4 janvier 2017

Un point sur l'activité des volcans Kilauea, Erebus et Bogoslof

Kilauea, Etats-Unis, 1222m

L'activité ne connait pas de changement particulier sur le volcan le plus actif de la planète. Les deux sites où elle se déroule, au sommet et sur la Rift-Zone Est, n'ont pas connu d'évolution depuis le post précédent: les deux lacs de lave (sommet et sur le bord ouest du
cratère du Pu'u O'o) sont toujours présents, bien que seul celui du sommet soit surveillé de manière systématique. Sur la Rift-Zone, une partie du magma émis suinte toujours en surface depuis la zone du breakout de l'an dernier et s'étale, ce qui étend le champ de lave 61G.

Le lac de lave présent au Pu'u O'o est tout aussi actif que son proche voisin, et il a  pu être observé de manière rapprochée par les passagers de l'entreprise Paradise Helicopters, fin 2016. Ils ont aussi pu repérer la source du champs de lave 61G, toujours bien alimenté, et dont le tracé se divise actuellement en fronts actifs:
- le première proche de sa source, qui progresse lentement vers l'est
- le second, qui progresse toujours en tunnels et arrive à l'océan à Kamokuna.



Par contre une partie visiblement importante (environ 110 000 m²!) du delta de lave qui s'édifiait depuis que le contact eau-lave avait débuté fin juillet 2016 a disparu le 31 décembre, dans une importante phase d'effondrement, redoutée par les volcanologues et la protection civile, du fait de l'important flux de touriste que ce spectacle draine quotidiennement.
Cette phase a durée plusieurs heures pendant lesquelles des portions plus ou moins importantes du delta se sont affaissées en mer, produisant un contact brusque et explosif entre la roche en fusion et l'eau froide du Pacifique. De sombre gerbes cypressoïdes, caractéristiques de ce contact entre une quantité importante d'eau et la lave se sont formé, projetant aussi des masses plus ou moins grosses de lave en fusion à plusieurs dizaines de mètres de haut. Des vagues relativement importantes (mais qu'il ne faudrait pas qualifier  tsunamis non plus) se sont formée et le bulletin du HVO indique qu'elle ont participé à l'érosion mécanique de la ligne côtière.



Un communiqué du Parc National indique que, par chance, il n'y avait pas de bateau de touristes au moment où l'effondrement à débuté. Ils s'approchent généralement très près (vraiment trop près) du delta de lave, malgré la présence d'une zone maritime interdite d'accès. 
Par ailleurs ce bulletin indique qu'en raison de cette phase de destruction, normale, du delta de lave, les Rangers ont fermé l'accès au site pour des raisons évidentes de sécurité. Toutefois deux d'entre eux ont du poursuivre 5 personnes ayant franchi en catimini le ruban qui marque la limite d'accès et les évacuer du point de vue sur lequel ils se trouvaient...15 minutes avant que ce dernier ne s'effondre en mer.


Sources: HVO/USGS; Parc National d'Hawaï

Erebus, Territoire International, 3794 m

En plus d'être l'un des volcans les plus méridionaux de la planète, l'Erebus en est aussi l'un des volcans les plus actifs, avec une activité réputée comme permanente de 1972. Il s'agit aussi d'une des activité éruptives très particulière, et même totalement unique, puisqu'elle consiste en le maintient d'au moins un lac d'une lave dont la composition est.... phonolitique, c'est-à-dire proche de celle qui fut libérée par l'éruption explosive du Vésuve, en 79 ap JC, qui détruisit Herculanum, Pompeï etc (je ne vous refait pas cette histoire là).
Voyez comment des magmas proches peuvent donner des manifestations si totalement opposée!!
L'autre particularité de l'activité sur ce volcan, c'est qu'elle libère une phonoloite de composition plutôt homogène depuis au moins.....40 000 ans*! Ce qui implique que le système de production magmatique dans sa totalité, de la source mantellique jusqu'en surface, en passant par la ou les zones de stockage intermédiaires ("chambres magmatiques"), mais aussi la manière dont le magma évolue (cristallise) durant son transfert vers la surface, est stable depuis plusieurs dizaines de milliers d'années!

Cette activité éruptive se poursuit donc actuellement: elle maintient au moins un lac de lave, mais probablement deux d'après ce que suggèrent les données satellites. Prisent par SENTINEL 2** à plusieurs reprisent au cours de l'année 2016, elle montrent en effet clairement deux zones qui émettent un rayonnement thermique similaire. une troisième zone, source d'un rayonnement bien plus faible, était présent début 2016, mais absent par  la suite. La séquence d'images ci-dessous montre aussi que cette activité est restée stable tout au long de l'année. Il n'est pas possible d'exclure des variation de cette activité, mais je n'en ais trouvé aucun témoignage: il faut dire que très très peu de gans montent là-haut.


Deux sources d'émission d'infrarouges thermiques importantes ont fonctionné tout au long de l'année 2016, suggérant la présence de deux lacs de lave. Images: données SENTINEL2-ESA/Copernicus; compositions: Culture Volcan

* ce qui ne veut pas dire qu'il y a une activité éruptive continue depuis 40 000 ans: au cours de cette période il y a eu de nombreuses éruptions, plus ou moins forte, avec des dynamismes différents, mais qui se sont toujours déroulée sur la base d'une lave phonolitique.

* vous avez peut-être remarqué que j'aime bien cet outil non?

Source: SENTINEL2-ESA/Copernicus

Bogoslof, États-Unis, 150m (à priori)

Une nouvelle explosion, visiblement assez puissante, a de nouveau eu lieu à 21h18 (heure locale) le 03 janvier (6h18 TU, le 04 janvier). Le panache a atteint une altitude 10000 m environ et sa charge en cendres à probablement été importante puisque des éclairs ont été de nouveau repérés par des capteurs distants. Cette charge en cendres est aussi ce qui a permis de le repérer facilement depuis l'espace.

Le panache de cendres peu après sa formation. Image: Himawari8 via NOAA-CIMSS

Bien sûr le niveau d'alerte pour l'aviation est immédiatement remonté au rouge. Malheureusement les données et les informations ne sont pas plus détaillées que ça, en raison de la position géographique de l'édifice.

Sources: AVO/USGS; NOAA-CIMSS et Himawari 8

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