22 février 2018

Un petit point d'actus volcaniques: Kadovar et Nyiragongo

Kadovar, Papouasie Nouvelle-Guinée, 365 m

Il est clair que les projecteurs se sont détournés de ce volcan depuis fin janvier, et pour un raison simple: l'activité éruptive à fortement décliné depuis la fin janvier. Les images quotidiennes prisent par MODIS permettent de voir qu'un panache blanc (donc essentiellement gazeux) continue d'être produit, mais plus d'émissions de cendres.
L'activité explosive a donc très probablement cessé, et les images radar produites au cours du mois écoulé semblent indiquer que l'extrusion du nouveau dôme côtier aussi: aucune modification visible de ses dimensions.

Ce dégazage produit en fait deux panaches différents: le panache atmosphérique blanc, classique, et un panache sous-marin, produit par la dissolution des gaz volcaniques dans les eaux côtières, qui est ensuite emporté et dispersé par les courants.
L'image LANDSAT 8 prise le 20 février les montrent bien tous les deux et, dans la composition réalisée à partir des données infrarouges, on distingue même un très faible signal thermique dans la zone sommitale: il est probablement produit par l’échappement des gaz à très haute température.

Les deux panaches, atmosphérique et sous-marin, produits par l'activité en cours. Image: LANDSAT 8 /NASA-USGS

Un zoom sur une image composée à partir d'infrarouges permet de distinguer le très faible signal thermique produit au sommet. Image: LANDSAT8/NASA-USGS

L'île, de petite taille, est très impactée par cette éruption et les quelques 600 personnes qui en ont été évacuées dès le départ ne pourront visiblement plus y retourner d'après les déclarations du gouverneur de la province d'East Epik. Il y a eu ces derniers jours un débat concernant la gestion de la crise, alimenté par le fait que, visiblement, l'aide pour l'acheminement des besoins de première nécessité a été assez promptement organisé pour la population déplacée de Kadovar, alors que les habitants déplacés de Manam, île pas très éloignée (65km), vivent toujours dans des conditions misérables.
Au-delà de ça, une communauté originaire du gouvernorat d'East pik, mais installée à Morobe (400 km au sud-est) a mis en place une opération de collecte de bien et de fonds, pour aider les insulaires à passer cette épreuve.
Si l'activité semble diminuer, l'aide ne semble pas faiblir pour le moment.

Sources: LANDSAT8/NASA-USGS; Presse Papoue

Nyiragongo, République Démocratique du Congo; 3470 m

Est-il utile de préciser que l'activité éruptive continue? Et qu'elle produit toujours un lac de lave (ou lac de magma, le plus grand du monde en l'occurence) et un évent secondaire qui, depuis fin février 2016, est toujours actif. Le concernant il est difficile de dire si l'activité qui s'y déroule est permanente ou intermittente, même si les images qu'on peut trouver ici ou là semblent aller plutôt dans le sens de la seconde éventualité...mais c'est sans grande certitude.



Bon, concernant le lac principal maintenant: quid de sa dynamique? Là encore il n'est pas évident de la définir avec détails et précisions, mais une chose semble acquise: il connait toujours des phases de débordement sur la terrasse qui l'entoure.
Regardez par exemple les deux images que j'ai trouvées sur Instagram. Mises côte à côte, après avoir entouré sur chacune un élément commun aux deux (ce qui permet de voir les différences), on peut noter que la plate-forme est recouverte de lave fraîche sur une bien plus grande surface. Je précise toutefois que les dates que j'ai ajoutées aux images sont les dates de publication, et ne correspondent peut-être pas aux dates de prises de vues. Ce qui ne change rien à la chronologie de ces deux images, et donc au fait qu'elles montrent  bien qu'il y a eu un ou plusieurs débordements entre les deux.

