Il n'y a plus d'infos concernant l'activité sur l'Agung, alors même qu'il y a eu plusieurs émissions de cendres (début et fin avril puis début et mi-mai, puis le 10 juin) et que la sismicité n'est toujours pas à un niveau normal. Par ailleurs le PVMBG maintient le niveau d'alerte volcanique de l'édifice à 3: la situation n'est donc clairement pas revenue à la normale, mais que s'est-il passé concrètement ces derniers mois? C'est après m'être posé cette question que j'ai commencé à suivre de plus près les données satellites pour voir si quelques éléments de réponse(s) pouvaient s'y trouver.
Vu de l'extérieur, on peut penser que l'éruption est en pause car, à part les rares explosions, plutôt modestes par ailleurs, seul un panache de dégazage est visible. En réalité les trois derniers mois n'ont pas été aussi calmes, ni l'activité aussi statique, que ce que l'on perçoit depuis l'extérieur.
La première chose que les images satellites permettent de voir c'est que la galette de lave qui occupe le fond du cratère depuis novembre 2017 a continué d'être modifiée par un apport en magma. Il semble que cet apport se soit déroulé en deux étapes depuis le début d'année: une première en mars-avril puis une seconde à partir de fin avril jusqu'aux environs du 10 mai. Et j'ai l'impression que ces deux phases ne sont pas semblables...
En mars-avril l'augmentation du volume de la galette de lave s'est fait essentiellement en direction du nord et de l'est. Je n'ai pas les moyens d'estimer précisément cette différence de volume, mais les volcanologues le pourraient (je pense) en utilisant les données radar produites par divers satellites. Il semble que cette différence de volume soit tout de même relativement importante. Vous pourrez constater par vous-même cette différence de morphologie en comparant les deux images ci-dessous, prisent les 19 mars et 24 avril.
Au cours de la période comprise entre les deux scènes, les images satellites produites par SENTINEL 2 (qui propose des images plus fréquentes que LANDSAT 8 et donc permet un suivi un peu plus précis) montrent qu'à au moins trois reprises, les 29 mars, 08 mai et 18 mai, des zones précises à la surface de la galette se sont retrouvées à des températures supérieures au reste de la galette, produisant plus d'infrarouges thermiques. Ceci pourrait être la conséquence du percement d'une partie du magma à la surface de la galette.
En mars-avril l'augmentation du volume de la galette de lave s'est fait essentiellement en direction du nord et de l'est. Je n'ai pas les moyens d'estimer précisément cette différence de volume, mais les volcanologues le pourraient (je pense) en utilisant les données radar produites par divers satellites. Il semble que cette différence de volume soit tout de même relativement importante. Vous pourrez constater par vous-même cette différence de morphologie en comparant les deux images ci-dessous, prisent les 19 mars et 24 avril.
Au cours de la période comprise entre les deux scènes, les images satellites produites par SENTINEL 2 (qui propose des images plus fréquentes que LANDSAT 8 et donc permet un suivi un peu plus précis) montrent qu'à au moins trois reprises, les 29 mars, 08 mai et 18 mai, des zones précises à la surface de la galette se sont retrouvées à des températures supérieures au reste de la galette, produisant plus d'infrarouges thermiques. Ceci pourrait être la conséquence du percement d'une partie du magma à la surface de la galette.
Trois dates différentes au cours desquelles des portions de la galette de lave présentent de hautes températures. Images: SENTINEL2-ESA/Copernicus |
Une autre explication possible serait que ces "zones chaudes" ne montrent pas de la lave neuve mais des zones où des fluides (gaz) libérés par le magma parviennent à s'échapper (comme lorsque de la vapeur perce de la purée pendant la cuisson par exemple).
Toutefois que ce soit une lave neuve que l'on voit sur ces images, ou des évents temporaires de dégazage (ou autre chose), il reste à expliquer l'augmentation du volume de la galette en tenant compte de ces observations. Il est par exemple possible que la colonne de magma, se remettant à monter dans les conduits, ait pénétré sous la galette, la faisant ainsi augmenter de volume. Puis:
- soit une partie de ce magma a pu traverser la galette jusqu'à sa surface
- soit seul le gaz de ce magma neuf à pu passer à travers pour produire les dégazages chauds.
La seconde phase d'augmentation de volume de la galette a eu lieu entre fin avril et se poursuit en ce début juin. Et je vous remet une comparaison d'images, afin que vous vous en fassiez vous aussi une idée. Elle n'est pas aussi nette que la précédente mais regardez bien le quart sud-ouest de la galette cette fois.
La principale différence au cours de cette seconde période est la présence de très hautes températures sur le bord de la galette, compatibles avec la présence une lave neuve plutôt qu'un simple dégazage. Pour le dire autrement il semble que l'augmentation des dimensions de la galette soit bien, cette fois, le fruit d'un ajout de lave, mais par les côtés, comme si ses bords s'étaient étalés un peu plus.
Il est même possible que dans les premiers temps de cette phase, le 08 mai, une partie du magma ait réussit percé la surface pour former une courte coulée de lave par-dessus la galette, mais l'interprétation de l'image reste sujette à caution.
Le bord de la galette est à nouveau à très haute température depuis début mai. image: SENTINEL2-ESA/Copernicus |
Quoi qu'il en soit il semble bien que l'activité éruptive ait repris sur un mode essentiellement effusif, mais avec un débit très faible. Une partie du gaz contenu dans le magma parvient parfois à s'échapper avec assez de force pour produire les quelques panaches de cendres observés ces deux derniers mois.
La situation reste donc très surveillée par les volcanologues Indonésiens.
Source: SENTINEL 2 - ESA/Copernicus
Pourquoi par les volcanologues Indonésiens ?
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