11 mai 2018

Forte explosion sur le volcan Merapi

Une explosion assez puissante a eu lieu aujourd'hui sur le volcan Merapi, situé dans la partie centrale de l'île de Java, près de la ville de Yogjakarata. Les autorités demandent à ce que le calme soit maintenu et les volcanologues Indonésiens précisent que pour le moment rie n'indique qu'une éruption soit en préparation.
En effet l'explosion observée aujourd'hui, à l'origine d'un beau panache de cendres haut de 5500 m environ, est décrite par les volcanologues comme étant d'origine phréatique c'est-à-dire non pas causée par le dégazage brutal d'une colonne de magma en cours d'ascension, mais par la libération de vapeur d'eau sous pression. Il n'y a eu aucune sismicité particulière d'enregistrée à priori, mais une hausse de la température des fumerolles avait commencé un peu moins de 2 heures avant l'explosion.

Elle a eu lieu vers 07h40 du matin (heure locale) et n'a pas duré très longtemps mais des randonneurs (une cinquantaine  sur 120 inscrits d'après les médias) étaient sur la zone appelée Pasar Bubar, dernier arrêt avant l'ascension au sommet, lorsqu'elle a débuté. Pour le moment il n'est pas fait état de blessés.




Le panache a été emporté vers le sud-est où il s'est dispersé. Des chutes de cendres, globalement faibles et ne posant pas vraiment de problèmes, ont été enregistrées à de nombreux endroits sur sa trajectoire.

Dispersion du panache de cendres. Images: Himawari 8
Malgré cette explosion, l'ensemble des signaux surveillé restent dans la normale: le nieau d'alerte volcanique reste donc au niveau 1.

Sources: BNPG; PVMBG; Youtube; Himawari 8

7 commentaires:

  1. Bonjour
    Ca n a pas la tete d une eruption phreatique... Pas de condensation blanche dans les volutes. Je pense plutot a une eruption de gaz magmatique accumules sous le dome, Ou ce qu il en reste, suite a un changement progressif de da permeabilité.

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    1. Bonjour Robin.
      Difficile de dire en effet quel mécanisme est réellement à l'origine de cette explosion soudaine. Phréatique est le qualificatif utilisé par le PVMBG et le BNPB (qui relaie les infos du premier) et je n'ai pas les moyens de me constituer une opinion différente. Le panache est malgré tout assez clair (sur cette vidéo à 1'16 on voit une volute blanche sur la gauche du panache https://www.youtube.com/watch?v=WWCKNjqCPJo ), mais Simon Carn du Michigan Tech indique, sur la base d'analyses préliminaires de données satellites (Himawari 8 semble-t-il) que du SO2 a été émis et qu'il ne lui paraitrait pas étonnant à lui non plus que l'explosion ne soit pas complètement phréatique, sans préciser ce qu'il entend par là, mais on comprend qu'il soupçonne du phréatomagmatisme.

      Toutefois tout cela ne me convainc pas vraiment: qu'une explosion phréatique libère du SO2, ça ne me pose pas vraiment de soucis, mais probablement que la concentration est beaucoup plus faible que pour une activité phréatomagmatique et magmatique évidemment. Or Simon Carn indique juste qu'il y a du SO2, sans préciser les concentrations. Même les fluides hydrothermaux contiennent des composés soufrés et il ne serait pas étonnant que cette explosion soit un peu de même nature que celle d'Ontake, à savoir hydrothermale mais avec une quantité de cendres produites peut-être plus importante.
      Pour le moment rien n'indique qu'il y ait une composante magmatique dans cette activité: mpas de sismicité précurseur, les bulletins ne mentionnent aucune déformation préalable, l'explosion a été unique, relativement bref même si elle a été intense. La dispersion du panache a été plutôt rapide, suggérant que les cendres étaient en relativement faible quantité et/ou que le panache n'était vraisemblablement pas à très haute température et/ou que la taille des particules était plutôt grossière et/ou qu'elles étaient plutôt denses.
      Bref j'avoue ne pas être vraiment d'accord avec la suggestion de Simon Carn pour toutes ces raisons là, mais après je peux me tromper.

      On sait par contre que, de toutes manières, pour qualifier cette explosion, il faudrait une analyse des cendres. J'espère qu'elle sera faite et que les résultats seront connus.

      Concernant ton idée d'accumulation de gaz, j'ai une question : le gaz le plus présent n'est-il pas la vapeur d'eau? A moins qu'il ne s'échappe plus facilement que les autres gaz, il va aussi s'accumuler et, lors de l'explosion, être libéré. Pourquoi alors une absence de volutes blanches (il y en avait tout de même visiblement)? Existe-t-il des phénomènes, réactions etc qui permettraient d'expliquer cela?

      Enfin dernière question: si l'accumulation de gaz est la bonne solution, comment qualifier l'explosion? Pas phréatique, ça d'accord. Mais du coup, des fluides magmatiques, qui ne sont pas seuls et isolés, mais vraisemblablement en interaction avec les circulations d'eau dans le massif, et qui s'échappent : est-ce que ça ne colle pas avec le qualificatif "hydrothermal" du coup? Mais un hydrothermal peut-être enrichi en gaz magmatiques par exemple.

