Ces deux derniers jours ont été mouvementés dans la zone du Mayon (Philippines) et son niveau d'alerte a été élevée à 2 hier puis à 3 aujourd'hui. Que se passe-t-il?
1- l'activité
Depuis juillet 2016 les volcanologues du PHIVOLCS ont le Mayon dans le colimateur: à l'époque en effet ils avaient enregistré une sismicité supérieure à la normale notamment, et avaient décider d'élever le niveau d'alerte à 1.
Pas d'autres nouvelles par la suite mais en octobre-novembre 2017 le PHIVOLCS enregistrer une légère déformation de la zone sommitale, que les volcanologues Philippins attribuent alors:
- soit à une petite intrusion magmatique
- soit à une pressurisation du système hydrothermal de l'édifice
C'est à partir d'hier que les choses s'accélèrent: peu après 16h20 (heure locale) les volcanologues observent des émissions de cendres qu'ils décrivent comme le résultat d'une activité phréatique (ou hydrothermale). Le panache formé s'élèvent sur une hauteur de 2500m, ce qui indique une activité relativement vigoureuse au niveau du cratère. Elle dure, tout de même, 1h47 au total ce qui n'est pas rien.
Émissions de cendres le 13 janvier. Image: Joey Salceda |
Cette activité se calme pour le reste de soirée mais ce matin, à 8h49 une nouvelle émission de cendres, d'une durée de 5 minutes, se produit accompagnée cette fois de grondement entendus par des habitants. Une troisième émission de cendre débute à 11h43 (heure locale) et dure une quinzaine de minutes, tout cela accompagné de signaux sismiques associés à des avalanches de blocs.
Dans le bulletin émis le soir à 20h00 (heure locale) les volcanologues du PHIVOLCS élèvent l'alerte volcanique à 3 car une incandescence forte illumine le sommet malgré la présence de nuage: le magma semble être arrivé en surface, dans le cratère sommitale.
Certaines images montrent des blocs incandescents descendus depuis le sommet dans la ravine qui ouvre le flanc sud-est du stratovolcan.
L'incandescence au sommet du Mayon cette nuit, et des blocs descendus dans la ravine. Image: Romulo Quinto Ceneta |
La rapidité avec laquelle cette éruption a débuté, et le fait que des avalanches de blocs aient commencé à se mettre en place est plutôt rassurant à priori: cela semble plutôt correspondre à une émission de magma relativement fluide. Le problème au Mayon est un peu le même que pour le Fuego ou le Semeru: ces trois stratocônes ont le point commun d'avoir des formes très régulières (archétypales même) avec des pentes fortes, et une activité éruptive qui se déroule au sommet.
Du coup, même si le magma est assez fluide pour faire des coulées de lave (fréquentes au Mayon comme à ses deux comparses), la topographie peut déclencher la formation d'écoulements pyroclastiques.
Enfin, on ne sait pour le moment rien du magma qui sort et il n'est pas impossible non plus que sa charge en gaz génère une activité explosive plus ou moins forte. Pour le moment ça ne semble pas être le cas, mais il faudra attendre un peu avant d'être rassurés de ce côté-là.
2- Les conséquences
Pour l'heure, rien d'important ou de grave ne s'est produit. Mais les autorités ne rigolent pas avec l'activité du Mayon: une zone d'exclusion de 6 km de rayon autour du sommet (Zone de Danger Permanent) est prévue et nul ne peut s'y trouver en période de crise. De fait plus de 900 familles (plus d'un millier de personnes donc) ont été évacuées depuis hier pour être misent à labri dans des secteurs déterminés par avance comme "hors risques".
Cette activité éruptive sera évidemment très surveillée.
Mise à jour 15 janvier, 05h59
Les évacuations se sont poursuivies et on peu lire dans la presse que ce sont plus de 300 familles, pour plus de 12000 personnes au total, qui ont été évacuées depuis le début de la crise. L'activité éruptive se maintient sans sembler monter en puissance mais a produit tout de même ce matin ces trois premiers écoulements pyroclastiques modérés (à 09h41, 10h05 et 11h07 heure locale) sur le versant sud ou sud-est. Le bulletin du PHIVOLCS indique qu'ils sont le fruit de l'instabilité de la coulée de lave, qui n'a pas encore pu être observée en raison de la couverture nuageuse.
Écoulement pyroclastique modéré ce matin à 09h41 (heure locale). Image: PHIVOLCS |
Le PHIVOLCS a publié il y a quelques minutes un nouveau bulletin dans le quel il est précisé qu'au cours de la matinée seuls deux écoulements pyroclastiques ont eu lieu (09h41 et10h05) mais que l'événement de 11h07 est une phase de dégazage important, à l'origine d'un panache de cendres haut de 1000m environ. Au moins une vingtaine de zones habitées ont été affectées par de faibles chutes de cendres. Voilà, c'était juste pour que les choses soient précises.
Mise à jour, 15 janvier, 20h38
La météo a été suffisamment dégagée en début de nuit pour que l'effusion devienne visible. Une coulée de lave principale descende du sommet en direction du sud, mais des avalanches de blocs descendent aussi vers le sud-est dans deux autres ravines. Difficile de dire si elle sont produites par des fronts de lave plus courts, mais en tout cas le débit est assez important. Belle ambiance!
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Mise à jour, 16 janvier, 08h01
L'activité éruptive se poursuit. Elle est toujours essentiellement effusive, mais avec un débit assez soutenu. La coulée de lave principale faisait déjà, sur les images de la mise à jour d'hier, environ 2000m de long et on peut donc supposer qu'elle a continuer de progresser un peu de puis. Les images faites cette nuit et ce matin permettent de constater plusieurs choses:
- Une activité explosive modérée au sommet: on peut voir des bouffées de cendres mais sur les images très peu de projections. Il semble qu'il y ait eu une activité explosive plus intense, activité strombolienne, au départ de l'effusion. Sur le time-lapse ci-dessous, elle semble être absente.
- la confirmation qu'il n'y a qu'une seule coulée: les avalanches de blocs dans les autres ravines descendent directement du sommet.
- la formation d'une nouvelle série d'écoulements pyroclastiques ce matin.
Les autorités signalent que ce sont maintenant plus de 21000 personnes (5,318 familles) qui ont été déplacées (elles ne fuient pas, contrairement à ce que j'ai pu voir dans plusieurs titres) dans 18 centres d'accueils.
Sources: PHIVOLCS; Merci à Shérine France pour le partage des liens vers les images sur facebook! Daily Inquirer
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