22 mars 2018

Un point sur l'activité des volcans Kadovar et Ambae

Kadovar, Papouasie Nouvelle-Guinée, 365 m

L'activité reste faible depuis la fin du moins de janvier, dominée par un dégazage important dont la principale source reste la zone sommitale de l'île. Cependant le dernier bulletin du Global Volcanism Program, qui reçoit les informations du Rabaul Volcano Observatory, indique que le dôme reste en très très lente croissance, ayant gagné environ 1 lm de large entre les 10 et 20 mars. Une modification qui n'est pas facilement détectable depuis l'espace, évidemment.

L'éruption a modifié la morphologie de l'île de plusieurs manières:
- en ouvrant de nouveaux cratères sur l'île même
- en créant un nouveau relief (le dôme de lave) qui modifié de manière sensible le tracé de la côte de l'île
- en provoquant la déstabilisation d'une partie de la côte est, juste au sud du nouveau dôme. C'est un morceau de l'île qui s'est effondré et est probablement la source des petits tsunamis repérés le 09 février dernier (voir commentaires du post précédent).
Vous pourrez apprécier ces différences en comparant les deux images satellites ci-dessous, l'une prise en décembre 2017, l'autre le 21 mars 2018.


En tout cas le fait que la morphologie du dôme continue de changer, même de manière extrêmement lente, semble indique que l'éruption n'est pas encore terminée :une très lente extrusion semble se poursuivre actuellement. Cela explique d'ailleurs pourquoi le dôme reste la source d'un rayonnement thermique assez important actuellement.

Un signal thermique relativement fort persiste sur le nouveau dôme de lave. Image: SENTINEL2/ESA-Copernicus

Les insulaires déplacés continuent de recevoir de l'aide, notemment de la nourriture et du matériel. Les enfants de l'île restent scolarisés tant bien que mal: ils devront suivre les cours sous des tentes de fortunes avant que des constructions semi-permanentes leur soient montées pour plus de confort.

Sources: SENTINEL2-ESA/Copernicus; Presse Papoue

Ambae (Aoba), Vanuatu, 1496 m

L'activité sur l'île ne faiblit pas. Depuis plusieurs jours maintenant elle se manifeste sous la forme d'intenses émissions de cendres, à l'origine d'imposants panaches que l'on peut très nettement voir sur les images de la webcam, et depuis l'espace.

Très forte émission de cendres au soir du 22 mars. Image: Geohazard

Évidemment de telles quantités de cendres injectées dans l’atmosphère sont accompagnées de chutes de cendres* dans les zones situées sous le vent, chutes de cendres qui ont été répertoriées jusque sur les îles de Santo et Malo à plus de 70 km à l'ouest du site d'éruption.
Car malheureusement les vents dominants viennent de l'est et du nord, ce qui implique que les zones les plus affectées de l'île d'Ambae sont les côtes sud et ouest, les plus habitées. 

Les cendres de l'éruption peuvent parfois atteindre les îles voisines de Santo et Mal, comme ici le 15 mars. Image: SENTINEL2-ESA/Copernicus

Le poids des cendres, souvent humidifiées par leur passage dans les masses nuageuses fréquentes dans cette zone géographique, casse les plantation de bananes, de manioc, de chou et bien d'autres plantes. Sans compter les risques de contamination des réservoirs d'eau douce, et des problèmes de peau, oculaire ou respiratoires directement liées au contact des cendres et, bien entendu, les problèmes pour les animaux d'élevage qui, souvent herbivores, vont ingérer une partie de ces cendres qui sont déjà la cause de problèmes de diarrhées pour ces animaux. Ce sont au moins 6000 personnes qui sont ainsi affectées.

Les chutes de cendres peuvent rapidement détruire des récoltes ou les rendre impropres à la consommation. Image: Anita Roberts
Ces phases plus explosive sont visiblement liées à une interaction entre la colonne de magma qui fait éruption et l'eau du lac Voui: la production de très grandes quantités de cendres fait partie des caractérisitques de l'activité dite "phréatomagmatique". Et ce qui est paradoxal c'est que d'après les bulletins du Geohazard, qui a données géophyisque (sismicité notamment) les caractérisitques de l'éruption sont indiquent plutôt qu'elle est modérée: c'est le contact avec l'eau du lac qui augmente l'explosivité de l'éruption, et donc la quantité de cendres produites. Une situation un peu similaire à ce qu'on avait connu en Islande lors de l'éruption d'Eyjafjöll en 2010.

Une image de l'éruption prise pendant une des phases d'émissions de cendres (le 21 mars?). Image: Dan Mac Garry

Les conséquences de cette activité toujours intense sont donc visiblement très problématiques pour les insulaires. Le niveau d'alerte a été élevé à 3 le 18 mars dernier.

Sources: SENTINEL2-ESA/Copernicus; Geohazard,;Presse du Vanuatu; Merci à Shérine France

* et visiblement des lappilis (fragments dont la taille est comprise entre 2 et 64 mm), qui pourraient (mais je ne sais pas n'ayant pas vu d'échantillons, en images et encore moins en vrai) être des "lappilis accrétionnés", sorte de glomérules de cendres collées.

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