18 juillet 2016

Un point sur la situation des volcans Sangay, Nevados de Chillàn, Copahue, Fuego, Klyuchevskoy et Chaîne des Puys

Sangay, Equateur, 5286 m

L'activité sur le volcan semble se poursuivre, bien qu'il n'y ait que très peu d'informations précises en ce qui la concerne. Divers types de sources, satellites ou observations directes, indiquent toutefois qu'au minimum il s'agit d'une activité explosive relativement peu intense.
Les données satellites tout d'abord permettent de constater facilement qu'un signal thermique, pas très intense, certes, mais continu* rayonne toujours depuis la zone sommitale. Il semble toutefois que depuis le mois de juin, la puissance des signaux thermiques est un peu plus faible: la coulée de lave repérée en avril aurait-elle cessé d'être alimentée?

Les signaux thermiques produits par l'éruption du volcan Sangay. Image: MIROVA

Si l'effusion pourrait ne plus être présente (ce qui reste à confirmer, en réalité) tout indique par contre que les explosions, elles, sont toujours là. LANDSAT 8 tout d'abord, grâce à une image réalisée à partir des données récoltées le 08 juillet, montre les dépôts de cendres issues de ces explosions, qui ont salie la couverture de neige et glace qui occupe, en permanance, ce volcan.

La neige salie par les cendres de l'activité explosive. Image: LANDSAT 8/USGS

Plus récemment, ce sont les données produites par le satellite  MODIS qui ont permis de repérer, le 16 juillet, une petite émission de cendres, emportées vers l'ouest. Sur l'image ci-dessous on voit que le Sangay est entouré d'un carré rouge: c'est le symbole utilisé pour un signal thermique, associé à l'émission de cendres.**

Petite émission de cendres repérée le 16 juillet. Image: MODIS, via la NOAA/CIMSS
Enfin, parce que les données satellite c'est bien mais que les photos, c'est mieux, une image de ce volcan, surmonté d'un petit panache de cendres, a été faite depuis le Chimborazo (autre volcan Equatorien), début juillet, peut-être le 06.

Le Sangay dépasse des nuages, et est surmonté par ce qui ressemble à un petit panache de cendres. Image: Lluis Matew

* je soupçonne les "trous" d'être les moments où les nuages sont trop présents et bloquent le signal thermique. Le volcan est en effet aux portes de la forêt amazonienne, et le taux d'humidité est évidemment très élevé

** notez que le Reventador est aussi entouré d'un carré rouge: son activité éruptive n'a pas cessé depuis le dernier post que j'ai publié à son propos, en février. Son activité reste décrite comme importante par l'IGEPN. Le niveau d'alerte volcanique avait été élevé à l'orange fin mai suite à une hausse de l'intensité de l'éruption, qui produisait plus d'émissions de cendres et quelques écoulement pyroclastiques, longs de 1500m sur le flanc nord-est. 

Sources: MODIS; LANDSAT 8; MIROVA; Lluis Matew; NOAA/CIMSS

Nevados de Chillàn, Chili, 3212 m

Voilà un édifice sur lequel l'activité s'est vraiment calmée ces dernières semaines. Du moins en surface car la sismicité reste au-dessus de la normale avec de nombreuses secousses produites par la fracturation des roches et d'autres par la circulation de fluides. 2trnagement, ces fluides sont très peu émis vers la surface. Le dernier bulletin du SERNAGOMIN, publié le 04 juillet, indiquait en effet une émission de SO2 en dessous du seuil de détection. Toutefois ces fluides circulent toujours et, hier, une partie d'entre eux est parvenue à trouver la sortie si je puis dire. Après une nouvelle secousse de type LP (caractéristique des fluides en circulation) en milieu de journée, on a pu constater sur les image des webcam  l'apparition de petites émissions de cendres: la trace des fluides sous pression ejectés hors du volcan, qui entrainent avec eu quelques particules rocheuses.

Petite émission de cendres le 17 juillet, sur le Nevados de Chillan. Image: SERNAGEOMIN
Pour l'instant rien ne semble indiquer que l'activité puisse devenir plus importante, mais il faudra attendre le prochain rapport du SERNAGEOMIN pour en savoir plus.

Source: SERNAGEOMIN

Copahue, Chili, 2953 m

Que dire sur cette activité? Par rapport à ce que j'ai déjà décrit dans les posts précédents, pas grand chose en réalité car, finalement, l'activité semble plutôt rester stable. Shérine France à toutefois fait passer hier un lien vers une vidéo qui semble avoir été faite récemment (mais la date des prises de vue n'est pas précisée, mais c'est très probablement début juillet). Vidéo que je ne pouvait pas ne pas montrer car on y voit clairement la dynamique de l'activité du spatter-cone décrit il y a peu.




Belle activité: ça fait envie de grimper là-haut, par une belle nuit étoilée...

Source: Shérine France

Fuego, Guatemala, 3763 m

Pour le moment l'INSIVUMEH n'a pas publié de bulletin spécial mais il ne serait pas étonnant que cela se produise sous peu car les images de la webcam installée au sud-est du volcan*, montrent clairement que l'activité s'est accrue depuis hier. Les explosions sont maintenant plus rapprochées dans le temps, et aussi plus forte, provoquant parfois des retombées de blocs et bombes très soutenues sur les versants du stratocône. Pour l'instant il ne semble pas avoir de coulée de lave en formation, mais cela pourrait arriver rapidement, dans les heures ou jours qui viennent...à moins que l'activité ne diminue entre temps. Mais là il faut attendre et voir.

Très puissante explosion strombolienne au sommet du Fuego cette nuit. Les projections, bien visibles, s'élèvent ici à 5 ou 600 de mètres de hauteur (ordre de grandeur). image USAID/MichiganTech,INSIVUMEH


* celle du sud-ouest ne transmet plus depuis le 11 juillet.

L'affaire est à suivre donc.

Klyuchevskoy, Russie, 4754 m

De l'autre côté du Pacifique cette fois, cet imposant stratocône (formé en 7000 ans seulement) reste le siège d'une activité éruptive mixte (effusion et explosions) soutenue. Sur le fond, rien n'a vraiment changé par rapport au post précédent : lave continue de s'échapper essentiellement sous la forme de plusieurs coulées séparées dans la ravine Apakhonchic. Toutefois ces dernières 24 heures ont vu cette activité évoluer un peu. L'événement le plus important est la mise en place d'un nouvel écoulement pyroclastique, plutôt volumineux, dans la ravine Apakhonchic justement, en cours de matinée. Visuellement il se présente sous la forme d'un écoulement de couleur plutôt brune au départ qui, en progressant devient blanc.

La mise en place de l'écoulement pyroclastique. Images: IVS-FEB-RAS
L'écoulement pyroclastique parfaitement visible sur la webcam installée à l'est du volcan. Image: KB-GS-RAS


En le voyant la première chose qui m'est venu à l'idée c'est que le cône en construction au niveau du point de sortie des coulées s'était peut-être effondré. Mais l'écoulement semble démarrer relativement bas dans la ravine et a été précédé de peu par quelques avalanches de blocs qui ont soulevé un peu de poussière. Il est donc plus probable qu'il soit le résultat de l’effondrement d'un bout de coulée de lave, plutôt que du nouveau petit cône.

Ce qui est étrange, et qui pourrait mériter des précisions, c'est que cet effondrement est synchrone avec la mise en place, au sommet, d'une forte émission de cendres, continue et soutenue pendant environ 2 heures. On la voit nettement sur le gif animé ci-dessus. Il n'y avait plus eu, à ma connaissance, d’émissions de cendres de cette importance depuis le début du mois (mais c'est difficile d'être sur car le volcan est resté dans les nuages plusieurs jours). Il faut aussi préciser qu'une activité strombolienne semble avoir fait son retour au sommet le 17 en cours de journée (absente dans la nuit du 16 au 17, mais présente dans la nuit du 17 au 18).

Cette éruption ne connait donc pas, pour le moment, de baisse significative de son intensité. Des événements de ce type, soudain et pour ainsi dire imprévisible, sont susceptibles de générer suffisamment de cendres pour gêner le trafic aérien: le KVERT maintient le niveau d'alerte aviation à l'orange, en toute logique.

Sources: IVS-FEB-RAS; KB-GS-RAS; KVERT


Chaîne des Puys, France, 1465 m

C'était hier qu'était examiné, à Istanbul et pour la seconde fois, le dossier de candidature visant à faire classer l'ensemble Chaîne des Puys-Faille de Limagne au patrimoine mondial de l'Humanité. Et pour la seconde fois, la décision finale concernant ce dossier a été renvoyé à une prochaine cession, celle qui se tiendra en Pologne en 2017. En effet la tentative de coup d'état qui eu lieu cette semaine a, bien entendu, perturbé le déroulement des sessions et chamboulé le planning prévu pour l'étude des différents dossiers présentés.
Certes le président du Conseil Général, initiateur de ce projet, semble satisfait de ce résultat, car il semble que la valeur scientifique du site ait été plus reconnue par les examinateurs, suite aux deux années de travail qui ont suivi le renvoi de 2014. Toutefois, si le dossier n'est pas clairement rejeté, il avait reçu dès début juillet un avis défavorable de classement par l'UICN, ce qui avait déjà été le cas en 2014, avant la première présentation du dossier. Elle estime, encore une fois, que ce bien et sa gestion ne répondent pas à tous les critères nécessaires au classement au Patrimoine Mondiale, mais peuvent tout à fait correspondre à un classement comme Géopark du site.

Pas de classement donc pour cette année, et il faudra attendre encore au moins un an avant de connaitre le dénouement de cette aventure, commencée en 2007. Encore quelques mois de stress pour les équipes qui sont sur ce dossier, à n'en pas douter. En tout cas, que la Chaîne soit ou non classée au Patrimoine Mondial, elle reste, en ce qui me concerne, un endroit magnifique et encore plein de mystères, en particulier du côté du volcanisme.


Les cônes, dômes et maars de la Chaîne des Puys seront-ils un jour classés au Patrimoine Mondiale de l'Humanité?

Sources: UNESCO; Puy-de-dome.fr

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