Un point sur l'activité des volcans Barren Island et Kilauea

Barren Island, Inde, 354 m

Il est toujours aussi difficile de suivre l'activité des volcans isolés et de facto de savoir ce qu'il s'y passe concrètement. C'est le cas de Barren Island qui, depuis début décembre, semble manifester à nouveau les signes d'un regain (ou d'un retour?) d'activité. Les signes sont classiques: activité thermique sur l'île et présence de panaches sur les images satellites.

En novembre dernier j'avais fait un point sur ce que l'on pouvait apercevoir depuis l'espace et déjà depuis au moins octobre les données thermiques s'étaient faites plus fréquentes. La situation en cours pourrait donc n'être que la suite du même épisode et non un épisode nouveau. Le MIROVA par exemple, a détecté de manière irrégulière mais assez fréquente des signaux thermiques. L'irrégularité, vue la faiblesse de l'activité, pourrait être d'abords la conséquence du passage des nuages, très fréquents dans la zone. Il ne peut donc pas être exclu qu'une activité éruptive faible, strombolienne (classique dans l'histoire du volcan) soit en cours de manière permanente depuis au moins octobre, et peut-être même depuis août, mais n'ai pu être détectée depuis l'espace qu'aux moments où le ciel était dégagé, expliquant ainsi le côté irrégulier de la détection.

Quoi qu'il en soit le volcan continue de produire des cendres, visiblement par à coups, ce qui  est cohérent avec des explosions séparées, dynamisme tout à fait compatible avec une activité strombolienne.

Activité thermique sur Barren Island au cours de l'année 2015. Image: MIROVA

Le volcan Barren Island et ses émissions de cendres. Image: LANDSAT 8/USGS

Sources: MIROVA; LANDSAT 8/USGS


Kilauea, Etats-Unis, 1222m

L'activité se poursuit sans changements particuliers. L'éruption se déroule toujours simultanément sur deux sites: le sommet et la Rift-Zone nord-est.

Sommet

Le lac de lave est toujours présent dans le pit crater du Halemaumau. Son niveau varie toujours en fonction des cycles de gonflement/dégonflement (inflation/déflation) eux-même liés aux variations de l'apport de magma depuis la source.

L'activité du lac de lave, brassé par les remontées de gaz et la circulation convective due aux différences de température exerce, sur les parois du Pit Crater dans lequel il est installé, des forces qui les fragilisent progressivement. Aussi, de temps à autres, se produit-il un phénomène tout à fait normal dans l'évolution d'un lac de lave: l'émiettement de ladite paroi, qui participe à l'élargissement du lac. De tels effondrements ne sont pas extrêmement fréquents et leurs volumes peuvent varier. Celui qui a eu lieu cette nuit peut être considéré comme modeste.

Effondrement d'un bout de la paroi du Pit Crater dans le lac de lave du Halema'uma'u (sommet du Kilauea). Images: HVO/USGS

Rift-Zone Nord-Est

C'est toujours au niveau du Pu'u O'o que le magma parvient à s'échapper. Il continue d'alimenter, via des tunnels parfois percés de skylights, le champs de lave dit "du 27 juin", celui qui avait menacé l'an dernier la petite ville de Pahoa. Le 25 novembre dernier une partie du flux de lave avait dévié sa course suite à ce que l'on appelle un "breakout", une sorte de rupture de canalisation. Sous l'effet d'une pression interne trop importante, vraisemblablement due à une afflux de magma un peu trop grand, un tunnel s'est rompu au pied du versant nord-est du Pu'u O'o, libérant son contenu à la surface sous forme d'une grosse coulée très bien alimentée. Le lendemain la société Paradise Helicopters capturait cette impressionnante séquence.

Suite à ça, et en raison de la fluctuation du débit des coulées, cette zone de coulée s'est à nouveau enfermée dans des tunnels et la lave qui y circule sort actuellement divers endroits u champ de lave "du 27 juin". Les points les plus éloignés où la lave est émise se trouvent à environ 6 km du point de sortie et certains fronts de coulées continuent de brûler des arbres de la forêt de Kahaualea, au nordu Pu'u O'o.

Un autre petite nouveauté s'est faite jour au début du mois de décembre avec l’apparition, toujours sur le flanc nord-est du Pu'u O'o mais pas très loin de la lèvre du cratère cette fois, d'un évent. Les volcanologues de l'HVO ont pu remarquer qu'il s'est installé sur le site d'un tunnel de lave apparu en 2014. Or les observations qu'ils ont réalisé indiquent que la lave ne circulent pas mais stagne. Par ailleurs sa surface est brassé par des bulles de gaz. Bref: tout indique ici qu'il s'agit d'un petit lac de lave enfermé dans un cavité dont le toit est à peine percé (un skylight mais au-dessus d'un lac quoi).

Là encore la société Paradise Heliopters pu aller observer l'évent, le confondant malheureusement avec un tunnel de lave. Sur la séquence ci-dessous, tournée le 17 décembre, l'évent apparait à partir d'1'15 de film: on voit nettement à l'intérieur le brassage d'écrit par les volcanologues du HVO.

Sur la photo ci-dessous, prise au sol par le HVO le 17 décembre, on voit une série de dépôts jaune (soufre): les volcanologues supposent qu'ils marquent les limites de la cavité. Si l'activité s'y maintient, il est possible que le toit s'effondre progressivement jusqu’à ce que le lac apparaissent pleinement.

Les évents sont entourés de dépôts de soufre qui signent les zones d'échappement de gaz magmatique depuis la cavité souterraine emplie de lave. Image: HVO/USGS

Sources: HVO/USGS; Paradise Helicopters