28 janvier 2018

Un point sur l'activité des volcans Mayon, Kilauea, Kadovar et Aoba (Ambae)

Mayon, Philippines, 2462 m

L'activité reste intense au Mayon depuis qu'elle a démarré. Elle se déroule selon des cycles de quelques dizaines de minutes qui se déroulent plusieurs fois par jours, cycles qui se manifestent par la formation de fontaines de lave haute de plusieurs centaines de mètres.
A chaque pic d'activité du cycle, la colonne de magma, relativement fluide, est poussée par les gaz et déborde du cratère, formant des coulées de lave ou alimentant celles qui persistent entre deux pics. Leur instabilité génère parfois des écoulements pyroclastiques dont les plus long atteignent 5 km de distance, donc approchent de la limite de la Zone de Danger Permanent (6 km de rayon autour du sommet), zone dont l'accès est interdit même hors période de crise. Ils sont par contre encore loin d'atteindre les limites de la Zone de Danger Étendue, valable en période de crise uniquement, et dont le rayon atteint 8 km autour du sommet. Une fois le gaz évacué, la fontaine de lave cesse et laisse place à des émissions de cendres, les coulées progressent moins... jusqu'au pic suivant. Lorsque les nuages ne le masquent pas, le spectacle est fantastique.


 La crise a provoqué le déplacement d'environ 60 000 personnes au total (chiffres de la presse Philippine), provoqué des perturbations du fonctionnement de l'aéroport de Legaspi, provoqué l'arrêt momentané de plusieurs écoles, dont certaines ont été utilisées comme centre d’accueil pour les personnes évacuées.

Pour le moment l'éruption reste toutefois d'une intensité modérée globalement et ses impacts heureusement limités. La situation reste malgré tout très surveillée: il n'est pas impossible que l'activité s'accentue d'avantage si du magma plus riche en gaz devait arriver, mais plus le temps passe, moins cette possibilité est probable. Et un danger tout autre commence à faire parler de lui: les lahars, qui pourraient dans les heures et jours qui viennent, provoquer des dégâts le long des rivières, car de fortes chutes de pluies sont attendues sur le secteur.

Affaire à suivre.

Sources: Inquirer; PHIVOLCS

Aoba (Ambae), Vanuatu, 1496 m

Ce début d'année n'est pas vraiment calme au niveau du Lac Voui et de son nouveau cône. Si vous me suivez sur Twitter, vous savez déjà que le 04 janvier dernier une très bref (heures, dizaines d'heures maximum) épisode éruptif s'est produit au sommet. Il a été repéré aussi bien grâce aux images de la webcam que par les données du MIROVA. Une comparaison d'images radar SENTINEL 1 permet de constater que ce bref épisode avait ouvert un nouveau cratère au pied du nouveau cône, dans le champ de coulées.

Le nouveau cratère apparu lors de la très courte crise du 04 janvier 2017. Images: SENTINEL1-ESA/Copernicus
Et bien une nouvelle phase éruptive a débuté le 27 janvier, bien visible grâce aux émissions infrarouges détectée aussi bien par le MIROVA que par le capteur de la webcam en mode nocturne. Les images de cette dernière indiquent que cette nouvelle phase semble se poursuivre actuellement, mais aucun détail n'est disponible pour le moment. La seule chose que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a que peu ou pas de cendres détectées.

Forte émission de chaleur au niveau du Lac Voui, au cours de la nuit du 27 au 28 janvier. Image: Geohazard

La situation est à surveiller.

