18 novembre 2016

Un point sur l'activité des volcans Sangay, Reventador, Fuego et Kerinci

Sangay, Equateur, 5230 m

Voilà déjà quelques temps, depuis juillet, que le Sangay n'avait plus manifesté d'activité significative, en tout cas suffisamment pour attirer l'attention sur lui.
Or depuis quelques jours déjà le VAAC de Washington indique que des cendres sont à nouveau produites sur cet édifice, signe qu'une activité explosive, relativement soutenue, s'y manifeste à nouveau.
Malheureusement les détails manquent, comme à chaque fois, le concernant. Pour le moment il semble qu'aucune photo de la situation n'ait été faite et il es donc impossible de savoir ce qu'il se passe, mais les données satellites récoltées par le Suomi NPP montrent la présence d'un panache, assez long puisqu'il mesure environ 80 km sur l'image ci-dessous, produite par la NOAA.

Le panache de cendres du Sangay, repéré le 16 novembre. Image: Suomi NPP/NOAA-CIMSS
Pour le moment, l'IGEPN n'a pas fait de rapport concernant cette situation.

Source: NOAA/CIMSS; Suomi NPP

Reventador, Equateur, 3562 m

On reste dans le même pays mais 240 km au nord-nord est pour aller prendre des nouvelles d'une éruption pour laquelle il n'y avait plus eu de détails depuis déjà un long moment. Il ya bien les bulletins quotidiens de l'IGEPN mais ils sont peu détaillés et permettent juste (c'est déjà pas mal) de savoir que l'activité sur ce volcan reste à un nouveau élevée. Malheureusement l'absence ds webcams depuis maintenant de très longs mois ne permet pas de faire un suivi de l'éruption.
En début d'année les volcanologues de l'IGEPN avaient toutefois pu faire une mission sur place pour observer l'activité: deux évents étaient alors actifs, l'un au nord siège d'une activité effusive, l'autre au sud, siège d'explosions plus ou moins fortes.
En juin, une activité explosive était toujours présente, plutôt belle à ce moment-là, avec parfois quelques écoulements pyroclastiques (ils sont rares mais ils peuvent se produire de temps en temps).



Et c'est une nouvelle mission menée entre le 07 et le 11 novembre par l'IGEPN qui permet d'avoir des nouvelles fraîches. Le rapport de cette mission indique qu'une activité mixte, effusive-explosive, est actuellement en cours sur celui qui peut être, je pense, considéré pour le moment comme le volcan le plus actif du pays.
Comme pour le début d'année, deux évents sont actifs (les mêmes): effusion sur l'évent nord, explosions sur le sud.

L'activité explosive génère à la fois des panaches biens chargés en cendres, qui peuvent atteindre 2000m de hauteur, et les plus fortes produisent même, à leur base, de petits écoulements pyroclastiques, qui descendent la plupart du temps sur le versant sud du stratocône.



L'effusion, quand à elle, se déroule à partir de l'évent nord ouvert dans le cratère sommital. La lave descend en trois coulées, la principale en direction du nord, deux autres (peut-être moins actives) juste à côté en direction du nord-est et de l'est. Le front de la coulée principale est instable dans la pente et génère des avalanches de blocs qui, parfois, donnent de petits écoulements pyroclastiques dits "secondaires". Ces trois coulées se forment en raison dela topographie de la lèvre du cratère sommital, qui présente deux pointes: la lave, plutôt visqueuse, forme une galette qui remplit la partie nord du cratère, et déborde entre  elles.

Deux des trois coulées de lave photographiées depuis un hélicoptère. Image: IGEPN

L'activité reste donc, dans son style et son dynamisme, fidèle à ce qu'elle a été au cours de ces dernières années. Elle est toutefois plutôt intense actuellement par rapport à sa normale.

Source: IGEPN

Kerinci, Indonésie, 3805 m

Il est temps de quitter l'Equateur et de traverser le plus vaste océan de la planète pour rejoindre l'île de Sumatra et le volcan le plus haut d'Indonésie: le Kerinci. Après ses émissions de cendres en juin dernier, le calme était revenu sur le géant de Sumatra. Mais là encore c'est le VAAC, de Darwin cette fois, qui a permis de constater qu'une activité accrue avait lieu sur le volcan. Des émissions de cendres, modérées, ont été observées ces derniers jours. Peu d'informations (et encore moins des détails) circulent quand à la situation, mais elles ne semblent pas avoir posé de problèmes: rien n'est décrit dans la presse, par exemple. ELles se poursuivent en tout cas à l'heure actuelle. Le BNPB (organe en charge de la gestion des crises en Indonésie) indiquent en effet qu'un panache, contenant un peu de cendres et haut d'environ 500 m, est toujours produit.

Panache de cendres au sommet du Kerinci, le 15 novembre, vu depuis le sud. Image: Principe Deas
Il n'est pas très rare de voir des émissions de cendres sur ce volcan: c'est en général le système hydrothermal, instable, qui les génère. On peut supposer qu'il s'agit là de la même chose, mais le manque d'informations ne permet pas d'exclure d'autres possibilités. Le niveau d'alerte reste au jaune (waspada) et un rayon de 3 km est toujours en place autour du sommet: le premier risque étant pour les grimpeurs qui font l'ascension, qui pourraient être affectés par les gaz, les chutes de cendres, ou subir des explosions plus violentes.

Sources: VAAC de Darwin; Principe Deas; BNPB

Fuego, Guatemala, 3763 m

Suite au précédent paroxysme (fin octobre), l'activité avait connu quelques jours de calme. Au cours des 48 heures suivantes, on peut dire que l'activité explosive a été inexistante, et seule la coulée était encore alimentée, mais avec un débit qui n'a cessé de diminuer. L'activité explosive strombolienne est ensuite revenue très progressivement et c'est à partir du 07 novembre que des explosions plus fortes, mais peu fréquentes, ont fait leur apparition. Leur violence et leur fréquence n'a ensuite cessé d'augmenter progressivement et depuis quelques jours le spectacle est assez beau. Certaines explosions durent 1-2 minutes, et ressemblent lors à de petits épisodes de fontaine de lave, qui dépassent facilement les 100 m de hauteur. Les blocs projetés roulent parfois assez bas sur le stratovolcan.


L'INSIVUMEH fait savoir que cette activité, en hausse, a visiblement passé un cap avec une sismicité qui devient importante et une activité explosive plus soutenue: les volcanologues n'excluent pas qu'une ou plusieurs coulées de lave puisse se former à court terme, comme ce futle cas lors des paroxysmes précédents.

La situation est à suivre, bien entendu.

Sources: INSIVUMEH; CONRED; Greg Wait/Michigan Tech Institut

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire