J'ai fais parvenir l'info hier via mon compte twitter (@CultureVolcan) mais le temps de la rédaction d'un post de blog n'est pas le même que celui d'un tweet :). J'ai effectivement eu la surprise en regardant les images des webcams du Kilauea de constater qu'une grosse effusion avait débuté sur le flanc est-nord-est du Pu'u O'o, au niveau de la source qui alimente le champ de lave 61G, qui descend jusqu'au Pacifique.
Ce champ de lave au nom étrange avait d'ailleurs lui-même débuté sa formation en mai dernier par un spectaculaire double breakout, dont j'avais tenté de vous décrypter le déroulement dans un post dédié. Depuis lors la lave n'avait cessé d'être émise au niveau de cet évent, à un débit relativement fort.
D'une manière générale, l'activité n'a pas subit de modifications de fond: le magma arrive toujours en grande quantité dans le système volcanique superficiel, où il emprunte deux voies:
- en direction du sommet, où la colonne de magma se maintient et où sa surface est visible et constitue le lac du Halema'uma'u
- le long de l'important champ de fractures appelé Rift-Zone Est, où il circule en sous-terrain et émerge après 20 km de parcours environ, au niveau du Pu'u' O'o. Et plus précisément au niveau de la source du double breakout depuis le mois de mai 2016.
Cette arrivée de magma n'est pas régulière, ce qui se traduit par des variations de débit au niveau des coulées du Pu'u' O'o, et des variations du niveau du lac du Halema'uma'u (ou du moins une partie de ses variations). Généralement ces variations de débit se traduisent en surface par une déformation cyclique appelée "cycle DI" (Déflation/Inflation). Depuis le 12 novembre toutefois aucune déformation particulière n'avait plus été enregistrée au Pu'u O'o tandis qu'au sommet les appareils (des tiltmètres) continuaient à enregistrer les alternances Déflation/Inflation.
Le 17 novembre, une très forte déflation est enregistrée au sommet, qui se traduit d'ailleurs par une baisse significative du niveau du lac de lave du Halema'uma'u. Mais rapidement la situation s'inverse et une très forte inflation débute, dès le 18 novembre. On peut alors remarquer que le Pu'u O'o réagit lui-aussi avec une inflation qui débute progressivement mais s’accélère et atteint un pic le 22 novembre. Cette inflation est le signe que le système de fractures emprunté par le magma qui alimente le Pu'u O'o est mis sous contraintes.
Le 17 novembre, une très forte déflation est enregistrée au sommet, qui se traduit d'ailleurs par une baisse significative du niveau du lac de lave du Halema'uma'u. Mais rapidement la situation s'inverse et une très forte inflation débute, dès le 18 novembre. On peut alors remarquer que le Pu'u O'o réagit lui-aussi avec une inflation qui débute progressivement mais s’accélère et atteint un pic le 22 novembre. Cette inflation est le signe que le système de fractures emprunté par le magma qui alimente le Pu'u O'o est mis sous contraintes.
Le cycle d'Inflation-Déflation du 16 au 22 novembre enregistrés par les tiltmètres installés au sommet (courbe bleue) et vers le Pu'u O'o (coubre verte). Image: HVO/USGS |
Or dès le 21 novembre au soir on peut voir des coulées de lave, de type pahoehoe, progresser depuis la zone où se trouve la source du champ de lave 61G: il semble donc qu'elle n'ait pas été assez grande pour permettre à cette nouvelle arrivée de magma de sortir et une "rupture de canalisation" s'est produite: c'est le breakout. Toutefois les volcanologues du HVO parlent d'un nouveau breakout du champ de lave 61G, et font donc de cet événement une étape dans l'évolution de ce dernier plutôt qu'un événement à part.
Ces nouvelles coulées deviennent visibles sur les images à 09h10 heure local, mais ont commencé leur formation au moins dans la demie-heure qui a précédé. Au départ une coulée principale, une langue de lave pas trop large, se forme en direction de l'Est-Nord-Est: c'est elle que l'on voit à partir de 09h10 (heure locale). Elle prend donc une direction différente de la lave qui alimente le champ 61G qui, lui, part plutôt vers l'est sud-est (donc pleine gauche sur l'image ci-dessous).
Ces nouvelles coulées deviennent visibles sur les images à 09h10 heure local, mais ont commencé leur formation au moins dans la demie-heure qui a précédé. Au départ une coulée principale, une langue de lave pas trop large, se forme en direction de l'Est-Nord-Est: c'est elle que l'on voit à partir de 09h10 (heure locale). Elle prend donc une direction différente de la lave qui alimente le champ 61G qui, lui, part plutôt vers l'est sud-est (donc pleine gauche sur l'image ci-dessous).
Le premier front de lave visible au milieu du brouillard. Image: HVO/USGS |
Comme le débit de cette nouvelle effusion est soutenu, cette première coulée va rapidement se transformer, tout au long de la journée du 21 novembre, en un véritable champ de lave pahoehoe qui, au départ, ne progresse que très peu: il s'épaissit et s'élargit surtout. Ce n'est qu'à partir du 22 novembre, vers 03h30 (heure locale) du matin, qu'un bras de lave se détache du champ de coulées, et commence à nouveau d'aller vers l'avant. Sur sa trajectoire se trouve un ancien cône totalement fracturé sur lequel est installé la webcam qui prend les images de l'événement. Ne pouvant décemment pas passer par-dessus, il se trouve contraint de changer de direction, et de partir plein Est lui-aussi.
Un peu plus tard le même jour, les fronts situé à l'Est-Nord-Est ont fini par atteindre la base du même cône: la lave n'est alors plus qu'à quelques mètres de la webcam seulement, qui ne craint rien, étant donné qu'elle est perchée.
Un peu plus tard le même jour, les fronts situé à l'Est-Nord-Est ont fini par atteindre la base du même cône: la lave n'est alors plus qu'à quelques mètres de la webcam seulement, qui ne craint rien, étant donné qu'elle est perchée.
Toute la scène est reprise sur le time-lapse que je vous ais préparé.
Si vous regardez avec attention ces images vous ne manquerez pas de constater qu'il y a une autre zone lumineuse, à gauche, masquée par un relief (qui n'est autre que l'accumulation des coulées du champ de lave 61G, à sa source. Une partie de la lave a donc pu couler vers l'est-sud-est ou le sud dès le départ, mais comme ce secteur se trouve dans un angle mort des webcams, impossible de décrire avec détails ce qu'il s'y ait produit.
Les lueurs d'une autre coulée sont visibles en arrière plan. Image: HVO/USGS |
La question qui se pose maintenant est double (au moins):
1- l'alimentation de ce nouveau champ de lave, qui est une partie du 61G, va-t-elle perdurer?
2- l'alimentation de ce nouveau champ de lave va-t-elle court-circuiter celle qui était en cours depuis le mois de mai....et stopper l'entrée de la lave dans l'océan Pacifique?
Nous verrons bien dans quelques jours comment la situation évolue, mais en attendant, histoire de profiter de ce spectacle magique de la lave qui entre en contact avec les eaux océaniques, une nouvelle vidéo de Paradise Helicopter prise le 17 novembre, superbe, as usual.
Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopter
Bonjour,
RépondreSupprimerOui, la vidéo est belle mais le time-lapse, c'est extra !
Merci beaucoup de partager avec nous votre savoir et toutes ces infos. Merci milles fois.
RépondreSupprimerBonjour.
SupprimerMais avec plaisir :)
Bonne journée