Bogoslof, Etats-Unis, 150 m (à priori)
L'activité se poursuit, même si ces derniers jours elle a surtout produit des explosions mineurs, difficiles à détecter depuis l'espace, mais repérées par la sismicité qu'elles produisent. D'ailleurs pour ces dernières, le niveau d'alerte aviation n'a pas été modifié et est resté à l'orange.
Toutefois une nouvelle explosion s'est produite hier soir, précédée par une hausse de la sismicité. Elle semble avoir été très intense car la hauteur du panache, observé cette fois depuis l’espace, a été estimé à nouveau vers 10 000 m, et incité l'AVO a passer l'alerte aviation au rouge.
L'AVO a publié une image prise par le satellite MODIS, sur laquelle ont peut voir nettement la superposition de deux teintes dans le panache:
- son sommet est très sombre et chargé en cendres
- la base est très claire, très riche en eau
Le panache bicolore du 18 janvier. Image: MODIS, traitée par Dave Schneider de l'AVO/USGS |
Et donc?
Et bien jusqu'à présent les panaches observés avaient une teinte plutôt homogène et moins sombre que le panache d'hier. Et cette évolution de la teinte peut indiquer une évolution dans la dynamique de l'activité éruptive. En effet les premiers panaches étaient liés à des explosions très violentes sous marines, et sous une épaisseur d'eau non négligeable. Dans ces circonstances, le mélange cendres et eau expulsé se comporte comme une masse cohérente: une fois en l'air, elle retombe dans l'eau et du coup seule une fraction de cendres, mélangées avec des gaz volcaniques et de la vapeur d'eau, parvient à s'élever dans l’atmosphère, d'où une teinte plutôt pâle, terne.
Mais si l'épaisseur d'eau diminue au cours de l'éruption, et que les explosions se produisent de plus plus à proximité de la surface, le mélange eau-cendres évolue, allant vers plus de cendres et moins d'eau. La masse expulsée devient moins cohérente et plus de cendres peut être injectée dans l’atmosphère à chaque explosion.
Si cette explication s'avérait être la bonne,cela ne signifierait évidemment pas que le niveau de la mer de Bering aurait diminué, mais que l'évent éruptif, lui, se serait rapproché progressivement de la surface.
L'AVO fait d'ailleurs une remarque intéressante à ce sujet dans son dernier rapport: "This image also suggests the presence of very hot material (lava) at the surface immediately surrounding the vent" ("Cette image [celle ci-dessus, NDLR] suggère par ailleurs qu'il y a des matériaux à très haute température (lave) à la surface, juste autour de l'évent"), ce qui s'explique bien si cet évent est maintenant proche de la surface.
Les prochaines photos aériennes qui seront faites pourraient donc s'avérer très intéressantes.
Source: AVO/USGS
Santiaguito-Santa Maria, Guatemala, 3772 m
Il est maintenant assez clair que l'activité sur le Caliente est revenue à la normale après la longue phase d'explosions vulcaniennes intenses qui ont animé une bonne partie de l'année 2016. Actuellement les explosions sont faibles, parfois modérées d'après l'INSIVUMEH, la hauteur des panaches n'est pas très importante et ils sont vite dispersés.
Toutefois ce n'est pas l'activité explosive qui me pousse a rédiger ce post, mais plutôt une image, récente (vue la morphologie du cratère du Caliente) quoi que non datée, qui j'ai croisée sur la toile et qui m'a faite tiquer. Elle a été réalisée par un certain A.Calderas et transmise par Gustavo Chigna de l'INSIVUMEH. Elle a été prise depuis l'exceptionnel point de vue qu'est le sommet du Santa Maria et monte donc parfaitement ce qui se passe au sommet du Caliente.
Elle permet de constater que l'extrusion de lave, qui avait débuté (semble-t-il) vers la fin de l'été ou le début d'automne 2016, se poursuit au fond du cratère creusé par les violentes explosions de l'an dernier. La masse de lave ("dôme) qui avait une belle forme de cloche en octobre dernier a maintenant pris la forme d'une belle galette plate, peut-être légèrement bombée au centre (pas facile à voir) dont la surface est hérissée de blocs rocheux.
Le Caliente à gauche, ouvert par un cratère, progressivement rempli par un dôme de lave. Image: A.Caldera, via Gustao Chigna/INSIVUMEH |
Il faut noter que cette galette ne se trouve plus très loin du bord du cratère: elle pourrait devenir bientôt visible sur les photos prises par l'INSIVUMEH depuis l'Observatoire Volcanologique du Santiaguito (OVSAN). Et une fois qu'elle sera arrivée au bord elle devrait, normalement, commencer à déborder, à priori d'abord sur le flanc est puisque c'est là que la lèvre du cratère est la plus basse.
A moins qu'elle ne soit pulvérisée avant par de nouvelles explosions, ou que sa croissance s'arrête, évidemment...
Sources: INSIVUMEH; Gustavo Chigna
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