19 novembre 2017

Volcan Öraefajökull en alerte jaune: les médias transpirent

Depuis l'éruption d'Eyjaföll en 2010, les médias regardent d'un oeil inquiet l'activité volcanique en Islande. Car ce fut une épreuve pour la plupart d'entre eux de prononcer le nom du volcan qui posait alors quelques soucis dans l'aviation, empoussiérant le ciel d'Europe. À tel point que nombre d'entre eux avait finalement renoncé.*
Et ces médias d'Europe continentale transpirent à nouveau depuis que l'IMO a mis en place l'alerte volcanique jaune sur Öraefajökull** ("Eu-Ra-Fa-yeu-kou-tl" grosso modo), l'un des 4 massifs volcaniques cachés sous l'immense calotte de glace Vatnajökull.

Pourquoi élever le niveau d'alerte? C'est le résultat d'une appréciation liée à plusieurs événements qui se sont produits ces derniers mois. Chacun pris à part n'est pas suffisant pour justifier le changement du niveau d'alerte, mais regroupés ils dessinent une situation qui,elle, le justifie.
Tout d'abord, les quelques appareils de surveillance installés à proximité de ce massif, dont la dernière éruption remonte à 1727, ont commencé à relever une hausse de la sismicité dès 2016, qui s'est accentuée en juin et septembre 2017 d'après les bulletins de l'IMO (Icelandic Met Office). Les volcanologues ont donc décidé de compléter leur réseau de surveillance, insuffisant pour détecter l'ensemble des éventuels signaux  sismiques émis, notamment les plus faibles, en ajoutant deux sismomètres et en demandant l'accès à un autre appareil géré par la British Geological Society. Au total le réseau compte maintenant 6 appareils, dispersés autour du massif.
Les stations de surveillance sismique dédiés à Öraefajökull: Image: IMO
En parallèle de ces données sismiques, les appareils surveillant la déformation du massif enregistrent aussi des modifications traduisant un léger gonflement du massif. Mais elles peuvent être imputées autant à une activité magmatique potentielle, qu'à l'évolution du glacier lui-même. La question de l'origine de cette déformation n'est, à ce jour, pas tranchée, mais en tout cas elle ne s'est pas accentuée au moment des hausse de sismicité.

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase et basculer l'alerte du vert au jaune est la détection des jours-ci d'une nouvelle dépression au sommet d'Öraefajökull. Ce "chaudron", terme officiellement employé, est le résultat de l'affaissement du glacier sous l'effet de la formation d'une cavité à la base du glacier. Il peut être le signe de la vidange d'une masse d'eau liquide, formée à la base du glacier, dans la caldera qui forme le sommet du massif, par la fonte de glacier lui-même sous l'effet de l'activité hydrothermale qui règne dans cette caldera.
La glace fond, l'eau s'accumule, polluée par les gaz magmatique, puis finit par s'échapper en longeant la base du glacier. Au dessus de la poche qui se vide, le glacier n'est plus soutenu et il s'affaisse formant le chaudron en surface. C'est un peu le principe des dolines dans les paysage calcaires.

Sa formation été rapide: sur les images satellites prisent début novembre le glacier est intact, mais dès le 10 novembre le chaudron est présent et ne semble pas avoir évolué de manière significative depuis lors. Conjointement les personnes passant au pied du versant sud-est du massif, dans le secteur où la langue glaciaire Kvíárjökull (qui descend du massif) s'arrête, ont décrit des odeurs de soufre, qui correspondent visiblement à ces eaux hydrothermales, chargées de gaz et de minéraux, qui se sont échappées de la caldera sommitale.

La présence du chaudron est nette sur l'image de gauche (17/11), mais il est absent à droite (01/11). Images: LANDSAT, via IMO 

Les volcanologues Islandais précisent que, pour l'heure, rien n'indique qu'une éruption puisse se produire à court ou moyen terme. Toutefois, avec un massif volcanique qui n'a pas connu d'éruption depuis près de 300 ans, et dont les éruptions ont été violemment explosives par ailleurs (pliniennes, phréatopliniennes), la méfiance est de mise lorsque des changements s'expriment sur une longue période de temps (plusieurs mois ici).
Une situation à suivre de près donc.

* le plus cocasse, c'est qu'ils se sont évertués à l'époque de prononcer le nom non pas du volcan lui-même (Eyjafjöll), mais du glacier qui recouvre le volcan (Eyjafjallajokull), ajoutant sans le vouloir de la difficulté à la difficulté.

** pour la prononciation correcte, suivre ce lien
 
Source: IMO

2 commentaires:

  1. Eurafuckyou serait approchant et facile a se rappeler 😊

    RépondreSupprimer
  2. La nature se vengerait elle de l'afflux de touristes de façon exponentielle dans ce pays?

    RépondreSupprimer