Voilà déjà un moment que je n'ai rien rédigé sur ce volcan, dont l'activité éruptive s'est poursuivie au ralenti depuis mon précédent post le concernant, rédigé en avril dernier. Nous l'avions laissé alors qu'un petit dôme surbaissé (aplati) occupait le cratère, dôme qui
connaissait une croissance lente à ce moment-là. Des étudiants en volcanologie on pu observer le sommet de l'édifice lors d'un survol le 30 avril dernier: le dôme paraissait alors ne pas avoir particulièrement changé. Sa surface était couverte de cendres, lui donnant un aspect toujours plus lisse: il semble qu'alors sa croissance était à l'arrêt.
Lors d'un autre survol réalisé fin juillet, ces même étudiants ont pu observer à nouveau l'intérieur du cratère. Ils semblent avoir constaté que le dôme avait un peu grandit mais, en voyant l'une des images réalisées ce jour-là, j'avoue ne pas être tout à fait convaincu qu'il y ait eu un changement significatif depuis le mois d'avril.
Mais tout cela ne concerne que le dôme, sur lequel je reviendrait un peu après. Au cours de la même période, une activité explosive s'est maintenue. Plutôt modeste, avec une fréquence et une intensité faibles, elle reste sur le moyen terme plutôt stable d'après les images produites par la webcam installée à Carrizalillos (flanc sud). Ces derniers temps toutefois on a pu observer à plusieurs reprises la formation de petits écoulement pyroclastiques sur le versant sud, liés à des explosions pourtant toujours d'une intensité modérée. N'ayant rien remarqué de particulier en scrutant ces images, je suppose qu'il s'agit de petites "nuées débordantes", qui se forment au niveau du point de sortie du panache, lorsque la charge en cendres est élevée.
Ce type de situation reste toutefois très rare pour le moment mais elle pourrait être en relation avec une autre nouveauté: la mise en place d'un nouveau dôme de lave qui, si j'en croit les images, a une croissance plutôt rapide. Encore discret pour l'heure, il est toutefois suffisamment grand pour dépasser la lèvre sud du cratère, échancrée. Et le matin on peut parfois le voir, avec sa surface incandescente.
Si il n'était pas visible le 25, qu'il l'était déjà bien le 27 au matin, on peut supposer alors que ce dôme a une croissance plutôt rapide. Les personnes qui s'occupent de la webcam installée à Carrizalillos l'ont passée en mode nocturne: le sommet est maintenant illuminé par les infrarouges produits par le dôme. Par ailleurs il n'est pas impossible qu'il commence à s'approcher de al lèvre sud car j'ai pu repérer au moins un dépôt à haute température: soit il s'agit d'une avalanche de blocs issue du dôme, soit c'est le dépôt d'un petit écoulement pyroclastique similaire à celui décrit plus haut. L'affaire est à suivre avec minutie car si c'est en lien avec le dôme, c'est qu'il est déjà suffisamment gros pour déborder du cratère. Or une croissance rapide sur une pente instable augure une activité soutenue.
connaissait une croissance lente à ce moment-là. Des étudiants en volcanologie on pu observer le sommet de l'édifice lors d'un survol le 30 avril dernier: le dôme paraissait alors ne pas avoir particulièrement changé. Sa surface était couverte de cendres, lui donnant un aspect toujours plus lisse: il semble qu'alors sa croissance était à l'arrêt.
Le dôme au fond du cratère sommital du Colima, le 30 avril. Image: auteur inconnu, via l'Université de Colima |
Lors d'un autre survol réalisé fin juillet, ces même étudiants ont pu observer à nouveau l'intérieur du cratère. Ils semblent avoir constaté que le dôme avait un peu grandit mais, en voyant l'une des images réalisées ce jour-là, j'avoue ne pas être tout à fait convaincu qu'il y ait eu un changement significatif depuis le mois d'avril.
L'intérieur du cratère le 25 juillet. Image: auteur inconnu, via l'Université de Colima |
Mais tout cela ne concerne que le dôme, sur lequel je reviendrait un peu après. Au cours de la même période, une activité explosive s'est maintenue. Plutôt modeste, avec une fréquence et une intensité faibles, elle reste sur le moyen terme plutôt stable d'après les images produites par la webcam installée à Carrizalillos (flanc sud). Ces derniers temps toutefois on a pu observer à plusieurs reprises la formation de petits écoulement pyroclastiques sur le versant sud, liés à des explosions pourtant toujours d'une intensité modérée. N'ayant rien remarqué de particulier en scrutant ces images, je suppose qu'il s'agit de petites "nuées débordantes", qui se forment au niveau du point de sortie du panache, lorsque la charge en cendres est élevée.
