26 septembre 2016

Un point sur l'activité des volcans Villarrica et Fuego

Villarrica, Chili, 2847 m

Depuis mon post précédent l'activité éruptive du Villarrica est restée sur un mode essentiellement effusif, avec le maintient d'un lac de lave. La remontée de la colonne de magma courant août a aussi été marquée par la mise en place de petites explosions, en premier lieu repérées par le POVI lors de leur ascension le 23 août dernier: des fragments de lave
(cendres, lapillis, petites bombes scoriacées) étaient alors présent sur la lèvre du cratère.

Le 23 août 2016 le lac de lave n'était toujours pas visible depuis la lèvre du cratère, mais des fragments projetés y étaient déjà présent, résultat d'une activité explosive dans le lac. Images: POVI

Leur origine est toutefois incertaine car ces projections peuvent autant être le résultat:
- du dégazage normal de la colonne de magma, qui peut produire des explosions stromboliennes
- ou d'un dégazage ponctuel et brusque résultant de l'effondrement de bouts de parois dans le lac. Les parois peuvent en effet être déstabilisées par la remontée de la colonne de magma, qui exercent des contraintes importantes.

Qu'il 'agisse de l'une et/ou l'autre de ces possibilités, ce sont elles aussi qui peuvent expliquer l'observation de bouffées de cendres qui se sont manifestées à quelques reprises depuis le début du mois. La première a été repérée le 06 septembre mais depuis, il s'est reproduit à 3 reprises au moins, les 11, 19 et 24 septembre. Il a pu y en avoir d'autres, même courant août, non repérées (mauvais temps etc).

Bouffée de cendres le 24 septembre. Images: POVI

Quoi qu'il en soit la hausse du niveau du lac s'est poursuivie début septembre, jusqu'à ce qu'il lui-même devienne visible pour les membres du POVI, qui font régulièrement l'ascension pour faire le point sur l'activité.

Le lac de lave du Villarrica de nouveau visible au fond du cratère, et des projections récentes, cendres, lappilis petites bombes scoriacées et, semble-t-il, quelques cheveux de Pélé. Images: POVI

Depuis au moins le 18 septembre, le niveau du lac de lave est stable.

Source: POVI

Fuego, Guatemala, 3763 m

L'activité sur le volcan connait quelques changements. Après la fin de la crise qui a eu lieu début septembre, et vu la mise en place d'une nouvelle coulée qui s'est progressivement solidifiée, l'activité était redevenue classique, strombolienne avec des explosions faibles à modérées, peu fréquentes.
Elle a commencé à progressivement s'accentuer ces derniers jours avec des explosions parfois fortes, et plus rapprochées dans le temps.



Mais ce qui me pousse a publier un post sur ce volcan aujourd'hui c'est plutôt le fait que cette activité s'est encore intensifiée au cours de la journée du 24 septembre. Car dès le soir de cette journée, on pouvait constaté la présence d’avalanches de blocs constantes sur le versant sud-est, bien visibles depuis la webcam située à La Reuniòn. Cette évolution n'est pas sans rappeler ce qu'il se passe avant les pics d'activité et il faudra donc surveiller de près dans les jours qui arrivent.


J'en profite aussi pour revenir sur ce que j'ai moi-même interprété dans le post précédent concernant le haut versant sud-est. Ayant eu l'occasion de regarder à nouveau les images Google Earth que j'avais transmises concernant ce secteur du volcan, et que j'avais interprété comme le résultat d'un ou plusieurs effondrements récents, il m'est apparu que mon interprétation est peut être fausse, et qu'une autre interprétation est tout à fait possible, et parfaitement logique dans le contexte de l'activité que connait le Fuego depuis plus d'un an (succession de paroxysmes). Voilà les images ci-dessous.

La zone modifiée au cours de l'année 2015, sur le haut versant sud-est. Images: Google Earth

En les regardant à nouveau je me suis en effet dit que la zone rocheuse visible sur l'image du dessous avait pu n'être que recouverte par les dépôts de cendres/lapillis/bombes des explosions stromboliennes, mais aussi par les multiples avalanches liées à la mise en place des coulées de lave.
Ce que montrent ces images n'est donc pas forcément une zone qui a subi une série d'effondrements, mais peut-être plus simplement le haut versant de la ravine Las Lajas qui s'est remplit progressivement de dépôts au cours de l'année 2015.

Une situation et deux interprétations possibles.... mais j'avoue que ma préférence va à celle exposée ici plutôt qu'à celle que j'avais exposée début septembre.

Sources: INSIVUMEH; Greg Wait

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