16 mai 2016

Dallol et la vie aux extrêmes

Dallol est un site exceptionnel, d'une beauté réellement époustouflante. Il est même difficile en réalité de vraiment s'en rendre compte au travers des images qui circulent car c'est seulement une fois sur place que les sens nous donnent accès à toutes les dimensions de ce paysage unique sur Terre. Ce que l'on peut appeler un environnement extrême puisqu'il est parmi les plus arides de la planète, parmi les plus chauds, parmi les plus salés et parmi les plus acides, en tout cas dans les résurgences à hautes températures aux couleurs chatoyantes qui en ont fait la renommée au cours de ces 15 dernières années.

Il s'agit là des conditions que l'on a tendance à considérer comme impropres à la vie elle-même, et pourtant, des êtres vivants s'y développent. C'est l'un des résultats déjà obtenus par une équipe internationale et pluridisciplinaire regroupant microbiologistes, écologues microbiens et géologues qui ont fait le déplacement dans le cadre d'une mission, en janvier de cette année.

Leur travail a été suivi par une équipe de tournage pilotée par le photographe Olivier Grunewald, qui est totalement sous le charme du site depuis une quinzaine d'années maintenant.
Mais outre le fait qu'Olivier à publié dans le Figaro un article sur cette expédition scientifique, cette mission est surtout le support et le fil conducteur d'un autre outils en cours de développement: un documentaire de 52 minutes dont la finalité est double.

Tout d'abord montrer le travail de cette équipe pluridisciplinaire, dont le but est d'étudier les extrémophiles, terme employé pour décrire les organismes qui se développent uniquement dans des conditions environnementales inadaptées au développement de la majeure parties des êtres vivants actuels.

Ensuite ce documentaire se veux être un outils de sensibilisation et de valorisation de Dallol. Pour montrer non seulement qu'il s'agit d'un endroit unique d'un point de vue géologique et paysager, mais aussi d'environnement favorable à la vie alors que tout semble dire qu'elle ne peut s'y développer et s'y maintenir. Il peut être vu comme un exemple des conditions qui régnaient sur Terre lorsque la vie a commencé à s'y développer et à former les premiers écosystèmes, il y a un peu moins de 4 milliards d'années (3.5-3.8 Ga environ).
Des questions sans fin se posent encore sur cette époque du vivant. En terme de biologie cellulaire, quelles ont pu être les mécanismes biochimiques qui ont rendu possible le développement et le maintient du vivant dans de telles conditions? Et lorsque plusieurs types d’organismes ont commencé à cohabiter, quelles ont pu être leurs relations?



Dallol est un environnement très spécifique, vraiment sans équivalent sur notre planète actuellement, un des très rares endroits où ces questions peuvent trouver des éléments de réponses.

Mais pourquoi le promouvoir? Pourquoi sensibiliser? Parce que depuis une petite décennie maintenant des industries s'installent dans la plaine Danakil afin d'extraire la potasse, un sel abondant dans le secteur et très utilisé dans le monde (engrais par exemple). Or cette potasse se présente sous la forme d'une saumure sursaturée, souterraine, extraite par des pompages importants. Et ces derniers sont susceptibles de perturber la circulation d'eau qui alimente le système hydrothermal dont Dallol est la conséquence.

Mais une protection ne peut venir que des autorités Éthiopiennes qui, pour le moment, ne connaissent pas encore bien cette zone isolée, aux frontières avec l'Erythrée voisine. Le documentaire en réalisation n'est donc pas destiné uniquement au public Français. L'idée de l'équipe est de pouvoir le montrer en Éthiopie en espérant que le pays pourrait enclencher une demande de classement du site au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

Pour que le documentaire en cours de réalisation devienne un véritable outils de valorisation et de sensibilisation, il faut lui donner une dimension plus importante: le montage doit être peaufiné dans les moindres détails, la diffusion doit être autre que Francophone, ce qui implique une traduction en plusieurs langues, etc. Donc des moyens techniques de post production coûteux.