Un petit écoulement pyroclastique sur le versant sud, en lien avec une explosion vulcanienne modérée, le 25 septembre. Image: webcansdemexico.com/Retuit |
Ce type de situation reste toutefois très rare pour le moment mais elle pourrait être en relation avec une autre nouveauté: la mise en place d'un nouveau dôme de lave qui, si j'en croit les images, a une croissance plutôt rapide. Encore discret pour l'heure, il est toutefois suffisamment grand pour dépasser la lèvre sud du cratère, échancrée. Et le matin on peut parfois le voir, avec sa surface incandescente.
Si il n'était pas visible le 25, qu'il l'était déjà bien le 27 au matin, on peut supposer alors que ce dôme a une croissance plutôt rapide. Les personnes qui s'occupent de la webcam installée à Carrizalillos l'ont passée en mode nocturne: le sommet est maintenant illuminé par les infrarouges produits par le dôme. Par ailleurs il n'est pas impossible qu'il commence à s'approcher de al lèvre sud car j'ai pu repérer au moins un dépôt à haute température: soit il s'agit d'une avalanche de blocs issue du dôme, soit c'est le dépôt d'un petit écoulement pyroclastique similaire à celui décrit plus haut. L'affaire est à suivre avec minutie car si c'est en lien avec le dôme, c'est qu'il est déjà suffisamment gros pour déborder du cratère. Or une croissance rapide sur une pente instable augure une activité soutenue.
Si la situation évolue encore, je ne manquerai pas de vous tenir informé, via des mises à jour sur le blog, ou via twitter (@CultureVolcan).
Mise à jour, 19h22
Chose promise, chose due. Au cours des quelques heures passées depuis la publication du post ci-dessus, la webcam installée sur le flanc sud a permis de repérer deux points essentiels.
Le premier: le dôme est vraiment en croissance rapide, c'est incroyable. Il semble déjà avoir rempli le cratère, même si pour l'heure son sommet ne semble pas avoir atteint le niveau des lèvres du cratère dans lequel il grandit. Il suffit de comparer les images prisent ces 5 derniers jours pour s'en rendre compte: le dôme était encore invisible le 24 (sa croissance n'avait probablement pas encore débuté), il était déjà parfaitement visible le 27, et a encore grandit jusqu'à aujourd'hui, et je vous ais préparé un petit montage pour visualiser cette évolution.
Croissance rapide du dôme de lave: en moins d'une semaine, le cratère sommital est presque plein. Images: webcansdemexico.com/Retuit |
Avalanches de blocs sur le versant sud. Images: webcansdemexico.com/Retuit; gif: Culture Volcan |
La morphologie aplatie du dôme plaide pour une viscosité modérée du magma responsable de sa croissance. Dans ce cas, il est tout à fait vraisemblable qu'une fois engagé dans l'échancrure,le dôme ne s'étire dans la pente: il deviendrait alors un dôme-coulée, et les avalanches pourraient aussi être entrecoupées d'écoulements pyroclastiques. Une situation qui n'est pas sans rappeler pour le moment celle qui avait lieu en juin 2015, mais en plus rapide. En juillet la crise avait débouché sur une phase très intense d'écoulements pyroclastiques, très spectaculaire. Je ne saurais dire si ça sera le cas ou pas ici, mais la possibilité existe.
Pour finir, les images webcam c'est bien, les photos c'est mieux! L'une a été prise cette nuit: on voit bien le dôme et les projections produites à sa surface.
Le dôme surbaissé et des projections dues à des explosions à sa surface. Image: Hernando Rivera |
Mise à jour 30 septembre, 06h55
Et la situation évolue rapidement puisque dès la nuit du 29 au 30 septembre la webcam montre que le dôme a effectivement commencé à fluer dans la pente, formant un lobe. On peut dès lors parler de "dôme-coulée".
La forte pente rend instable ce lobe qui s'effrite abondamment dans la pente, créant de fréquentes avalanches de blocs.
Le dôme commence à fluer danas la pente et forme un lobe de lave. Image: webcansdemexico.com/Retuit |
Si le lobe devient vraiment important et s'étire en une longue langue, je pense que l'on pourra parler de coulée de lave visqueuse. Cette transition, déjà observée de nombreuse fois sur le Colima, s'était aussi produite en 2014 sur le Sinabung: c'est un phénomène relativement peu fréquent, mais pas rare.
Bjour C.V.
RépondreSupprimerÇa me fait penser au fuego. Une langue de lave et des chutes de blocs.( en moins fort pour le moment.)
Bonjours. Disons que la situation est différente, mais que le phénomène de la coulée qui s’effrite dans la pente est effectivement similaire. C'est assez classique (Klyuchevskoy, Sinabung en 2014, Semeru) et logique d'ailleurs :)
SupprimerCV