18 février 2019

Piton de la Fournaise: première éruption de l'année (mise à jour x2)

Le calme qui s'était installé au Piton de la Fournaise depuis la dernière éruption (septembre-novembre 2018) a été rompu fin janvier par la mise en pression  du réservoir superficiel, qui avait provoqué le gonflement du sommet du Dolomieu. Une crise sismique de quelques heures avait suivi le 16 février  marquant la remontée d'une masse de magma, obligée (comme à chaque fois) de fracturer les roches pour sortir. Mais bien que le niveau d'alerte ait été alors élevé à 1, le magma avait fait une pause sans sortir.
Mais il a finalement réussit à vaincre la résistance mécanique des roches qui l'entouraient, finissant de les fracturer jusqu'à l'air libre: départ d'éruption à 09h48 heure locale précisent les volcanologues de l'OVPF. Cette fois, et ce n'est pas tellement fréquent, c'est le haut versant Est du cône Dolomieu qui s'est ouvert, libérant la roche fondue qui, comme à chaque fois, sort sous deux formes principales:

- les fontaines de lave: activité explosive faible due à la sortie des gaz sous pression, qui fragmente la roche en fusion. Les fragments en question s'accumulent autour du point de sortie du gaz et forment (ont formé)  dans le cas de cette éruption une dizaine de cônes alignés sur deux fractures (ou fracture en deux parties si vous voulez, orientée en direction du nord-est.

- les coulées de lave: partie de la roche en fusion qui parvient à sortir sans être fragmentée et s'étale tranquillement sur le sol. La pente étant particulièrement forte, et le débit plutôt important semble-t-il (20-40 m3/s d'après le dernier bulletin OVPF), le front champ de lave (plusieurs bras de coulées qui s’enchevêtrent, s'entrecroisent etc) est descendu assez vite: il se trouve, à ce qu'il semble, vers 1200 m d'altitude environ actuellement, alors que les fractures se sont ouvertes vers 2400 m d'altitude, juste sous la crête du cratère du Dolomieu. Le front ne semble plus progresser très rapidement depuis la fin de journée.

On voit parfaitement le champ de lave depuis la webcam "Cascades" (première éruption bien visible depuis cette webcam récente).

La zone la plus en amont (où la lave est chaude et rayonne beaucoup dans l'orange-jaune) du champ de lave est bien visible sur la webcam. Image: OVPF/IPGP
Des photos ont été faites d'hélicoptère (bien entendu) et vraiment c'est une belle éruption effusive, qui ne pose pas de risques particuliers dans sa configuration actuelle* aux populations côtières.


La partie amont du champ de lave en formation, le matin (pendant le mauvais temps, qui s'est amélioré l'après-midi). Image: rb/www.ipreunion.com


Situation à suivre bien sûr!

Mise à  jour, 19 février 2019, 07h14

L'éruption a pris fin vers 22 heures au soir du 18 février. On voyait encore le champ de lave àa la webcam au cours de la nuit mais effectivement il se refroidissait lentement (lueur de oins en moins forte).

Mise à jour, 19 février, 17h 36

Après l'arrêt de l'activité éruptive en début de soirée le 18 février, la nuit semble avoir été plutôt calme. Mais une nouvelle crise sismique a été détectée par l'OVPF à partir e 15h00 (heure locale) et malgré l'absence de déformations décrites par le bulletin de l'OVPF et relayée par Ludovic Leduc dans les commentaires ci-dessous (et je l'en remercie), le magma a fini par percer à nouveau la surface de la Terre, sur le même versant du Dolomieu, mais plus au sud-est et plus bas, à priori ( localisation à partir des webcams assez floue), dans la zone des cônes nommés "Signal de l'Enclos" et "Cratère Ducrot"

Le magma sort à nouveau mais pas au même endroit. Image: OVPF/IGPG
Comme à l'accoutumée de la zone fracturée s'échappe une coulée de lave qui ne semble pas descendre très rapidement pour le moment.

Sources: OVPF/IPGP;  IP Réunion

* ce qui veut dire qu'il faut rester vigilant quand à une potentielle évolution de ladite situation...Il faut pas avoir d'idée figée, mais plutôt imaginer des scénarios possibles, même peu probables, pour anticiper un changement de situation.


7 commentaires:

  1. Salut CV,

    A noter que la fissure se prolongerait vers le plateau sud (au sud du cratère Dolomieu) sans toutefois couper la plateforme d'observation du cratère. En gros, elle est tangentielle du sud au sud-est, coupe légèrement le sentier, et bifurque dans la pente pour devenir radiale vers l'est-nord-est.
    C'est une observation intéressante, car sans être étonnant, ce type de fracturation est peu fréquent sur la Fournaise. Surtout, cela différentie cette éruption de celles des dernières années qui alternaient flanc sud / flanc nord et qui avaient lieu plutôt en limite du cône sommital, un peu plus bas en altitude...

    Bonne journée,

    Ludovic

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  2. Nouvelle crise sismique en ce moment, centrée sur la zone éruptive d'hier, pour l'instant sans déformations...

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  3. Bonjour Ludovic : s'il n'y a pas de déformation, pourquoi tu y mets un "s"... ?? ;-)

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    1. Ouh le chipotage ! ;)
      Mais ce "s" s'explique. Car la remontée du dyke engendre des déformations assez importantes, rapides et distinctes d'un GPS à un autre. A l'inverse d'une simple inflation où tout bouge plus ou moins dans le même sens...

      Mais sans "s" ça passe aussi ! :)

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  4. Bonsoir,

    j'étais dans le Grand Brûlé cette après-midi, sur la RN2. La coulée était visible partiellement (et surtout avec jumelles ou objectif avec grande focale), mais pas la fracture, qui était au dessus d'une rupture de pente. On ne voyait qu'un peu de fumée de la fracture. Le front de la coulée semblait être à une altitude de 1200 à 1300m (comparaison des photos avec une carte IGN). Chiffre à prendre avec des pincettes vu mon manque de connaissances de la topographie du volcan.

    Arnaud

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    1. Bonsoir Arnaud,

      Le front de coulée était ce matin à 1300 m d'altitude (chiffre OVPF) et il ne semblait pas avoir trop descendu ce soir...

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  5. https://www.youtube.com/watch?v=MAxX6gcjbtU

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