1 octobre 2019

Nouvelle éruption sur le volcan Ulawun (mis à jour)

Après les paroxysmes de juin et août de cette année, voilà qu'a débuté une troisième phase éruptive sur le volcan Ulawun, situé sur l'île de Nouvelle Bretagne, en Papouasie Nouvelle-Guinée. J'ai fait passer rapidement sur twitter avant de partir au travail ce matin un point sur les quelques signaux satellites, à savoir un fort signal thermique et un panache de cendres dont l'altitude a été estimée à 6000m par le VAAC de Darwin, qui indiquaient qu'une nouvelle phase avait débuté, mais j'étais alors loin de me douter sur la manière dont elle se déroulait.
Ben oui: les autres séquences se sont déroulées au sommet, je m'attendait donc à voir une nouvelle séquence..au sommet..........et en fait, pas du tout*.

L'évent qui s'est ouvert cette fois est situé vers la base du versant ouest-sud-ouest, vers une altitude qui doit se situer aux alentours de 700m à peu près, d'après les images (rares et pas toujours de bonne qualité) qui circulent pour le moment. Il s'agit d'une éruption de magma fluide (comme les précédentes) mais moins violemment explosive puisqu'en lieu et place des immenses panaches de cendres des deux précédents paroxysmes, il s'agit ici d'une belle (magnifique même) fontaine de lave haute, d'après les personnes sur place, d'une centaine de mètres.
Sur ces images, une seule fontaine est visible, ce qui implique un point de sortie du magma ("évent éruptif") localisé, et non pas une longue fracture, qui se manifesterait par plusieurs fontaines alignées.
Ce qui n'empêche pas qu'un rédeau de fracture se soit développé avant et pendant les premières heures de l'éruption sur le flanc de l'édifice, mais le magma ne semble sortir qu'en un seul point.

La fontaine de lave au pied du stratocône d'Ulawun au soir du 1er octobre. Image: Alfred Jules
On peut noter sur la photo la présence d'un panache sur la gauche de la fontaine, ce qui suggère que la végétation alentour brûle: peut-être est-ce dû à la formation d'une coulée de lave, mais pour l'heure ce point n'est pas clair.

Cette activité explosive est, ou a été, la source d'un panache décrit comme haut et chargé de cendres parfois. Ce qui n'est pas le cas d'après ce que je vois.
En effet on voit très bien sur les images prises de jour qu'au niveau de la fontaine elle-même, le panache n'existe pour ainsi dire pas: il se forme à une hauteur assez importante au-dessus de la fontaine.
Autour de la fontaine, on aperçoit quelques filaments sombres: ce sont les retombées de fragments de lave assez grossiers produits par la fontaine, fragments de taille lapillis (2 à 64 mm de large) probablement.

Le panache de gaz, lapillis et cendres, vu depuis l'ouest. Image:Christopher Lagisa


Bref: le panache est probablement constitué de peu de particules et essentiellement de gaz, la vapeur d'eau en premier lieu (gaz principal de tous les magmas), qui est invisible, mais qui se condense plus en hauteur, avec la baisse de température, en gouttelettes microscopiques d'eau liquide, visibles, qui forme le panache. La photo prise à contrejour donne une teinte sombre au panache, faisant croire qu'il est chargé de cendres.

Cette phase a été précédée d'une crise sismique qui a débuté lundi en milieu de journée, et l'éruption a débuté vers 04h30 heure locale le mardi.

Parmi les personnes qui avaient été évacuée lors du paroxysme précédant, une partie seulement avait rejoint leur habitation: elles ont dû être évacuées à nouveau.

Il est intéressant de noter que de telles éruptions latérales ont déjà été observées auparavant sur cet édifice, notamment en 1978 (mais sur le bas versant est, bien plus bas que l'éruption actuelle), mais que ce n'est pas fréquent. Il est donc intéressant de se questionner sur les raisons pour lesquelles le magma a pu, cette fois, se frayer un passage latéralement.


Mise à jour,  06 octobre, 21h28

Des images récentes montrent que l'éruption commencée début octobre se poursuit actuellement. Ces images confirment par ailleurs la présence d'une coulée de lave, qui ne pouvait être que soupçonnée avec les images du post ci-dessus.
Malheureusement aucun info précise n'est donnée concernant cette coulée (= effusion de lave), en particulier pas ses dimensions ou son débit par exemple. Des images on peut tout de même constater une belle coulée de texture a'a, épaisse, caractéristique d'une lave de viscosité faible-moyenne. Pour Ulawun les laves émises sont majoritairement des basaltes, parfois des andésites, ce qui colle bien avec les morphologies de coulées a'a.

Belle coulée de texture a'a, le 05 octobre. Image : Lazarus Mululio
Le reste des images se trouve sur ce lien.

Sources : MIROVA; Himawar i 8; VAAC de Darwin; Shérine France, que je remercie (x2) pour avoir fait passer les images; The Strait Times.

* et j'aime bien les surprises de ce genre!

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