Depuis que l'activité éruptive a débuté sur cette île des Vanuatu, la situation n'a pas du tout dégénéré comme les autorités le craignaient au début de la crise, ce qui avait déjà conduit à la diminution du niveau d'alerte volcanique à 3 début octobre. Les personnes initialement évacuées ont d'ailleurs pu rejoindre leurs pénates, à quelques exceptions près d'après les derniers bulletins de l'organisme en charge de la gestion des crise (NDMO).
Il s'agit toujours d'une activité strombolienne, donc pour l'essentiel d'explosions dues à l'éclatement de bulles de gaz de taille importante, qui déchiquètent le magma en lambeau et projettent les fragments (cendres, lapillis, bombes) alentours. D'ailleurs cette accumulation progressive autour du point de sortie du magma continue de faire grandir un cône* dont la taille n'est pas précisée dans les bulletins du Geohazard. Une partie des explosions est assez brusque** pour générer des ondes de choc qui peuvent être perçues par une partie de la population de l'île. Dès le début de l'éruption une partie du magma a échappé à l'éclatement des bulles de gaz et s'est contenté de s'écouler (il est fluide) formant une coulée de lave qui, fin septembre, allait en direction de l'est.
La situation a changé de ce point du vue courant octobre car sur une vidéo réalisée lors d'un survol le 22 octobre, une coulée de lave est visiblement toujours active (beaucoup de vapeur produite au front, en contact avec le lac), mais elle se dirige cette fois plein nord. Une autre coulée, plus courte est peut-être présente sur le versant ouest (à confirmer). Par ailleurs ces images montrent aussi que les explosions séparées qui caractérisent l'activité dite "strombolienne" laissent parfois place à des épisodes de fontaines de lave, phénomène très classique sur Terre, mais toujours spectaculaire.
C'est à peu près à ce moment-là que des images satellites, dont la lecture était perturbée par la présence de nuages et de leur ombre portée, semblait indiquer que la coulée de lave décrite ci-dessus entrait en contact avec la côte du lac, ou était sur le point de le faire. La vidéo indique que ce n'était pas le cas vers le 23 octobre mais il n'est pas impossible que ça le soit maintenant, car la distance à parcourir n'était pas très importante, même si pour l'heure il n'existe à ma connaissance aucune confirmation de ce contact entre le cône volcanique et les côtes du lac dans lequel il se forme.
Enfin on peut noter, et c'est l'origine du titre de ce post, que la journée du 07 novembre (heure locale, mais le 06 au soir en heure TU) a été particulièrement animée au sommet de l'île avec la mise en place d'une phase d'émission de cendres très intense, soutenue, à partir de 20h33 TU. Le panache, plutôt uniformément brun vu sur les images satellites, apparait plus gris à la base et plutôt brun plus haut dans l'atmosphère, sur les photos faites depuis le sol.
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Elle n'a pas duré trop longtemps mais tout de même environ 7 heures puisque les images satellites montrent que le panache est déjà en dispersion à 03h00 TU. Elle pourrait être due à nouveau à une pénétration d'eau près des fractures où le magma circule ("cheminée volcanique"), mais cela reste une hypothèse.
Quoi qu'il en soit il est intéressant de noter que le Geohazard compare l'activité actuelle non pas aux éruptions récentes, observées depuis le début du 20ème siècle, qui quasiment toutes ont été de courte durée et n'ont édifié que des cônes de cendres vite érodés, mais à l'éruption de 1870. Il s'agit donc là d'une activité éruptive qui peut être qualifiée comme peu fréquente, et qui laissera probablement des traces visibles longtemps au sommet, et en particulier un visage du Lac Voui modifié sur le long terme.
La situation reste à suivre, bien entendu.
Mise à jour, 10 novembre, 20h36
Une image satellite prise il y a quelques jours confirme que l'activité à permis au champ de lave produit par l'éruption de se connecter à la rive du lac Voui. Le cône était une île, il est maintenant une presqu'île.
Le cône est maintenant une presqu'île dans le lac Voui. Image: Planet Labs, via Simon Carn/Michigan Tech |
Sources: MODIS/NASA; Himawari 8; VAAC de Wellington; Geohazard; Youtube; MIROVA; Merci à Sherine France :);Planet Labs, via Simon Carn/Michigan Tech
* ce qui est souvent appelé "cône strombolien" dans les livres
** peut être en raison d'infiltrations d'eau à proximité de la colonne de magma?
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