C'est pour atteindre ce niveau qu'un projet de financement participatif a été lancé sur la plate-forme Kiss Kiss Bank Bank, afin de compléter le budget déjà rassemblé. En participant financièrement à l'élaboration de ce documentaire vous pouvez devenir un partenaire de la préservation du site de Dallol.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet et participer, vous trouverez tout sur la plate-forme de KissKissBankBank:


Et surtout n'hésitez pas à partager ce lien tout autour de vous. Par avance merci! :-)

3 commentaires:

  1. Bonjour à tous!

    Ce site exceptionnel est visiblement extraordinaire non seulement d'un point de vue géologique et minéral, mais aussi, d'un point de vue biologique, pour observer les capacités d'adaptation de la vie à de telles conditions.

    Les organismes extrémophiles sont tout simplement fascinants. La vie, que nous croyons fragile par rapport à nos capacités de tolérance somme toute assez limitées (même si on sait s'outiller pour s'adapter ;), s'accroche absolument à ce qu'on lui donne...

    Regardez au fond des mers, les "fumeurs noirs", ces évents de fluide hydrothermal à haute température... Tout y est, pression très élevée, température passant de presque 0°c à 150°c en quelques centimètres, ions métalliques toxiques à haute concentration et absence totale d'oxygène et de lumière... et pourtant des bactéries y survivent, utilisant le soufre et le fer présents dans le fluide pour leurs processus métaboliques, et des crustacés s'en nourrissent.... Chapeau.

    Les organismes pluricellulaires, comme des plantes ou nous-memes, compte tenu des intéractions très délicates entre cellules et organes, sont inadaptables à ce type de conditions (exception faite des tardigrades, c'est solide ces petites bébètes, on peut les lyophiliser puis les remettre dans l'eau, les congeler, les irradier, et elles survivent !).

    D'un point de vue plus chimique (plus dans mes cordes ;) comme vous l'avez bien dit, la composition de Dallol correspondrait plutôt bien à la Terre des origines, où la synthèse abiotique des premières molécules organiques aurait pû se faire.

    Là aussi, presque tout y est... Il y a du soufre, du dioxyde de carbone et de l'eau, une source de chaleur et d'irradiation UV/photons, en présence d'ions de métaux de transition, ce sont des conditions idéales pour que des processus de synthèse organique se produisent, aboutissant à des molécules organiques simples, comme des thiols, des alcools et des acides carboxyliques simples... En poussant les conditions suffisamment longtemps il serait possible de former des hydrocarbures, des acides gras et des polyols apparentés aux sucres, des molécules que l'on retrouve partout dans le vivant actuel...

    Pour l'azote, c'est une autre histoire.... C'est un élément surabondant sous sa forme gazeuse, N2, mais le hic, c'est que cette molécule est TRES stable, les 2 atomes d'azote ne peuvent être séparés que par un processus très violent, comme la foudre ou les rayons cosmiques.

    Une fois séparés, ils se combinent avec l'oxygène pour former des nitrates, qui seront réduits en ammoniac en présence d'eau, de dioxyde de soufre, etc.. Ajoutez cette seconde mixture à la soupe du haut, et on peut commencer à parler acides aminés et polypeptides.

    Et là.... les choses sérieuses commencent!

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  2. Popularisé en 2005 par Nicolas Hulot dans un épisode d’Ushuaïa nommé Le Pays des Origines.....

    Ne rêvez pas le site ne sera pas protégé la Chine a "acheté" l'Ethiopie c'est la Chine qui exploite les mines et qui construisent les routes.. Un classement à l'Unesco n'entrainera pas la fermeture des mines..

    D'ailleurs la tradition des caravanes de sel est en grand danger

    De plus la place grandissante de la chine de la région inquiète américains et européens mais c'est un autre sujet.

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  3. Dallol est même passé au journal de 20h de France2...

    http://www.francetvinfo.fr/sciences/decouverte-de-la-vie-a-dallol_1456529.html

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