Il n'est pas facile d'avoir des détails précis sur la manière dont se déroule cette éruption, car il n'y pas d'images faites de manière régulière depuis le sommet, dont l'accès est interdit. Depuis mon précédent post concernant cette situation, en janvier, j'ai transmis quelques infos trouvées sur le net via twitter, mais il est temps de faire un point sur la situation.
En tout début d'année j'avais indiqué qu'une activité éruptive avait visiblement redémarré au sommet de l'Aoba, sur le nouveau cône trônant dans le Lac Voui. En plus d'une forte émissions de chaleur au sommet, détectée par la webcam (en mode nocturne, sensible aux infrarouges) et par les satellites, l'imagerie rada avait permis de constater l'ouverture d'un nouveau cratère sur le cône formé par l'activité de septembre-novembre.
Depuis lors ce schéma s'est répété à plusieurs reprises, suggérant que l'activité persiste mais connait des hauts et des bas. Cela se marque en particulier par des périodes (durée variable) où aucune émission infrarouge n'est visible à la webcam, même par temps dégagé, suivi de courtes périodes (1 à 3-4 nuits) où une émission infrarouge plus ou moins intense est visible au sommet, comme ce fut le cas fin janvier (lien du post juste au-dessus), mais aussi du 09 au 12 février, puis depuis le 28 février.
Nouveau pic d'activité visible à la webcam dans la nuit du 28 février au 01 mars, grâce à l'importante émissions d'infrarouge et à une production soutenue de cendres. Images: Geohazards |
Bien que les périodes d'émissions infrarouges soient probablement dues à une émission de lave (difficile d'imaginer une autre source de rayonnement infrarouge aussi important), il n'est pas possible actuellement de savoir sous quelle forme elle est émise: coulées de lave (activité effusive)? Fontaines de lave (activité explosive)? Les deux (activité mixte)?
Par contre il est clair que ces phases éruptives magmatiques sont entrecoupées de périodes où des émissions de cendres, parfois importantes, se déroulent seules, sans signal thermique notable associé. Ce fut le cas par exemple les 24 et 25 février dernier, et les émissions de cendres étaient bien visibles sur les images satellites, s'étirant sur environ une centaine de kilomètres.
Forte émission de cendres le 25 février 2018. Image: MODIS/NASA |
Dire si ces phases sont magmatiques, phréatomagmatiques ou phréatiques n'est pas possible sans observer l'activité directement ou sans accès à des échantillons, mais vu le contexte (une activité éruptive qui se met en palce dans un lac), des phases phréatomagmatiques ne sont pas inenvisageables.
Les images radar produites depuis le début d'année par le satellite SENTINEL 1 permettent d'affirmer par contre que le point d'émission de toute cette activité n'est pas le nouveau cratère détecté tout début janvier, mais un troisième point de sortie situé entre le cratère de septembre-novembre et celui de janvier.
Les images radar produites depuis le début d'année par le satellite SENTINEL 1 permettent d'affirmer par contre que le point d'émission de toute cette activité n'est pas le nouveau cratère détecté tout début janvier, mais un troisième point de sortie situé entre le cratère de septembre-novembre et celui de janvier.
Ce troisième cratère apparait sur les images radar le 23 janvier, et il était absent sur l'image précédente, prise le 11 janvier. En regardant de plus près mes archives j'ai pu repérer une courte phase de très forte émissions de cendres, masquée par les nuages et accompagnée d'un léger pic d'émissions thermiques: je ne serais pas étonné qu'il s'agisse là de l'acte de naissance de ce troisième cratère, bien que la certitude soit un luxe interdit puisqu'il ne s'agit que d'un faisceau d'indices concordants.
Quoi qu'il arrive les quelques images radar faites depuis fin janvier montrent que ce troisième cratère s'élargit progressivement, raison pour laquelle je suis convaincu qu'il se localise à la source des pics d'activité de fin janvier à fin février. Voilà un petit gif animé qui montre l'évolution de ce cratère en quelques images radar.
Pour le moment cette activité n'a pas incité le Geohazard à modifier le niveau d'alerte volcanique, qui reste donc à 2.
Peu d'informations semblent se diffuser concernant la situation des habitants de l'île, mais un article publié début février semble indiquer des tensions entre les villageois résidents et le gouvernement, les premiers demandant aux seconds de prêter plus d'attention aux problèmes rencontrés par les insulaires en lien avec cette éruption, en particulier la pollution des eaux par l'activité volcanique.
Il est vrai que les images satellites montrent clairement que les gaz volcaniques émis ont un effet important sur la couverture végétale proche, et donc très probablement sur les eaux de pluie et la composition des eaux de surface (via la pluie).
Sources: SENTINEL1 et SENTINEL 2-ESA/Copernicus; MODIS/NSA; MIROVA; Geohazard; Presse du Vanuatu; Instagram
Quoi qu'il arrive les quelques images radar faites depuis fin janvier montrent que ce troisième cratère s'élargit progressivement, raison pour laquelle je suis convaincu qu'il se localise à la source des pics d'activité de fin janvier à fin février. Voilà un petit gif animé qui montre l'évolution de ce cratère en quelques images radar.
Formation et évolution d'un troisième cratère sur le nouveau cône du volcan Aoba. Images: SENTINEL1/ESA/Copernicus |
Pour le moment cette activité n'a pas incité le Geohazard à modifier le niveau d'alerte volcanique, qui reste donc à 2.
Peu d'informations semblent se diffuser concernant la situation des habitants de l'île, mais un article publié début février semble indiquer des tensions entre les villageois résidents et le gouvernement, les premiers demandant aux seconds de prêter plus d'attention aux problèmes rencontrés par les insulaires en lien avec cette éruption, en particulier la pollution des eaux par l'activité volcanique.
Il est vrai que les images satellites montrent clairement que les gaz volcaniques émis ont un effet important sur la couverture végétale proche, et donc très probablement sur les eaux de pluie et la composition des eaux de surface (via la pluie).
L'activité érutpive et ses conséquences sur la végéation au sommet du volcan, le 13 février. Image: SENTINEL 2-ESA/Copernicus |
Sources: SENTINEL1 et SENTINEL 2-ESA/Copernicus; MODIS/NSA; MIROVA; Geohazard; Presse du Vanuatu; Instagram
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