Source: Geohazard; SENTINEL 1 - ESA/Copernicus


Kilauea, Etats-Unis, 1222 m

L'activité se poursuit sans changer de style au Kilauea. Toujours un lac de lave, très actif, au sommet (Halema'uma'u) et une effusion sur la Rift Zone, au Pu'u O'o. A ce niveau-là il y a toujours un seconde lac de lave, très actif lui-aussi et la source du champ de lave 61G, qui continue de s'étendre en direction de l'Océan Pacifique. La lave n'arrive plus jusqu'au Pacifique depuis le 10 novembre dernier mais, depuis, les divers fronts de coulées (pahoehoe et a'a), descendent la grande pente (Pali) qui sépare le Pu'u O'o de la côte Pacifique. Là, la lave s'étale tranquillement. Finalement, le champ de lave est plutôt, depuis 3 mois, dans une phase d'élargissement progressif.

January 4, 2018 Lotsa Lovely Lava from Mick Kalber on Vimeo.

Mais si je publie un post sur le Kilauea ce n'est pas pour parler de la stabilité de l'activité, mais simplement parce que cette stabilité globale se manifeste aussi par de brusques et brefs changements, liées à de petites instabilités chroniques, et inévitables. Il serait intéressant de voir si le m^me phénomène se produit de temps en temps au Pu'u O'o, mais pour le lac de lave du Halema'uma'u il s'agit d'un phénomène récurent, même si il n'est pas ultrafréquent non plus: l'instabilité des parois du pit crater, dans lequel le lac se trouve.
Il arrive que, sous l'effet des contraintes mécaniques que le lac (et ces variations de niveau) exerce sur les paroi, celles-ci s'émiettent progressivement. Et si une grosse miette tombe, l'équilibre fragile du lac, qui repose sur un réglage très fin de son dégazage notamment, est rompu et le dégazage s'emballe pour quelques minutes: c'est l'explosion! Elle est suivi par un dégaza bien plus intense: un véritable bouillonnement, le temps que l'équilibre revienne.
Il s'en est produite une très importante le 19 janvier dernier, filmée par les webcams du H.V.O.


L'activité explosive initiale n'a duré qu'une minute, mais les fragments de lave (certains de 30 cm) ont été projetés jusqu'à la route qui, autrefois, permettait d'apprécier la vue sur la caldera d'Halema'um'u. Route qui a été fermée depuis l'apparition du lac de lave et son progressif élargissement: on comprend pourquoi!

Pour le moment rien n'indique que cette éruption exceptionnelle, qui a débuté en 1983, va s'interrompre.

Source: H.V.O/USGS; Paradise Helicopters

Kadovar, Papouasie Nouvelle-Guinée, 365 m

Depuis 2-3 jours les émissions de cendres ne sont plus rapportées par le VAAC de Darwin. Cela pourrait aussi bien le résultat d'une diminution de l'activité éruptive, que de la présence de grosses masses de nuages dans lesquelles les panaches de cendres se diluent. Le Rabaul Volcano Observatory a indiqué que la situation s'était stabilisée mais je ne suis pas sur de comprendre ce que recouvre ce terme: l'éruption est-elle stable en intensité? Où l'activité a-t-elle décliné pour revenir vers une situation normale? En tout cas, une forte incandescence était toujours décrite au niveau du nouveau dôme le 24 janvier.
En parlant de ce dôme, je voulais corriger une erreur que j'ai faite sur sa localisation. On peut lire sur ce blog même, qu'il se forme au niveau de la côte sud de l'île. Position que j'avais déduite des images des différents film. Mais ma mauvaise observation d'un point de repère (le rebord de caldera d'avalanche en l'occurence) m'a "enduit d'erreur".
Heureusement, contrairement à moi les données satellites ne se trompent pas, et une comparaison d'images radar SENTINEL 1, l'une prise le 02 janvier, l'autre le 26, permet de constater que le dôme, sans l'ombre d'un doute, sur la côte est de l'île(On lit parfois sud-est, mais ça me semble plutôt plein est, du coup).

Le nouveau dôme et les nouveaux cratère. Image: SENTINEL1- ESA/Copernicus
Plus d'infos dès que possible, bien entendu.

Sources: Rabaul Volcano Observatory; SENTINEL 1 - ESA/Copernicus

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire