12 septembre 2016

Un point sur l'activité des volcans Piton de la Fournaise, Nevados de Chillàn et Santa Maria-Santiaguito

Nevados de Chillàn, Chili, 3212 m

L'activité sur le volcan reste instable, et de nouvelles émissions de cendres ont été observées depuis le post précédent. Plusieurs d'entre elles, nocturnes, ont pu facilement être détectée
grâces aux projections à haute température qui, sur la webcam, deviennent visibles grâce à la sensibilité de ce dernier aux infrarouges.
Comme d'habitude il est difficile de dire si une incandescence a été émise par ces projections, mais cela reste possible.

Émission de cendres et gaz à haute température le 10 septembre au soir. Image: SERNAGEOMIN
Il était aussi possible d'observer, au cours de la nuit du 10 septembre, des blocs à haute température rouler sur la pente nord du cône actif. 

Un time-lapse de l'activité du soir du 10 septembre. On voit à deux reprises des blocs qui roulent en direction de la webcam (un peu de cendres soulevées au sol). Lors du second, des blocs chauds sont visibles  Images: SERNAGEOMIN

Bien que l'activité n'est pas fondamentalement évolué, puisqu'elle reste à priori phréatique, ses paramètres ont un peu changé avec l'augmentation progressive de la température des gaz et cendres émis. Robin Campion, volcanologue à l'IG-UNAM, expliquait sur ce blog dans un post concernant le Copahue, que l'activité phréatique pouvait progressivement déshydrater un système hydrothermal et ainsi permettre l'arrivée à la surface de fluides à plus haute température.
Il serait intéressant de savoir si ces changements récents ont une origine similaire, ou si ils sont le résultats de modifications autres, comme l'arrivée d'un peu de magma à plus faible profondeur encore.
Il faudra déjà attendre le prochain bulletin du SERNAGEOMIN pour avoir des informations complémentaires et plus précises.

Source: SERNAGEOMIN

Santa Maria-Santiaguito, Guatemala, 3772 m

Après plusieurs jours de pause, une activité explosive vulcanienne s'est de nouveau produite. Une première explosion s'est produite le 11 septembre à 14h55 (heure locale), générant un panache haut de plus de 3000m (plus de 5000m de hauteur) et des chutes de cendres plutôt sur les zones situées à l'ouest. Il semble que des écoulements pyroclastiques se soient produits (c'est ce qu'annonce le titre du bulletin spécial de l'INSIVUMEH) mais aucune image ne permet d'en voir.

L'explosion du 11 septembre après-midi et son panache de cendres, à travers les nuages. Image: auteur inconnu, via CONRED

Une autre explosion s'est produite tôt le matin du 12 septembre, plus faible, sans écoulements pyroclastiques cette fois, comme le montre l'image prise depuis l'Observatoire du Santiaguito (OVSAN).

Le panache de cendres produit au matin du 12 septembre sur le Caliente. Image: OVSAN/INSIVUMEH

Pour le moment il est un peu tôt pour dire si l'activité s'intensifie à nouveau, mais il n'est pas impossible que dans les heures ou jours qui arrivent de nouvelles explosions se produisent.

Sources: CONRED; INSIVUMEH

Piton de la Fournaise, France, 2632 m

Ludovic Leduc a fait un résumé complet de l'activité au cours du 11 septembre dans les commentaires du post précédent. Il décrit en particulier la baisse d'activité qui s'est produite tout au long de la journée du 11, dans les heures qui ont suivi le départ de l'activité: une évolution somme toutes plutôt fréquente sur les éruptions fissurales. Le trémor lié à cette activité éruptive, très intense dans les premières heures, a diminué au cours de la journée pour se stabiliser au soir du 11 septembre, vers 21h00.