      Bref: ta remarque, que je te remercie d'avoir partagée ici, soulève en moi des interrogations et si tu as des réponses et/ou des réflexions complémentaires, n'hésites pas à les partager :).
      CV

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  2. La différence réside dans l'origine des gaz, qui se reflète dans leur températures et dans leur composition. Les gaz d'un systeme hydrothermal sont archi-dominés par de la vapeur d'eau météorique et ne contiennent qu'une faible contribution magmatique, CO2 et H2S. Le SO2 y est tres peu abondant parce qu'il n'est pas stable thermodynamiquement dans ces conditions et réagit avec la vapeur d'eau pour former de l'H2S et des ions sulfates. Les températures sont en général autour de 100º mais parfois plus en cas de vapeur surchauffée ou de fluides supercritiques
    Dans le cas du Merapi les analyses de gaz faites depuis les années 70 montrent des températures entre 500 et 800º, du SO2 en abondance, et une signature isotopique de la vapeur d'eau tres proche de celle du magma.
    Du fait de la relativement basse température de leurs gaz, les explosions phréatiques ou hydrothermales produisent d'abondantes volutes de condensation (on est toujours proche du changement de phase, dans un cas comme dans l'autre) et des panaches qui ne montent pas tres haut, avec une importante composante qui s'effondre en base surge.
    Le panache de l'éruption du Merapi est monté bien haut et bien droit, sans base surge, tres peu de volutes blanches, et contient du SO2 detectable non seulement par OMI mais aussi par AIRS (2000 a 5000 T a vue de nez) Donc a mon avis les gaz a l'origine de l'explosions sont bien d'origine magmatique.
    Ceci dit, les gars qui se sont fait prendre dans l explosion ont du faire dans leur froc quelle que soit l'origine des gaz. "Astafirullah al azin" comme disent les auteurs de la video C'est un miracle qu'il ny ait pas eu de blessé au sommet.

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  3. L'origine de l'explosion serait intéressante a élucider. les domes de laves sont des structures fascinantes dont la perméabilité vis a vis du gaz qui percole au travers peut se modifier rapidement ou lentement, par tout une série de processus chimiques (déposition de minéraux) ou physiques (refroidissement ou compaction). L' accumulation de gaz sous le dome est elle due a une la permeabilité qui s'est reduite progressivement, a une augmentation du debit de gaz profonds sous un dome a la perméabilité fixe...

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    1. Merci Robin pour ces précisions très intéressantes !

      Il y a sans doute une réponse à trouver au niveau de l'activité fumerollienne car elle est le fruit direct de cette perméabilité... CV, sais-tu s'il y a des informations là-dessus ?

      Merci encore !

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    2. Salut Robin, Salut Ludovic.

      Merci pour Robin pour ces explications! Donc si je comprend bien ta suggestion, l'explosion serait plus due au dégazage de la colonne de magma, perturbé, par exemple, par une évolution de la perméabilité du dôme (et de la partie supérieure du conduit probablement). L'interprétation serait alors à rapprocher d'une sorte de phénomène "d'ash venting" finalement. Il ne serait donc pas étonnant de trouver dans les analyses des cendres, à la fois des particules de lave altérée et des particules de lave non altérée, sans pour autant que la colonne de magma ne se remette en mouvement (pas d'activité éruptive avec formation de dôme à prévoir à priori).
      L'évolution progressive (argilisation etc) de la perméabilité du dôme peut se faire sans bruit sismique, et il n'est pas impossible que des signes précurseurs sismiques soient découverts plus tard: on se souvient que pour Ontake, rien n'avait été détecté jusqu'à ce que les enregistrements sismiques soient passés au travers de nouveaux algorithmes de traitement du signal, qui avaient permis de voir des secousses sismiques peu de temps avant l'explosion. Peut-être que les signes précurseurs sismiques n'ont pas été vus pour le moment? Encore que, pendant que je rédige la réponse je regarde les relevés sismiques de MAGMA Indonesia (https://magma.vsi.esdm.go.id/img/eqhist/MER.png) et on peut constater que la sismicité à connu un pic en février puis une période plus calme, et de nouveau une période perturbée avec des signaux hybrides notamment, depuis fin avril. Signes précurseurs?

      Pour répondre à la question de Ludovic: je n'ai rien noté de particulier concernant le dégazage dans les infos du PVMBG. Le problème c'est que je n'ai pas trouvé de relevés réguliers concernant la composition par exemple, et les brèves descriptions quotidiennes se résument aux conditions atmosphériques, et à la présence d'un dégazage souvent considéré comme normal, ce qui ne veux pas dire grand chose. Donc choux blanc de ce côté-là pour le moment...

      Merci à tous les deux pour vos interventions, la situation me semble, quand à moi, un peu plus clair grâce à l'explication de Robin. Le qualificatif "phréatique" me semble effectivement moins adapté maintenant.

      CV

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  4. Super intéressante cette discussion, j'en apprends tout les jours ici malgré les différents stages de terrains volcaniques/cours de l'IPG/articles que je lis sur la volcano. Merci beaucoup pour tout ça.

    Si jamais un jour les données chimiques sont disponibles, à cause de la diminution progressive de la perméabilité, ne devrait-on pas avoir une diminution du flux total au sommet (difficilement évaluable)? Ou une baisse du dégazage en SO2, H2S peut être observable dans les données des satellites justement?

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