25 novembre 2016

Un point sur l'activité des volcans Colima et Saunders

Colima,Mexique, 3850 m

L'activité sur l'édifice reste stable et essentiellement effusive. La troisième coulée de lave, dont la formation a débuté un peu avant le 15 novembre, poursuit sa lente progression sur le versant sud. Elle recouvre ainsi petit à petit les deux coulées qui l'ont précédée.
Sa vitesse de progression reste faible puisqu'elle a parcouru (environ) 800 mètres depuis qu'elle a commencé à se former, soit grosso modo 800 m en 11 jours, c'est-à-dire 72 mètres par jour, ce qui équivaut à quelque chose comme 3m par heure. La cause est double:
- la viscosité de la lave est élevée
- le débit de l'effusion est faible

Progression de la coulée de lave visqueuse entre les 15 et 24 novembre 2016. Images: webcamsdemexico/Retuit

Même si elles sont vraiment rares, des explosions faibles ou modérées sont aussi présentes actuellement. Elles se manifestent sur les images soit par la formation des panaches de cendres le jour, soit par les retombées de blocs et bombes la nuit.

Petite explosion vue de jour. Image:webcamsdemexico/Retuit
Explosion modérée vue de nuit. Image:webcamsdemexico/Retuit

Mais la petite nouveauté qui compte, je pense, c'est la formation d'avalanches de blocs parfois assez importantes qui partent de la partie amont de la coulée de lave, aussi bien à sa droite qu'à sa gauche. Or depuis qu'elle a commencé à se former, les seules avalanches se produisaient à son front: pourquoi donc cette modification? 

Certaines avalanches de blocs partent de la partie amont de la coulée, et non de son front. Images: webcamsdemexico/Retuit

Certes il n'est pas évident de répondre avec certitude lorsqu'on est assis derrière un bureau devant des webcams... mais une chose simple pourrait expliquer l'apparition de ces avalanches. La coulée progresse en effet depuis plus d'une dizaine de jours, or pendant qu'elle s'écoule, elle se refroidit et devient progressivement plus rigide. Sa surface en particulier se solidifie rapidement, ce qui agit comme une sorte de carapace qui ralentit d'autant sa progression. Or si le front progresse de moins en moins en vite, mais qu'au sommet le débit de lave reste à peu près le même, cela finit immanquablement par déborder en amont sur les côtés. 

L'activité reste globalement stable, en tout cas vue de l'extérieur.

Source: webcamsdemexico/Retuit

Saunders,  Royaume-Uni, 843 m (GVP) ou 990 m (MIROVA)

Le nom officiel de ce volcan a été modifié: il s'appelait auparavant Michael, Saunders étant au départ le nom de l'île tout entière alors que "Michael" était plutôt le nom du cône actif. Mais comme l'ensemble constitue un seul et unique édifice, c'est le nom "Saunders" qui semble maintenant avoir la préférence au Global Volcanism Program.
Mais ce n'est pas tellement le nom de cette île-volcan, l'un des plus actifs de l'archipel des Sandwichs du Sud, qui m'intéresse au premier plan: je suis plutôt attiré par les signaux thermiques, relativement forts mais discontinus, relevés depuis le mois d'octobre par le MIROVA et l’instrument VIIRS du satellite Suomi NPP. 

Groupement de signaux thermiques depuis le mois d'octobre. Image: MIROVA

Les signaux thermiques localisés sur le cône Michael. Image: MODIS et Suomi NPP

Les images satellites ne montrent pas grand chose, et pour deux raisons:
- les images en haute résolution sont peu fréquentes et sont prisent 9 fois sur 10 à un moment où les nuages sont présents
- les images  à faible résolution sont plus fréquentes (quotidiennes) mais ne permettent pas de voir de détails même quand il fait beau.

Du coup il n'est pas évident de comprendre ce qu'il se passe sur l'île mais vue la puissance des rayonnements thermiques, il n'est pas impossible que le volcan traverse depuis le mois d'octobre une crise, avec des phases éruptives. Si c'est le cas elle ne sont pas d'une grande violence car aucune cendres n 'est détectée.
La situation est donc à suivre de près...du moins aussi près que possible, c'est-à-dire depuis l'espace.

Sources: MIROVA; MODIS/NASA; Suomi NPP/NASA

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