Évolution du trémor depuis le départ de l'éruption jusqu'au soir du 11 septembre. image: OVPF/IPGP


Il reste stable actuellement, à l'image* de l'activité éruptive, qui continue de produire plusieurs fontaines de lave, des jets de lave assez beaux, haut de quelques dizaines de mètres, tous regroupés sur la partie basse de la fissure éruptive. L'accumulation des projection à haute température ("spatters") a commencé d'édifier un cône dont la morphologie est perturbée par la mise en place synchrone des coulées de lave issues des différents évents actifs le long de la fracture.
Le cône a ainsi pris l'aspect d'une demie-lune dont le rempart est est bien développé, et le rempart ouest est pour ainsi dire inexistant, les parties nord et sud étant complètement fracturées, peut-être sous l'effet de l'affaissement, l'étalement même, de la masse de retombées molles ("spatter") sous l'effet de leur propre poids.

Plusieurs évents actifs alignés sur la fracture projettent des lambeaux de lave mous (spatter) qui retomebent et s'accumulent en un long cône dont le versant ouest ne peux se construire du fait de la mise ne place des coulées de lave. Image: Imaz Press

Les coulées émises par les différentes évents se rejoignent pour ne former plus qu'une seule coulée, ce qui contraste avec les multiples coulées émises au départ de l'activité.

Le champ de lave le soir du 11 septembre: de multiples unités laviques progressent depuis la fissure. Image: OVPF-IPGP

Au soir du 12 septembre, l'effusion n'alimente plus qu'une seule unité lavique (coulée): le champ est donc bien moins large. Image:OVPF/IPGP

Elle  progresse en direction du rempart nord de l'Enclos Fouqué, mais depuis le départ de l'éruption, toutes les unités laviques produites semblent s'être arrêtées avant d'avoir entamé leur descente dans les Grandes Pentes. En l'absence de détails très récents, cela reste à confirmer et il ne peut être exclu que la coulée active ce soir atteigne ou puisse atteindre le Grandes Pentes.

Pour finir, le satellite LANDSAT 8 a immortalisé les premières heures de l'éruption. Grâce aux données qu'il a récoltées grâces à ses instrument OLI et TIRS, combinées pour former une image composite, on peut nettement voir l'intense rayonnement thermique produit par le tout jeune champ de lave. Cette image a en effet été faite à 06h16 TU, soit 10h16 heure locale, moins de deux heures après le départ de l'éruption donc.

Le nouveau champ de lave repéré depuis l'espace grâce à son intense signal thermique. Image: Landsat 8/NASA-USGS

* et pour cause: le trémor est produit par l'activité

Sources: OVPF/IPGP; Imaz Press; Landsat 8-USGS/NASA

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je suis retourné sur le site de l'éruption du Piton de la Fournaise hier, et on peut dire qu'elle a bien évoluée... assez loin du déclin qu'elle semblait montrer lundi matin.

    Activité explosive : l'éruption s'est stabilisée sur le bas de la fissure, sur une zone assez plane. Trois évents sont actifs : l'évent inférieur est caractérisée par une belle fontaine de 30 mètres de haut environ, avec un axe relativement changeant. L'évent du milieu est moins actif et il ne serait pas étonnant qu'il s'éteigne rapidement (on aurait alors une morphologie similaire aux premiers jours de l'éruption du 24 août 2015). L'évent supérieur est caractérisé par une puissance moindre mais il est plus surprenant et projette des bombes parfois assez loin...

    Spatter-cône : il doit mesurer près de 70-80 mètres à la base, pour une trentaine en largeur. Il atteint entre 10 et 15 mètres de haut selon l'endroit. Hier soir, il était encore égueulé vers le nord, mais pour combien de temps ? En effet, le chenal drainant la lave vers le Piton de Partage, montrait une tendance au rapprochement de ses levées. Un tunnel pourrait donc se fermer rapidement, ce qui permettrait à l'activité explosive de fermer le spatter.

    Activité effusive : les grattons ont laissés place à la pahoehoe, ce qui offre un spectacle magnifique, notamment lors des débordements du chenal. Celui-ci a entre 10 et 15 mètres de largeur dans les premiers deux cents mètres. On a constaté des fortes variations de son niveau, assez subites (1-2 mètres en une minute), indiquant probablement que le débit éruptif est loin d'être stable. Le débit est assez important (estimation de 5 m3/s mais très peu précis).

    Pour un retour sur l'activité fissurale de la première journée : https://www.youtube.com/watch?v=IeFEkxkQtVk

    Bonne journée,

    Ludovic Leduc

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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