Le lac de lave tel qu'il était le 13 janvier. On voit bien la trace sombre laissée par un débordement de lave Image:  pilotsandpassports

Le lac de lave tel qu'il était le 20 février. On voit bien que la trace sombre s'est élargie. Image : Joelle Mumley

Lorsqu'on regarde les images satellites prisent dans l'intervalle entre les deux dates, on peut en trouver une sur laquelle le sommet est totalement dégagé (rarissime). On y voit, sur une composition faite d'infrarouges, non seulement on voit l'évent secondaire, mais aussi  le lac principal....qui déborde! Ça, c'est ce qu'on peut appeler un coup de chance!

La situation dans le cratère du Nyiragongo, vue depuis l'espace. Image: SENTINEL2/ESA/Copernicus

Mais il semble que ce débordement ne fut pas seul: l'image ci-dessous (parution le 03 février), en montre aussi un.


À en croire les images le niveau du lac principal semble varier de manière assez importante: son niveau le fait parfois déborder mais il est parfois à 20 ou 30 mètres sous la plate-forme.

L'activité reste, malgré ses inévitables petites variations, globalement stable.

Sources: Sébastien Meys; pilotsandpassports; Joelle Mumley; SENTINEL2/ESA/Copernicus

5 commentaires:

  1. Bonjour,

    Concernant le Kadovar, il semble qu'il y a eu de petits tsnumais générés par l'effondrement du dôme, pas plus d'un mètre de haut (rapport GVP 7 - 13 Février). Et peut-être y a-t-il actuellement encore une croissance du dôme sous l'eau?

    Cordialement,
    MP

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    1. Bonjour,

      Je me joint au commentaire de Marc. Il y a quelques descriptions de l'éruption qui sont parues ici et là qui interrogent et qui, sans images, sont difficiles à vérifier :
      - Un lobe de lave 20-30 mètres se serait formé au début du mois de février depuis le dôme, vers le large (description de levées).
      - Le tsunamis donc : 5-6 vagues de moins d'un mètre de hauteur.
      - Formation d'un nouveau dôme non relié à l'île celui-ci.

      Dommage que cette éruption ne puisse être mieux suivie...
      Bonne journée,

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    2. Bonsoir Marc, bonsoir Ludovic. J'ai effectivement lu (dans la presse papoue en l'occurence) que des petits tsunamis ont été produits le 09 février, et reliés à un possible effondrement de petite ampleur de ce qui est décrit comme "une coulée de lave arrivant en mer". Sauf sur je n'ai rien de concret concernant une coulée de lave et je suppose qu'il s'agit en fait d'un effondrement d'un bout du dôme côtier. Le RVO semble parler d'un effondrement du à l'instabilité du substrat (j'ose supposer des sédiments gorgés d'eau, puisque Kadovar est en face du delta de la Sepik River) sur lequel le dôme s'est construit. Les sédiments plein d'eau, ça flue bien quand ils ont une charge!
      L'article indique aussi que le RVO précise que l'activité est maintenant concentrée au sommet du Kadovar, et que seule une faible incandescence est visible: et ça, ça colle avec l'image satellite.

      C'est vrai que j'aurais pu parler de ces mini tsunamis: une erreur de ma part, merci à tous les deux de l'avoir promptement corrigée :)
      Bonne soirée
      CV

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    3. Bonsoir,

      C'est triste à dire mais les volcans papous n'intéressent pas la communauté scientifique internationale et le pays en lui même est assez pauvre pour étudier leur volcans. Les géologues étrangers s'intéressent plus au gaz et aux mines d'or.

      Pourtant, la dizaine de volcans actifs sont réputés pour avoir un indice d'explosivité de 4-5 minimum. Pas de grande ville à proximité.

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  2. Je me rappelle d'un reportage de tazieff sur le Nyragongo qui constatait des débordements espacés de plusieurs heures avec une certaine régularité. est-ce que par hasard les movements de fluides au moins sur certains volcans seraient sensible à des effets de marée comme sur la mer ? Aprés tout, l'effet de marée "terrestre" est une réalité ?

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