablement, été uniquement hydrothermale ou phréatique pour le moment qu'elle va le rester :  de telles séquences peuvent être précurseurs d'une future activité éruptive. Toutefois c'est aux volcanologues Néozélandais d'analyser les paramètres géophysiques pour, justement, voir si du magma est bel et bien en train de se déplacer.

Pendant ce temps il faut s'occuper des victimes. Les blessés (que l'on voit en train d'évacuer l'île sur certaines séquences ci-dessus), le corps de la personne décédée et la rechercher d'autres victimes potentielles. En tout il semble qu'une cinquantaine de personnes était sur ou à proximité de l'île au moment de l'explosion.

Mise à jour, 12h39

Triste nouvelle : il semble que le nombre de décès soit maintenant de 5....
Sources: GeoNet; Police Neozélandaise; Radio NewZealand