3 janvier 2016

Activité strombolienne en hausse sur le volcan Fuego (mis à jour 05 janvier, 12h50)

Et voilà qu'a débuté le premier pic d'intensité de l'activité strombolienne du Fuego (Guatemala) de l'année 2016. Il poursuit simplement, et sans surprise, le fonctionnement cyclique dont je vous ais parlé l'an dernier.

L'INSIVUMEH a commencé dès le 01 janvier à faire savoir que l'activité éruptive montrait les premiers signes de changement avec la mise en place, dans trois ravines distinctes (Las Lajas, Santa Teresa et Cenizas) de courtes coulées de lave faiblement alimentées. Déjà à ce moment-là l'activité
strombolienne, au sommet, était un peu plus forte que la normale, un changement qui semble avoir débuté dès le 31 décembre en cours de journée. En effet, dans la nuit du 30 au 31, on pouvait observer encore des moments assez longs pendant lesquels il n'y avait pas d'activité strombolienne, alors que dès le début de nuit du 31 au 01er l'activité explosive était devenue bien plus fréquente. Les explosions n'étaient toutefois pas franchement plus intenses.

Depuis lors l'activité a continuer de s'intensifier progressivement. Dans la matinée du 02 janvier, une seule des trois coulées était encore présente, longue de 700m, dans la ravine Las Lajas. Mais la situation n'a pas stagné: le soir même une seconde coulée était apparue dans la ravine Trinidad, et toutes deux sont longues maintenant de 1500 m.
L'activité effusive se met donc en place, tandis que l'activité explosive (strombolienne) a gagné en intensité. Une signe particulièrement parlant de cette hausse est que l'on a pu voir ce matin, alors que la webcam était passée en mode "jour" (détection des couleurs) les  reflets de l'incandescence des explosions dans les nuages.


Fontaine et coulée de lave. Image: USAID/Michigan Tech/INSIVUMEH

Reflets d'incandescence des fontaines de lave.Fontaine et coulée de lave. Image: USAID/Michigan Tech/INSIVUMEH




Dans le time-lapse ci-dessus, qui montre cette activité, il faut être prudent quand à ce que l'on voit. Si l'on se fie tel quel aux images on a l'impression que l'intensité de l'activité varie beaucoup: le sommet est faiblement lumineux puis brusquement l'intensité lumineuse devient très forte, puis baisse, puis ré-augmente etc. Il s'agit avant tout du résultat de la diffusion du rayonnement émis par les nuages. Si vous faites attention, l'intensité augmente à chaque fois que des nuages passent sur le sommet. En réalité l'activité ne monte en intensité que progressivement: l'intensité du rayonnement fait donc de même et varie beaucoup moins que ce que laissent supposer les images de la webcam.

Pour le moment rien de particulier ne s'est produit au cours de ce pic mais la crainte d'écoulements pyroclastiques reste forte. 

Mise à jour, 04 janvier

L'activité explosive reste très intense, et est même devenue continue, formant des fontaines de lave dont les projections peuvent atteindre, d'après l'INSIVUMEH, jusqu'à 600 m de hauteur. Les trois coulées restent bien alimentées et mesurent maintenant 1500m (ravine Santa Teresa), 2000m (ravine Trinidad) et 2500 m (ravine Las Lajas).


Le grondement de l'activité se fait connaitre jusqu'à 30 km de distance, ainsi que les vibrations des vitres. Les habitants de la petite ville d4antigua ont même ressentie quelques vibrations du sol en lien avec cette activité. Des chutes de cendres ont touché les zones les plus proches: Panimaché, La Morelia pour ne citer qu'elles.
Bref: c'est une phase éruptive très intense et les craintes que des écoulements pyroclastiques ne démarrent restent vives, bien entendu.
Le risque lié à l"aléa "écoulement pyroclastique est d'autant plus présent que l'événement de fin décembre nous a montré que  l'accumulation rapide et instable de matériaux pendant les pics d'activité pouvait générer ce type de phénomènes, mais entre les dits pics.


Mise à jour 04 janvier, 15h16

Un écoulement pyroclastique s'est produit à partir d'une des coulées du versant sud-est, peut-être celle occupant la ravine Las Lajas. L’événement a eu lieu en toute fin de nuit, alors que les lueurs de l'aurore pointaient à peine le bout de leur nez, vers 04h45 du matin (heure locale). L'image ci-dessous a été prise depuis la zone d'Antigua Guatemala, au nord-est du volcan. Elle permet d'estimer la longueur de l'écoulement à au moins 5 km, probablement un peu plus, car il atteint la base de l'édifice.

Fontaine et coulée de lave à droite, et l'écoulement pyroclastique qui descend vers la gauche. Image: Cadejo Pardo, via twitter
Le vent ayant poussé les cendres de l'écoulement en direction du sud-ouest, la webcam n'a pu en percevoir avec netteté que l'imposante masse cendreuse couvrant le ciel au-dessu de Panimaché.

Le panache copyroclastique, issu de la progression de l'écoulement, se déplace au-dessus de la zone de la webcam. Image: USAID/Michigan Tech/INSIVUMEH

Pour l'heure les cendres se sont dispersées et il n'y a pas eu d'autre écoulement de ce type, mais tant que les coulées seront alimentées, le potentiel reste fort.

Mise à jour 05 janvier, 12h50

Le pic d'activité a cessé hier, d'après l'INSIUMEH, après 37 heures. Pour l'heure au moins une coulée reste alimentée sur le flanc sud-est, mais l'activité strombolienne est redevenu plus classique.

Sources : INSIVUMEH; USAID; Michigan Tech; Graig Waite, merci à Sherine France; Cadejo Pardo, via twitter

1 commentaire:

  1. C'est reparti pour un tour..... On reste dans le spectacle pyro-basaltique ;) Malheureusement, là c'est pas comme à l'Etna, il y a des gens qui vivent trop, beaucoup trop près, et si des effondrements de fronts de coulées se produisent, ça pourrait mal finir pour les villages alentours...

    Pendant ce temps, en parlant de notre ami Sicilien, il a l'air d'avoir quelques gargouillements dans les entrailles en ce moment...

    http://www.ct.ingv.it/it/tremore-vulcanico.html

    Peut-être bien qu'il a fini sa nuit!!

    RépondreSupprimer